Séquence n° 4

 

 

 

Préambule            

 

Dans cette quatrième séquence (la deuxième à destination des 6e), Virginie Huguenin ébauche ses propres réponses pédagogiques à des questions que soulevaient Mathilde Faugère et Tiphaine Pocquet dans leur important dossier Religieux / Littéraire. Alors que l'étude du fait religieux s'impose comme un enjeu crucial dans l'enseignement secondaire, s’agit-il d'en faire « un élément de contexte parmi d’autres [...] ? Faut-il et peut-on ignorer les questions que cela engendre pour des élèves ou des étudiants parfois croyants eux-mêmes ? Comment considérer les réactions que l’enseignement de certaines connaissances religieuses nécessaires pour la compréhension des textes  peut provoquer, du côté des élèves [...] ? ». Si, dans les séquences précédentes, Virginie Huguenin faisait déjà de la délicatesse l'une des clés de sa démarche didactique, sa prudence et son tact sont encore plus sensibles ici, et s'expriment au fil des séances, jusque dans ses hésitations... Rien d'étonnant, alors qu'il s'agissait, non sans audace, et au contact d'Ovide et Homère, de questionner l'équité des dieux gréco-romains : d'eux ou des mortels qu'ils châtient si sévèrement, « qui est le monstre ? ». 

L. F.

  

Virginie Huguenin est enseignante dans un collège de Seine-Saint-Denis.

 

 


 

 

« Qui est le monstre ? »

 

Virginie Huguenin

06/10/2018 

         
                                               

Une version PDF de cette séquence peut être téléchargée ici. Les polycopiés sont disponibles sous format PDF en suivant les liens indiqués ci-dessous.

Niveau : 6e

Durée : environ six semaines

Problématique de la séquence : Qu’est-ce qu’un monstre ? Un monstre naît-il monstrueux ou le devient-il ? Peut-on, par-delà l’aspect fascinant de ces créatures, tenter de les comprendre et retracer l’histoire qui les a conduites à devenir ce qu’elles sont ?

 

Lectures en classe entière, en classe :

Lectures en groupes, au CDI :

      • « Scylla », traduit par J. Chamonard.
      • « Pasiphaé », traduit par G. T. Villenave.
      • « Daphné », traduit par G. Lafaye et adapté par Stanislaw Eon du Val.
      • « Hercule », Karine Tournade, Les 12 travaux d’Hercule, Éd. Safrat, Lire c’est partir, 1999.
      • « Prométhée »16 métamorphoses d’Ovide, adapté par Françoise Rachmuhl, Flammarion, 2010, p. 13-21.
      • « Les Sirènes », Chant XII de Homère, Odyssée, traduit par Hélène Tronc.
      • « Circé », Chant X de Homère, Odyssée, traduit par Victor Bérard, adapté par Marie Blieck.

Lecture cursive :

      • Une métamorphose tirée de 16 métamorphoses d’Ovide, adapté par Françoise Rachmuhl, Flammarion, 2010, et choisie parmi celles qui ne seront pas étudiées en classe.

 

Objectifs :

- Étudier le fait religieux et élargir son champ de connaissances des croyances.
- Découvrir quelques figures monstrueuses mythologiques et en découvrir l’histoire.
- Étudier la métamorphose en tant que punition infligée par les dieux et en questionner l’équité.
- Découvrir ce qu’est un dieu dans la mythologie gréco-romaine.

 

Langue :

      • Grammaire, orthographe
        - L’adjectif qualificatif et ses fonctions ; l’épithète homérique.
        - Les pronoms
        - Quelques homophones à adapter selon sa classe.
      • Le Verbe
        - La morphologie du présent de l’indicatif des trois groupes.
      • Lexique
        - Le vocabulaire de la religion.
        - Le vocabulaire des métamorphoses.
        - Quelques expressions tirées de la mythologie ; le sens propre et le sens figuré.

