Exergue n° 34

 

« La fragilité, la délicatesse des fleurs sont de même nature que la brutale insensibilité des bagnards. Mon émoi, c’est l’oscillation des unes aux autres. »

Jean Genet, Journal du voleur.

 
 


Manon Worms

05/05/2012

Toujours dans les marges de mes cahiers et de mes notes de cours, j’ai aimé écrire des citations, des bribes, qui emmènent la feuille blanche ou noircie, dans mon monde, ma scénographie. Mon émoi, c’est l’oscillation, j’ai dû le marquer au stylo, au bic, au crayon de bois, dans d’innombrables marges, lignes, petits carreaux, grands carreaux, reliure à spirale, papier recyclé. Mon émoi, c’est l’oscillation de ces mots, la poésie propulsée (en) si peu de temps sur l’anonymat d’une liste de courses, d’un cours d’histoire. Mots en transit, rebondissant sur les parois de toutes les feuilles qui peuplent nos vies, comme un ballon de rugby surprend toujours par son ovalité – on ne sait pas où il atterrira, on le lance seulement, on doit le lancer, on l’attrapera peut-être, puis on le relancera. La littérature transite par ces trajectoires, oscille, légère comme cette phrase de Genet qui trace un trait entre les contraires. Travailler toutes ces transitions, les reconnaître, les commenter et les écrire semblerait presque aussi simple que la géométrie de ces deux phrases. Notre émoi, c’est l’oscillation des unes aux autres.

 

 

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