Abécédaire


 

 
 Bonheur
 
 

Natacha Israël

26/09/2015

Le bonheur serait, pourquoi pas ?, d’admirer ensemble la métamorphose des nuages dans un ciel vanille-fraise et de prononcer ce bout de phrase « la métamorphose des nuages dans un ciel vanille-fraise » sans être ridicule et en récoltant même votre gratitude tandis que l’horizon, pour nous tenir captifs, lancerait des flammes dans notre direction.

Le bonheur, ce serait de découvrir, les premiers, des îles norvégiennes, d’y construire la première maison de pêcheur et d’y séjourner le temps de voir tomber la nuit polaire, de se retourner et de rejoindre le continent afin d’y accomplir de grandes choses à présent – à nouveau.

Le bonheur, ce serait de jouer le personnage du Prince Hamlet avec les accents de la joie, précisément, puisqu’il est si voluptueux d’être triste pour un puritain (et puisqu’Hamlet est un peu puritain).

Le bonheur, ce serait de perdre votre amour en restant méconnue et incomprise car il y aurait là encore, tout comme au début, une singulière élection.

Le bonheur, ce serait d’être sage et vertueuse et que l’amour soit toujours de saison. Car l’amour, ce serait le plus grand bonheur, tandis que le bonheur, ce serait déjà l’amour de ce qui est sans se soucier de ce qui n’est pas là ni désavouer ce qui n’est plus – le néant doit être excusé (par l’homme heureux).

 

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