 

Oral :
- Lire seul à voix haute un texte préparé à la maison.
- Débattre à l’oral en s’exprimant dans un niveau de langue approprié.

 

Écriture :

- À partir du texte d’Ovide, les élèves devront détailler la métamorphose de Lycaon en utilisant le vocabulaire des métamorphoses vu en classe.

- Au présent de l’indicatif, les élèves devront inventer et décrire un dieu en lui donnant un nom et en lui prêtant des pouvoirs et des attributs. Ils devront imaginer une généalogie et une

- À partir d’une gravure de Le Brun, les élèves devront inventer un personnage qui, après avoir contrarié les dieux, sera transformé en un animal dont la forme sera liée à sa faute.

- Pendant les vacances scolaires, les élèves devront réaliser un carnet de lecteur à partir d’un mythe lu de manière cursive.

 

Séance 1 : « Lecture d’images autour du mythe d’Arachné » (2h)

      • Déroulement de la séance : Selon le niveau de la classe, les élèves peuvent tout d’abord réfléchir au mot Arachné et à son étymologie pour tenter de deviner un pan de l’histoire qu’ils vont d’abord découvrir en images. La planche d’illustrations leur est ensuite distribuée et projetée au tableau. Pendant le reste de l’heure, par petits groupes de deux ou trois, les élèves interprètent chaque image pour reconstituer une histoire. L’enseignant ne répond à aucune question concernant directement le mythe mais il se tient à la disposition des élèves qui peuvent lui demander d’agrandir une image pour en observer les détails.Les élèves écrivent alors ce qu’ils observent pour former un petit texte cohérent. À la fin de cet exercice, chaque groupe soumet ses hypothèses à la classe. L’idéal est que les élèves quittent la salle à la fin de l’heure sans avoir le texte de « la vraie histoire », comme ils disent. Il s’agit en effet d’exciter leur curiosité et, tout simplement, de leur apprendre à patienter.
        L’heure suivante peut être consacrée à la lecture et à la compréhension du texte d’Ovide narrant l’histoire d’Arachné. L’enseignant et les élèves peuvent prendre un temps pour revenir sur les versions de chaque groupe afin de mettre en valeur leur capacité à deviner et imaginer, tout en soulignant leurs erreurs sur lesquelles ils doivent apprendre à revenir pour se corriger. La lecture du texte peut désarçonner car la langue y est particulière et le vocabulaire difficilement compréhensible. On se contentera dans un premier temps d’une entrée superficielle dans le texte garantissant l’accès au sens. L’univers polythéiste de l’œuvre d’Ovide pourra faire l’objet d’un point d’apprentissage visant à éclaircir la relation que les dieux entretiennent avec les mortels. À la maison, les élèves font une recherche sur Ovide et élaborent une petite biographie.
      • Plan de cours écrit possible :
        1. Lecture d'images
        2. Lecture et compréhension de texte
        3. Une biographie d'Ovide
        4. Un monde de dieux et de mortels

 

Séance 2 : « Qu’est-ce qu’une religion polythéiste ? Une religion monothéiste ? » (2h)

