Abécédaire

 

 
Équinoxe n° 2
 
 


Mathilde Faugère

16/12/2017

 

Il me faut avouer d’abord que je le confondais avec le solstice, son opposé, beaucoup plus excitant a priori. Il me faut concéder ensuite que mon enthousiasme pour le mot reposait uniquement sur le souvenir d’une vieille lecture d’enfance et, peut-être aussi sur le x final, qui met en suspens la respiration, retourne le mot, le rend mystérieux. Il me faut dire, en fait, que je ne savais nullement ce qu'équinoxe voulait dire… Et que donc une « vraie » définition s’impose à moi, en lieu et place de la rêverie un peu merveilleuse initialement prévue. Pensant que j’allais pouvoir me glisser subrepticement dans l’espace nocturne, entre les douze coups de minuit, me voilà contrainte à chercher un peu de lumière.

Donc… Du point de vue du calendrier, il y a deux équinoxes : un d’automne, un de printemps. Si on se place à côté du soleil, l’équinoxe est le moment où les rayons du soleil viennent éclairer bien exactement la moitié du globe terrestre. Retour à notre condition terrienne : l’équinoxe désigne les deux moments de l’année où la durée de la nuit est exactement égale à celle du jour. Mais comment cela se fait-il ? Puis-je vraiment prétendre définir le mot sans comprendre le phénomène ? Non, continuons à éclairer : pendant l’équinoxe l’orbite de la terre autour du soleil et le mouvement de la terre sur elle-même se combinent, tombent juste, pour ainsi dire. Les rayons du soleil viennent frapper parfaitement, également, hémisphère nord et hémisphère sud car, à ces moments-là de l’année, l’axe sur lequel tourne la terre est perpendiculaire avec l’axe sur lequel elle tourne autour du soleil.

Du point de vue du soleil, sa lumière, glorieuse, tombe alors parfaitement sur l’équateur, comme une robe bien repassée. La terre, elle, comme un équilibriste fatigué mais brillant, arrive pendant deux jours à faire croire que c’est facile, que ça tient droit, ou penché comme il faut. Comme une ballerine. En équilibre. Un pied dans le vide, l’autre dans le néant, elle tient, ou plutôt elle tourne.

Or, à partir de là, pour moi, l’équinoxe redevient merveilleux ! On remarque toujours le solstice : la nuit la plus longue ou la plus courte, Noël, la Saint Jean et tout le tintouin. Mais, vu de l’autre côté, avec la ballerine, c’est l’équinoxe qui est une performance incroyable. On ne regarde pas le moment de l’équilibre, et pourtant quel miracle ! Oublions la nuit qui se détache sur le jour, et regardons un moment le petit bout de jour qui s’arrache au noir, l’instant d’équilibre laborieusement gagné sur le balancement universel. Comme nous, lorsqu’un moment, à coup d’allers et retours, aux prix de mille contorsions, pensons comprendre quelque chose au ballet des corps célestes… Ça vous donnerait presque envie de devenir scientifique. 

Mais soudain, un autre problème, sous forme de chanson, effleure mon esprit, penaud : « Le soleil a rendez-vous avec la lune, mais la lune n’est pas là… » Aïe. La lune, occupée que j'étais par le soleil et l’équinoxe, j’avais oublié la lune… Bon, je m’en retourne à la nuit.

 

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