11/07/2015

À L., pour encouragements. 

Petit animal au poil touffu qui vit dans les arbres du jardin du Luxembourg dont le poids excède les capacités motrices et dont le sens de l’équilibre, très approximatif, provoque des chutes en général assez cocasses. Il a un air de tristesse et d’accablement, notamment quand il envisage à quelque distance un autre Youpi qu’il va devoir, par civilité, aller saluer.

C’est aussi le nom donné par les très jeunes enfants à tout objet invraisemblable, sale et plus ou moins dangereux dont ils décident de faire un jouet quand bien même il n’est visiblement pas fait pour cela. Le Youpi se trouve en général quelque part sur le sol, hors du regard des parents. Il a une vie très limitée, le temps qu’un adulte responsable s’aperçoive du Youpi et intervienne en criant. Le Youpi peut être : un vieux chewing-gum, une crotte de chien, des ciseaux rouillés, un obus de la guerre de 14-18.

C’est encore le nom d’un vent froid dont les climatologues ont repéré les apparitions sur les plages de Santa Monica à Los Angeles, sur le Pont des Arts et aux Invalides à Paris et sur la presqu’île de Rhuys dans le Morbihan. On soupçonne le Youpi d’être responsable des phénomènes suivants : l’envol de parasols, la rotation des fleurs à vent, le décollage impromptu de haut-de-forme et de draps mortuaires lors des cérémonies funéraires, le rhume à la veille des examens et le vol des aigrettes de pissenlit.

C’est enfin une notion marginale (υουπι) issue de la logique de l’école mégarique (Ve siècle av. J.-C.) qui nomme, dans un syllogisme, le passage entre les prémisses et la conclusion. Ainsi, par exemple, selon Diodore Cronos, dans son ouvrage perdu Somme dialectique de Mégare, le youpi permet le raisonnement suivant : « Socrate est un homme /Tous les hommes sont mortels/ (υουπι) Socrate est mortel ». Bryson d’Achaïe a précisé l’usage du youpi en le définissant comme « l’instant mystérieux (κρυφιωδης καιρος) qui précède la pensée finie ». Aristote a fortement contesté l’existence du youpi, en soulignant l’incohérence de certains syllogismes mégariques (notamment « Il fait beau demain/ J’ai un maillot de bain / (υουπι) Je vais à la plage » attribué à Bryson d’Achaïe). La logique contemporaine y a rarement recours.