Sablier n° 3.3.

 

Etrangetés et solitudes n°3
 


Max Divin

04/04/2020

La tentative d’espace s’est considérablement réduite.

Celle du temps s’en trouve travestie. Ainsi, arpentant entre les murs qui se multiplient, il a fallu créer de nouveaux mouvements.

Creuser, lorsqu’on est confiné, il suffit de creuser, tant qu’il y a des murs qui nous séparent des autres. Creuser, c’est à dire agir par et pour l’œil qui lentement se retourne dans lui même.

Épuiser les eaux du puits, épuiser le suc des choses jusqu’aux os. L’armoire : épuisée. Ne reste plus que son squelette, remplie de tant d’années, dans lesquelles personne n’a voulu mettre de l’ordre. Et le miroir : épuisé. De son dépouillement total jaillit la première nuit. Nuit sans mémoire, dans laquelle un étranger peu à peu accumule les preuves incomplètes de son existence.

Créer des nouveaux mouvements. C’est à dire creuser, épuisé, afin de trouver cette chose, qui sommeille dans l’ombre de chaque objet, qui porte les traces de la vie avant les preuves.

*

L’étrange est là, patrie parallèle, collé au soir avec son silence impénétrable. S’imprégnant sur le bout de la langue et entre les doigts. S’incrustant sur tous les objets qui se sont déposés autour, à contrecœur presque, et comme une grimace mal dissimulée.

Fixer le bol de fruit composé de quatre oranges. Fixer jusqu’à ne plus entendre ni le bol ni l’orange. Et dans ce silence poreux, traverser la frontière, avec une valise pleine de mots. Passer clandestinement de l’autre côté, là où les formes se confondent avec le Crépuscule, où les rythmes errent dans la stagnation d’un ciel dégagé.

Rapporter une preuve de là-bas, un tas de cendre, un cri. Essayer de le dire d’une autre façon. Persister. Car de ce côté-ci, les trous de cette incertitude se comblent avec la voix des mots qui n’ont plus rien à dire.

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