      • Support : « La grammaire par les exercices », éditions Bordas, 2014, p. 106-107.
      • Déroulement de la séance : Cette séance peut être menée en parallèle ou en complément du cours d’Histoire-Géographie. Il s’agit d’apporter une réponse aux nombreuses questions posées par les élèves concernant la pluralité du divin. Il conviendra de les amener à prendre un peu de hauteur par rapport à leurs propres croyances qui peuvent se trouver contrariées par l’univers polythéiste des œuvres qu’ils s’apprêtent à voir en cours. L’enseignant énoncera clairement la différence entre l’enseignement de la religion et l’enseignement du fait religieux qui trouve sa place dans une salle de classe, en ce qu’il passe par l’étude de textes et d’œuvres d’art constatables par tous et dont l’existence ne relève pas de la croyance. Il est important de rassurer les élèves qui pourraient se sentir heurtés dans leur foi et de les amener à prendre conscience, par le détour de croyances anciennes, du fait que les êtres humains ont des croyances religieuses différentes que l’on peut comprendre sans forcément les partager. Ce sera le seul moment magistral du cours.
        Ensuite, différentes approches sont possibles. Il peut s’agir d’un rappel de définitions énoncées dans le cours d’Histoire-Géographie (« Comment se nomme une religion qui admet l’existence de plusieurs dieux ? ») ou d’une approche par l’exemple tiré de la connaissance personnelle des élèves (« Quelles religions connaissez-vous ? »). L’enseignant prend en note les idées des élèves qu’il inscrit au tableau sans hiérarchisation. Généralement, les élèves connaissent une ou deux religions monothéistes. L’enseignant peut leur demander de chercher celle(s) qui leur manque(nt) et de trouver le mot signifiant « qui n’admet qu’un seul dieu ». Il peut également leur demander sur quel livre repose la croyance de chaque religion et quel est le nom des croyants. Il n’est pas rare que des amalgames surgissent au long du cours qu’il faut alors séparer : un homme qui se dit musulman n’est pas forcément un islamiste, par exemple, même si sa religion est l’Islam.Il n’est pas rare que les élèves repartent avec un cours « à trous ». Il est important que l’enseignant ne donne pas les réponses. Ces vides sont à compléter à la maison car pour ce cours, il est important que l’ensemble des connaissances à acquérir viennent des élèves et de leur recherche. Le cours pourra être complété par une activité centrée sur le vocabulaire de la religion qui élucidera quelques termes qui reviennent fréquemment dans les textes comme « impiété », « autel », « honorer »…
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Quelle(s) religion(s) connais-je ?
      2. Je retiens :
        a. Les religions monothéistes
        b. Les religions polythéistes
      3. Le vocabulaire de la religion

 

Séance 3 : « La métamorphose de Lycaon » (2h)

      • Déroulement de la séance : Les élèves lisent en silence l’histoire de Lycaon. Par la suite, une lecture à voix haute est faite, soit par l’enseignant, soit par les élèves volontaires. Dans un premier temps, le cours est axé sur la découverte du panthéon gréco-latin avec ses dieux principaux dont Athéna (Pallas) et Zeus font partie. Une petite recherche personnelle faite par les élèves à la maison complètera ce travail : ils devront compléter le cadre en mentionnant le nom, le titre, les attributs et les animaux symboliques de Zeus. Après la lecture à voix haute, l’enseignant peut questionner les élèves sur leurs impressions de lecture et élucider les incompréhensions. Il est à l’écoute de leurs remarques : beaucoup ne manquent pas de souligner que la métamorphose subie par le personnage est une punition, comme elle l’a été pour Arachné. D’autres peuvent remarquer que le crime de Lycaon est sanglant, au contraire de celui d’Arachné. S’engage alors un débat sur la nature des crimes commis par les humains. Si le cas de Lycaon ne fait pas trop débat, les élèves reconnaissant aisément la cruauté du crime commis par ce dernier envers un autre mortel, le cas d’Arachné pose question. En effet, les élèves ne perçoivent pas la faute qu’elle a commise et peinent à la rapporter à des situations qu’ils connaissent. D’ailleurs, le crime sanglant de Lycaon justifie globalement pour eux sa métamorphose en loup, alors que ce qui lui vaut cette transformation, ce sont d’abord ses moqueries envers les signes divins de la présence de Zeus – son impiété en général qui culmine dans le geste horrible de donner à manger au dieu des dieux du cadavre. Il faut parvenir à faire comprendre aux élèves que ce qui est répréhensible chez Arachné et Lycaon, c’est leur sentiment d’orgueil qui s’articule à celui de l’hybris qui vaut de la part des dieux de terribles punitions : défier les dieux est impardonnable car c’est remettre en question leur autorité et partant, l’ordre établi. Pour aider les élèves à mieux comprendre ce crime, on peut leur faire chercher dans leur vie des situations où l’autorité d’un garant du pouvoir est remise en question : qui évoquera, dans un petit récit d’expérience,la fois où il a mal répondu à ses parents et s’est vu punir, qui évoquera une situation de classe où, l’enseignant ne se faisant pas respecter, le cours ne peut être mené car le chaos s’installe.
        Ces explications données, le débat pourra porter sur l’équité des punitions infligées aux humains par les dieux. Une question posée par l’enseignant peut lancer le débat : la métamorphose d’Arachné vous paraît-elle plus sévère ou moins sévère que le châtiment infligé à Lycaon ? À partir de cette première interrogation, voici quelques remarques et questions d’élèves, reformulées : La métamorphose d’Arachné est-elle réellement une sanction, vu que cette dernière comptait se suicider ? Hormis celui de punir, quel est le but des métamorphoses infligées aux mortels : empêcher de nuire, pour le cas de Lycaon ? Faire un exemple ? En quoi transformer un homme en loup peut-il l’empêcher d’être cruel ? L’enseignant peut noter ces questions au tableau puis organiser un travail de réflexion autour d’une ou plusieurs questions, choisies par les élèves. Ces derniers se répartissent alors en groupes de travail et il est préférable qu’au sein d’un même groupe, les avis soient contraires. Un compte-rendu oral de chaque groupe peut conclure l’activité.
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Lecture et compréhension.
        a- Une nouvelle figure divine : Zeus.
        b- Initiation au panthéon des dieux gréco-romain.
      2. L'impiété un crime majeur.
      3. Débat : les dieux sont-ils toujours justes ?

