Hélène Merlin-Kajman
03 avril 2021
Désaccords
Désaccords – mais qu’est-ce qu’un désaccord ?
Il est plutôt exaltant que l’inauguration de notre nouvelle rubrique se fasse par cette question. Car c’est bien d’elle qu’il s’agit finalement dans mon débat avec Brice Tabeling et sa conversation (très) critique avec le texte d’Amy Gutmann publiée le mois dernier.
Cherchez-la, cette nouvelle rubrique, dans le menu principal où elle ne constitue d’abord qu’une légère modification visuelle : elle chasse les « intensités » de nos débuts et accueille désormais nos « conversations critiques ». Avec ce changement, et sans renoncer à ce qu’on pourrait appeler la naïveté poétique du terme précédent, nous voulons simplement promouvoir le principe du débat.
Débats, disputes, dialogues, conversations : ces mots ne sont pas interchangeables, certes ! Il s’agira dans chaque cas de privilégier les points de désaccord.
Ils étaient minimes dans les textes que nous avons mis en ligne avant la venue d’Anne Emmanuelle Berger au dernier séminaire de Transitions : Augustin Leroy et Sarah Nancy entraient en dialogue avec elle par le biais d’une conversation critique tandis que Florence Magnot-Ogilvy et moi-même le faisions par le biais d’une saynète.
Une lettre s’écrit souvent sous le coup de rapprochements dont le hasard fait sens. L’adage « Qui aime bien châtie bien » sur lequel André Bayrou et moi-même avons écrit n’était pas programmé pour accompagner le premier « Journal » qu’inaugure Virginie Huguenin pour parler de son enseignement dans son collège de Seine-Saint-Denis. Poursuivant la remarquable réflexion amorcée ici dans un article d’une part, des séquences de cours de français de l’autre, elle montre avec une généreuse lucidité comment un enseignement transitionnel peut s’engager, même dans les conditions ultra précaires où elle se trouve comme tant d’autres enseignants – et d’élèves. Elle nous invite à changer notre regard sur ces situations qui font beaucoup parler. Grâce à elle, Transitions espère relancer plus d’un débat existant autour de ces préoccupations pédagogiques en conviant chacun à les reprendre d’un tout autre point de vue que ceux avec lesquels on les aborde ordinairement.
La pandémie qui a provoqué la naissance de nos sabliers continue à les inspirer, du moins ceux de Florence Magnot-Ogilvy et moi-même. Et c’est une parole de pharmacienne faisant d’un test antigénique positif l’emblème du XXIe siècle qui inspire celui de Guido Furci…
Enfin, saisissant l’extrait de Vertiges où Sebald décrit avec précision une autre sorte de confinement tout intérieur, Augustin Leroy, immédiatement capté, et Boris Verberk, plutôt paralysé, l’accompagnent pour nous de leur commentaire.
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Une perte d’odorat, une perte de repères, des fuites du temps, des crispations universitaires, des tentations de censure un peu partout, un vent de détresse dans l’enseignement : prenant tout sans reculer, nous aimons penser que nous aidons, tout simplement, à continuer.
H. M.-K.
Prochaine saynète : un extrait de Carole Martinez, La Terre qui penche.
Prochain adage : « Chat échaudé craint l'eau froide ».
Prochaine conversation critique : un texte de Jérôme David