Éva Avian

01/12/2018

 

 

1) Part la plus ferme du gigot. Certain convive en fera son morceau de choix. Voir : Cuisse de poulet. Voir encore : Aile de poulet.

2) Partie la moins tendre d’une démarche administrative, d’un travail ou d’une œuvre.

3) La conclusion n’est pas un petit morceau non plus. Voir : De l’autre côté du gigot : une nouvelle entame.

Ainsi, par métonymie, bien qu’ici je fasse figurer cette définition en première entrée, l’entame est la première part de quelque chose qui se mange.

L’entame de la baguette de pain porte un nom spécifique, « croûton » ou « quignon », rendu nécessaire par l’usage courant qui consiste à le croquer en chemin, de sorte que la baguette, désormais peu présentable, paraît souvent sur la table comme un aveu de gourmandise.

Ce petit larcin met au jour deux aspects importants de l’entame. S’en saisir, c’est mordre le premier, de préférence à la dérobée : l’entame paraît alors infiniment désirable. La nommer, au moment de servir ses convives (ou compagnons), c’est au contraire attirer l’attention sur sa rudesse, sa disharmonie, son côté pas bien fini, ce par quoi il faudra bien passer pour accéder au cœur, et qu’en hôte amène on est prêt à se réserver.

On dit « entamer la confiance », on le dit peu d’autres sentiments. Comme s’il n’était jamais question de la saper d’un bon coup, mais de la ronger petit à petit, miette à miette.

Personne n’osait commencer et voici qu’un bout manque déjà : il y a dans l’entame une invitation, un creux (le « juste un croc » que l’on réclame enfant à l’ami qui s’apprête à manger une pomme) et un scandale. Ce que l’honnêteté des sonorités du mot « entame » dérobe, c’est la dimension délictueuse de l’obscur objet qu’est le croûton.