 

Séance 4 : « Le vocabulaire des métamorphoses » (1h30-2h)

      • Support : « La grammaire par les exercices », éditions Bordas, 2014, p. 108-109.
      • Déroulement de la séance : Cette séance s’articule à la lecture des deux mythes précédents. Elle vient éclaircir le sens des mots employés dans les textes qui sont en lien direct avec le phénomène de transformation. Par le biais de divers exercices, elle fait découvrir des mots et des expressions aux élèves qui révisent, sans forcément s’en rendre compte, les classes grammaticales des verbes, des noms, des adjectifs. Ils se créent ainsi une banque de mots qui leur servira pour la séance d’écriture à suivre.
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Exercices d'observation.
      2. Leçon.
      3. Exercices.

 

Séance 5 : « Séance d’écriture : je décris la métamorphose de Lycaon » (1h)

      • Support : aucun.
      • Déroulement de la séance : Il est toujours mieux que les élèves élaborent les consignes qui définiront le cadre du travail qu’ils auront à accomplir car ils en comprennent mieux le sens ainsi et sont plus enclins à les respecter que si l’enseignant les énonce par lui-même. Ainsi, l’enseignant peut écrire au tableau la consigne générale : « Je décris la métamorphose de Lycaon », puis trois ou quatre mots relatifs aux consignes qu’il veut voir appliquer, et que les élèves devront préciser :
        - Temps ? (Le passé-simple, par exemple, vu dans une précédente séquence).
        - Vocabulaire ? (Le vocabulaire des métamorphoses, abordé dans la séance précédente).
        - Longueur du travail ? (Une dizaine de lignes, à adapter selon le niveau de chaque élève).
        En cherchant à compléter ces manques, les élèves mènent un travail de révisions en feuilletant leur classeur. Il arrive qu’ils aient des idées tout à fait intéressantes de consignes à suivre que, dans la mesure du possible, l’enseignant intégrera pour toute la classe ou en « bonus » pour les élèves les plus avancés si la consigne relève de savoirs ou de compétences non abordés en classe.
        Quand les élèves ont élaboré leurs consignes et compris ces dernières, ils commencent à travailler au brouillon. L’usage du classeur et du dictionnaire est autorisé. L’enseignant pratique la double correction : l’élève, après s’être relu lui-même, peut apporter son brouillon à l’enseignant afin qu’il lui signale ses erreurs pour que l’élève les corrige. Ces moments sont précieux car l’enseignant fait alors du cas par cas et aide chaque élève à résoudre ses difficultés personnelles. Cet exercice demande une grande disponibilité de l’enseignant qui mènera ce travail de préférence en demi-groupe. À la fin de l’heure, les élèves emportent avec eux leur travail qu’ils poursuivront à la maison et rendront au propre et correctement présenté une semaine plus tard. L’enseignant se tient à la disposition des élèves qui n’auraient pas pu bénéficier de la double correction : ils peuvent venir le voir à tout moment pour profiter de son aide avant de recopier leur travail au propre.
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Élaboration des consignes.
      2. Travail d'écriture au brouillon.

