Exergue n° 115
« Il lui fut dit : "Sors et tiens-toi dans la montagne devant Yahvé". Et voici que Yahvé passa. Il y eut un grand ouragan, si fort qu'il fendait les montagnes et brisait les rochers, en avant de Yahvé, mais Yahvé n'était pas dans l'ouragan ; et après l'ouragan, un tremblement de terre, mais Yahvé n'était pas dans le tremblement de terre, et après le tremblement de terre un feu, mais Yahvé n'était pas dans le feu ; et après le feu, le bruit d'une brise légère. Dès qu'Elie l'entendit, il se voila le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l'entrée de la grotte. »
Bible de Jérusalem, 1 Roi 19, 11-14
Tiphaine Pocquet
05/04/2014
Ici, il y a une montagne : l'Horeb, lieu sacré de l'Exode que le peuple ne pouvait gravir sous peine de mourir, où seuls les prêtres et Moïse pouvaient mettre le pied.
Il y a « Yahvé » qui n'est plus ce Dieu d'éclair et de tonnerre mais celui qui se fait proche et enveloppant : le « bruit d'une brise légère » ou « la voix d'un fin silence » d'une autre traduction. Dieu paradoxal, contradictoire. S'il sépare la montagne sacrée de l'espace profane, il est aussi celui qui circule et se joue des frontières. S'il s'annonce, c'est comme une caresse sur la peau.
Il y a Elie, le violent, celui qui a tué et celui qui voulait mourir, caché au fond de sa grotte. Mais celui qui entend dans l'obscurité le fin silence et se tient devant, la face cachée. Il crie alors sa colère, son zèle jaloux. Il est ouragan, tremblement et feu.
Et il y a celui qui tend l'oreille, écoute entre les lignes, entre les textes. Qu’elle est claire la colère d’Elie et fine la voix du silence.