Exergue n° 93

 

« C’est un édifice de transition. L’architecte achevait de dresser les premiers piliers de la nef, lorsque l’ogive qui arrivait de la croisade est venue se poser sur ces larges chapiteaux romans qui ne devaient porter que les pleins cintres. L’ogive, maîtresse dès lors, a construit le reste de l’église.

C’est la greffe de l’ogive sur le plein cintre.

Les plus grands produits de l’architecture sont moins des œuvres individuelles que des œuvres sociales ; le dépôt que laisse une nation ; les entassements que font les siècles ; des espèces de formations. Les grands édifices, comme les grandes montagnes, sont l’ouvrage des siècles. L’homme, l’artiste, l’individu s’effacent sur ces grandes masses sans nom d’auteur. Le temps est l’architecte, le peuple est le maçon. »

Victor Hugo, Notre-Dame de Paris,
Paris, Renduel, 1836, I, vol. 3, p. 256.

 
 


Sarah Nancy

26/10/2013

Monolithe, monument, intouchable merveille ? Non, voyons ! Mais bricolage, voyages, frictions entre civilisations, temps qui s’étire. Même pour montrer la nuance, Hugo ne fait pas les choses à moitié. Le lecteur peut sourire : tant d’aplomb pour la transition ! Tant d’autorité au service de l’effacement du « nom d’auteur » ! Le lecteur peut sourire et y croire, à cette intention de transition. Lui-même lisant ne se trouve-t-il pas, avec un plaisir certain, entre les « masses » et le « maçon » mégalomane mal masqué ?

 

  

   

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