1984 : L’Amant. L’émission « Apostrophes » pendant laquelle Marguerite Duras raconte le texte en répondant à des questions autobiographiques. Le signifiant sombre dans le réel, sublime ou pas. L’autofiction se développe. Les affaires aussi, voire les procès : le scandale littéraire ne concerne plus ni les mœurs ni la politique, mais la vie privée des proches de l’auteur, les clefs. La littérature pourrait-elle être trop vraie ? L’expulsion du signifié, but avoué de la modernité, aurait-elle paradoxalement favorisé, entre exercice spirituel et provocation, témoignage et voyeurisme, ce séjour direct dans le référent ? Ou faut-il se pencher, pour comprendre ce mouvement, sur des causes extra-littéraires : industrie de masse, biopolitique, etc ?
Ce qui est sûr, c’est qu’une nouvelle police semble surveiller la littérature, une nouvelle sacralité la défendre. Elles introduisent du trouble dans ce qu’on appelle le public, qui s’agrège de la sorte, émotionnellement, à un ensemble de quelques personnes privées et devient une sorte de masse aristocratique partageant, par la révélation, des noms propres et des corps.
Nous aimerions que les contributions, même lorsqu’elles porteront sur des périodes plus anciennes (peut-être même surtout quand elles nous éloigneront de notre histoire récente et de ses histoires), apportent des éléments d’analyse susceptibles de nous aider à sortir de cette tendance à la référentialisation étroite, peut-être mystique, peut-être triviale, de la littérature (que ce soit dans l’écriture ou dans la lecture) au détriment de la constitution d’un public littéraire.
Premier texte : Hélène Merlin-Kajman, « Le phénomène Guibert : une perversion de la modernité ? ». Comme il s'agit d'une réédition, vous le trouverez sous la rubrique « Hospitalités ».
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