 

Séance 6 : « Le présent de l’indicatif » (2h)

 

      • Déroulement de la séance : Cette séance de grammaire est décloisonnée et très dense : il conviendra d’en égrener le contenu entre les séances au CDI qui suivent, en commençant par le plus évident (le premier groupe, que les élèves conjuguent aisément) et en terminant par le troisième groupe. La lecture et la compréhension de la métamorphose d’Europe, dont les verbes du 1er et du 2e groupes sont à conjuguer par les élèves, peut faire office de « pause » et permet aux élèves de découvrir un nouveau texte d’Ovide, ainsi qu’une nouvelle métamorphose qui a cette particularité, remarquent les élèves, de toucher un dieu et non un mortel.
        La leçon peut partir de l’observation d’un texte précédemment étudié, comme celui de Lycaon, et de la question suivante : « À quel temps les verbes des trois premières lignes sont-ils conjugués ? »
        Je donne des signes du caractère divin de ma venue et le peuple commence à m’adresser des prières. Tout d’abord, Lycaon se moque de ces marques de respect religieux puis il s’écrie…
        Les élèves trouvant souvent sans mal la réponse, l’enseignant peut leur demander d’observer leurs terminaisons et de les classer en groupes. Par un jeu de remplacement (« Imaginez que Zeus (“Je” dans le texte) soit accompagné de sa fille : quel serait le pronom utilisé ? Quelle serait la terminaison du verbe ? » ou « Remplacez “le peuple” par “les gens” » ou bien imaginez que Lycaon soit accompagné de son frère », etc.), ils élaborent eux-mêmes la leçon qu’il leur restera à compléter sur le polycopié établi par l’enseignant. Le cours se poursuit par des exercices choisis par l’enseignant, en fonction des élèves.
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Observation
      2. Leçon
      3. Exercices

 

Séances au CDI : « Autour des mythes : Qui est vraiment le monstre ? » (4h)

