Sablier n° 7.1
Tristan Bourhis
04/05/2020
L’eau était sombre et peu profonde. Les étoiles étaient tombées et flottaient à la surface, je les prenais mais elles fondaient dans ma paume. Peu à peu, la luminosité diminuait et le niveau d’eau montait. Moins d’étoiles, plus d’eau ; je m’enfonçais dans le sol. Des lotus violets fleurissaient quand quelqu’un mourait. Je devais récupérer le coquillage avant de finir moi-même en engrais.
C’était dans mon ancienne chambre que je partageais avec mon frère, dans l’ancien appartement de mes parents. Comme toutes les nuits, mon frère avait laissé la fenêtre et les volets ouverts. L’orage grondait. Dans le lit superposé, je me penchais vers le bas pour le réveiller. Je criais tout bas son nom. Il ne se réveillait pas. On rirait dehors. Je descendais l’échelle du lit, je voulais quitter la chambre mais je courais à reculons. Je fus emporté à travers la fenêtre.
Alors je m’étais enfin réveillé, ma famille s’était réunie en bas. Je sortais de mon lit puis de ma chambre. Je descendais les escaliers mais les marches ne grinçaient pas. Mes parents riaient, mes sœurs et mon frère parlaient fort. Je les contournais, je leur parlais. Ils ne m’entendaient pas. Je n’existais pas.
Allongé sur le côté, mes mains sous mon visage. Une silhouette était penchée au-dessus de moi. Corps et mâchoire immobiles. Je hurlais des cris étouffés. J’avais conscience d’être dans un rêve, dans un cauchemar que je n’arrivais pas à quitter.
Je me suis réveillé dans la même position que j’avais dans mon cauchemar.
De sombres rêves et des cauchemars ont hanté mes nuits. Alors chaque fois que je me couche, je me répète trois fois « je ne ferai pas de cauchemars, je ne ferai pas de cauchemars, je ne ferai pas de cauchemars. » Mon rituel, ma conjuration.