Exergue n° 51
« La traduction, particulièrement celle de poésie qui engage toutes les composantes du langage, est certes une pâque, où le poème d’une langue originale devra en quelque manière exister en tant que tel, ressusciter dans la fraîcheur d’une version nouvelle. Ce mortel “passage” que je viens de nommer produit une rupture d’équilibre inouïe, entraînant une dissolution des éléments propres (son, sens, rythme, image, couleur, mouvement...), rendant brutalement à la multiplicité des possibles un tout qui s’était cristallisé en poème unique.
Une telle traversée des apparences suppose le plus souvent le recours à une alchimie qui tienne compte précisément de la mystérieuse réversibilité de ces principes, et qui en rétablisse l’ordre, un ordre possible en tout cas, par un jeu d’équivalences où les compensations synesthésiques jouent un rôle décisif. »
Max de Carvalho, « L’île Brésil », préface à La poésie du Brésil. Anthologie du XVIe au XXe siècle, choix, présentation et traduction de Max de Carvalho, en collaboration avec Magali de Carvalho et Françoise Beaucamp, Chandeigne, 2012, p. 17.
Hélène Merlin-Kajman
20/10/2012
On ne sait pas bien ce qui passe, on ne sait pas ce que passer veut dire.
On ne sait pas même comment cela se passe.
Mais on écoute, se tait, s’efface, laisse passer.
L’exergue, ce n’est parfois rien d’autre que cette place pour un passage…