Exergue n° 94
« [D]’un côté, y a-t-il rien de plus mince en tout le pourpris de Nature ? Une méchante demi-écharpe, faite d’un beau rien bigarré teint en fausses couleurs, paré d’une beauté mensongère, sa matière est un néant, sa durée, un moment ; sa beauté, tromperie ; sa figure, une arcade tremblante ; un arc sans flèche, un pont sans appui, un croissant qui ne peut croître, le fantôme des couleurs, un rien qui veut faire de quelque chose. Toutefois ce riche rien est le miracle des plus belles choses de l’univers, qui comparées à lui sont quasi comme un rien. Que voudriez-vous richesses ? Tout l’Arc n’est autre chose que le carcan de la nature enfilé de toutes les pierreries de nature, autant de gouttelettes, autant de joyaux de très rare beauté, les unes sont perles, les autres ont l’éclat du diamant, les flammes de l’escarboucle, le rayon doré du rubis, le brille du saphir, j’aurais plutôt fait de dire que c’est la carrière où la nature a caché toutes les plus rares pierreries, et la plus riche pièce de tous ces trésors, desquels elle se pare quand bon lui semble, c’est le collier de son ordre, l’écharpe de sa livrée, sa chaîne de perles, et le plus beau de tous ses affiquets, dont elle se pare pour plaire au Ciel, son époux. »
Etienne Binet, « L’Arc-en-ciel », Essay des merveilles de nature, et des plus nobles artifices (1627), Des Opérations, Association du théâtre de la ville d’Evreux, pp. 603-604.
Hélène Merlin-Kajman
02/11/2013
C’est un cadeau.
Non, c'est une vanité.
Mais non, un pur cadeau.
Couleurs et mots, ivresse verbale,
Ivresse visuelle si transitoire.
Transitoire,
Ou bien transitionnel,
L’Arc-en-ciel ?
Eh bien, décidez-en vous-même !