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Exergue n° 82

 

« Futur d’atténuation. La part d’incertitude liée à l’avenir permet aussi d’atténuer une affirmation, formulée souvent à la première personne (Je vous dirai / ferai remarquer que …) […]. Comme avec les temps du passé, le décalage marqué par rapport au moment de l’énonciation rend l’affirmation moins directe pour le destinataire, qui a l’illusion de pouvoir s’y opposer, puisque sa réalisation est fictivement située dans l’avenir. » 

Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat, René Rioul, Grammaire méthodique du français,
Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige Manuels », p. 552.

 
 


Virginie Huguenin

01/06/2013

 

Aux origines d’un acte de langage que nous entendons et réalisons tous les jours, sans peut-être même plus en soupeser le poids, une saynète se déploie.

Soit deux hommes, ou deux femmes ou un homme et une femme – peu importe ; ils ne sont ni jeunes, ni vieux ou l’un et l’autre ou tout à la fois  peu importe. A l’angle d’une rue, depuis une heure déjà, ils se font la promesse de renouveler plus tard leur conversation.

Nous voilà l’un et l’autre, l’une et l’autre, l’autre et l’autre (le bonheur de l’épicène) face à face – vous lecteurs et moi qui écris, moi qui vous invite à me lire encore plus tard, maintenant, déjà.

Le futur d’atténuation, c’est ça : la littérature discrètement mise en marche, dans un temps qui se replie comme un tapis magique. C’est vous et moi plus tard et déjà, au seuil de cet espace qui dessine des formes jolies d’invite, mais quand vous lisez, vous y êtes déjà. Nous y sommes déjà.

Et vous remarquerez que c’est assez beau.

  

 

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