Exergue n° 44
« Rosemary felt that this swim would become the typical one of her life, the one that would always pop up in her memory at the mention of swimming. Simultaneously the whole party moved toward the water, super-ready from the long, forced inaction, passing from the heat to the cool with the gourmandise of a tingling curry eaten with chilled wine. The Divers’ day was spaced like the day of the older civilizations to yield the utmost from the materials at hand, and to give all the transitions their full value, and she did not know that there would be another transition presently from the utter absorption of the swim to the garrulity of the Provençal lunch hour. But again she had the sense that Dick was taking care of her, and she delighted in responding to the eventual movement as if it had been an order. »
« Rosemary sut que cette baignade lui servirait désormais de modèle, que ce souvenir reviendrait à sa mémoire chaque fois qu’elle entendrait prononcer le mot : baignade. Toute la fête était allée à l’eau comme un seul homme : après une période d’inaction, longue et forcée, tous étaient impatients de passer de la chaleur écrasante à une douce fraîcheur, comme un gourmand savoure un curry épicé, accompagné d’un verre de vin bien frais. La journée des Diver était rythmée, comme dans les plus anciennes civilisations, pour profiter au mieux de tout ce qui s’offrait et rendre aux transitions toute leur valeur. Rosemary ne savait pas encore qu’aurait bientôt lieu une autre transition, qu’après s’être adonné complètement à la baignade, on plongerait dans les bavardages à bâtons rompus du déjeuner à la Provençale. Mais elle eut de nouveau la sensation que Dick prenait soin d’elle, et elle se réjouissait de suivre le mouvement comme si elle avait dû obéir à un ordre. »
F. Scott Fitzgerald, Tender Is The Night, Penguin Books, « Penguin Classics » (2000, 1934),
p. 29-30. Trad. Jacques Tournier (Le Livre de Poche), revue par Lise Forment.
Lise Forment
07/07/2012
Avant de céder aux charmes de la baignade et aux plaisirs de la table, en Provence ou ailleurs, avant d’abandonner quelque temps mes lectures universitaires pour la prose géniale de Fitzgerald ou d’un autre, un mot encore sur Transitions !
Par ce geste et par ce lieu inaugurés en septembre dernier, nous désirions échapper à « l’inaction longue et forcée », nous voulions créer un nouvel espace-temps « pour rendre aux transitions toute leur valeur ». S’agissait-il de retrouver quelque chose des « plus anciennes civilisations » ? Peut-être... mais alors, sans nostalgie du passé, sans rejet du présent, et avec l’avenir en tête !
Ce site est une invitation à la lenteur : aura-t-il dérouté certains internautes ? Nous espérons que beaucoup l’auront dégusté avec gourmandise, comme un curry convivial et épicé, « accompagné d’un verre de vin bien frais »...