Exergue n° 58
« Le renversement parodique a ses lois. Et ses limites. Il ne saurait établir, par son propre jeu, la vérité – historique ou non. C'est en renchérissant sur la facticité et non en la niant, c'est dans un équilibre instable entre l'affirmation et la destruction de la forme qu'il peut conduire le spectateur à découvrir (ou à rechercher) une vérité.
Reste une question : "Mais enfin, pourquoi les théâtres du secteur public ont-ils choisi la parodie ?". Il faudra bien y répondre, un jour. »
Bernard Dort, « Les avatars de la parodie »,
dans Travail théâtral n° 8, été 1972, p. 125.
Dionys Del Planey
15/12/2012
- Quoi, tu es sûr, papy, 1972 ? Parce que je me posais la même question hier, je me la suis souvent posée en seulement trois ans, en sortant de l'Odéon par exemple, ou de Chaillot.
- Non, vraiment, un homme se posait la même question que toi, il y a quarante ans et des bricoles.
- Eh bien ! La transition tarde. Peut-être que le mieux, ce serait d'arrêter de la leur poser, cette question, qui chaque fois flatte leur ego et leur libido, et les conforte dans l'idée qu'ils ont frappé un grand coup parce qu'ils croient nous choquer.
- Oh, s'ils t'énervent autant, c'est bien qu'ils te choquent, non ?
- Non. Ils me blasent. J'ai même plus envie de la leur poser, cette question, ni d'écouter la réponse. C'est peut-être ça qui a changé en quarante ans. On n’a plus rien à leur dire. On occupera le terrain. Alors, ils se poseront des questions. En un sens, c'est peut-être ce à quoi nous invite ce mouvement dont je t'ai parlé, Transitions. Suspendre les questionnements, le temps d'investir les lieux. Créer un espace transitionnel. Ça passera forcément aussi par le théâtre ! Et ça arrive, ça arrive à grand pas, c'est déjà en train d'arriver.