Sablier n° 1.11.
Gabriel Gardet
04/04/2020
Depuis le début du confinement, je n’ai plus mal aux yeux. Il s’agit d’une remarque simple, mais je me rends compte que cela impacte profondément ma façon de voir le monde qui m’entoure. À force de passer trop de temps sur mon ordinateur, je devais baisser les yeux quand un professeur se mettait dos à la fenêtre. Je mettais même des lunettes de soleil dans mon sac pour ne pas être aveuglé quand je marchais dans la rue.
J’ignore s’il s’agit seulement d’une impression, mais j’ai ce sentiment de passer moins de temps devant un écran depuis le 16 mars. La lumière bleue a été remplacée par la lumière dorée du soleil. Installé près de ma fenêtre, j'ai lu Tous les matins du monde de Pascal Quignard. Et une fois de temps en temps, je levais les yeux vers les rares personnes qui passaient dans la rue. Des sportifs en jogging, des personnes avec des sacs de course. On pourrait presque croire qu’il n’y a pas 10 995 personnes touchées et 372 morts en France. Les voitures tournent toujours, même si elles sont bien moins nombreuses. Les chiens continuent d’aboyer depuis les jardins dans lesquels ils se trouvent. Mon chat ronronne toujours autant lorsqu’il est allongé au soleil. Seuls les avions ont cessé de voler. Je pourrais presque croire que tout va bien si je n’avais pas entendu que l’un de mes anciens professeurs était touché par le virus.
19 mars 2020