      • Déroulement des séances : Dès que les élèves ont acquis un peu de méthode pour faire face à des textes dont le vocabulaire peut les dérouter, qu’ils ont découvert l’univers polythéiste qui sous-tend les textes d’Ovide et compris que la relation des hommes aux dieux est régie par un rapport de domination pouvant impliquer des punitions sévères, ils peuvent être mis face à des images et des textes, répartis en groupes de trois ou quatre élèves. Chaque groupe d’élèves étudie une figure mythologique. Les élèves doivent mener un travail de recherche et de réflexion sur un mythe, dont le résultat final prendra la forme d’un panneau résumant le mythe qu’ils auront découvert, et répondant à la question « Dans ce mythe, qui est le monstre ? ». Il est nécessaire de disposer de 4h de travail au CDI où les professeurs-documentalistes auront sélectionné les ressources nécessaires aux recherches des élèves et pourront les accompagner dans leur travail. Le professeur de français fournit quant à lui, comme base de travail, une planche d’illustrations et un texte.Les mythes proposés sont plus ou moins accessibles et feront l’objet d’une attribution adaptée, selon le niveau des élèves.
      • Séance 1 : La première heure, les élèves réfléchissent à partir d’images tirées d’œuvres d’art qui retracent un mythe. Ils essayent à partir de ces images de reconstituer l’histoire d’une créature mythologique. L’histoire qu’ils déduisent des images peut être erronée et c’est même mieux qu’elle le soit. Ils doivent à partir de leurs idées écrire un petit texte racontant le mythe qu’ils ont à traiter. Les professeurs ne font qu’attirer leur attention sur des détails, les poussent à interpréter et encouragent le débat dans l’équipe. Il ne donne aucune réponse. À la fin de l’heure, les élèves rendent un petit texte cohérent rédigé au présent.
      • Séance 2-3 : Leur petit texte est rendu aux élèves qui peuvent désormais lire le texte relatant l’histoire de la créature mythologique qu’ils doivent étudier. Ils prennent également connaissance des documents sélectionnés pour eux par les professeurs documentalistes et du texte, fourni par le professeur de français, et découvrent s’ils ont ou non deviné « la vraie histoire » comme ils le disent. En comparant leur petit texte à la véritable version du mythe, les élèves reconnaissent qu’ils peuvent s’être trompés mais qu’il leur est possible de se corriger et de s’améliorer en cherchant mieux, en allant plus loin, en se documentant. Les élèves doivent alors reprendre leur écrit et le corriger aux endroits où ils se sont trompés. Au besoin, un texte à trous peut être fourni aux élèves les moins à l’aise avec l’exercice mais il est important qu’à l’oral au moins, ils verbalisent leurs erreurs et se reprennent.
      • Après ce travail de découverte et de compréhension, il reste à mener le travail de réflexion autour de l’ambivalence du monstrueuxqui caractérise tous les mythes présentés aux élèves qui doivent répondre à la question : « Dans ce mythe, qui est vraiment le monstre ? ». Cette réflexion implique de remonter aux origines du monstre qui, parfois, ne l’a pas toujours été : ainsi de Scylla qui fut une belle naïade avant d’être métamorphosée par Circé qui en était jalouse. Ainsi de Méduse, injustement transformée en monstre par Athéna, après un viol subi dans le temple de cette dernière… Le but est d’amener les élèves à affiner leur jugement et à éviter les catégories de pensée trop brutalement axiologiques.
      • Séance 4 : Au cours de la dernière séance, les élèves terminent leur travail de réflexion et commencent à réaliser leur panneau mythologique. Une grande feuille blanche leur est fournie pour cela et ils disposent des images sur lesquelles ils ont réfléchi lors de la séance 1. La présentation est libre et si les élèves n’ont pas terminé à la fin de l’heure, l’enseignant leur permet de garder encore une semaine le travail afin de le rendre achevé. Les élèves sont avertis qu’ils devront présenter leur travail à la classe et que leur panneau servira de base documentaire à un travail sur des expressions mythologiques. Aussi sont-ils encouragés à produire un travail soignéet beau afin de favoriser le partage de leurs connaissances avec leurs camarades.

 

Séance 7 : « L’adjectif qualificatif et ses fonctions » (2h)

      • Déroulement de la séance : Cette séance est décloisonnée mais elle repose en même temps sur des connaissances déjà acquises précédemment, selon la logique d’une progression « spiralaire » : avant d’aborder les fonctions de l’adjectif, il faudra en effet que la classe grammaticale des adjectifs ait été étudiée auparavant. Le cours peut ainsi commencer par un exercice d’observation et de rappel consistant à repérer dans un des textes étudiés en classe (par exemple, celui de l’enlèvement d’Europe) les adjectifs qualificatifs. Les élèves peuvent constater qu’il y en a beaucoup, et l’enseignant peut leur demander de lire le texte en les supprimant tous pour in fineconstater que de leur présence dépend en partie la richesse du texte. L’étude de leur emploi en fonction épithète ou attribut servira à un exercice d’écriture qui leur sera proposé plus tard. Pour le moment, l’enseignant se contente de leur demander quelle différence existe entre « Lycaon est cruel » et « La timide nymphe approche du taureau » par exemple. Il construit ainsi le cours avec eux, à l’oral, leur proposant des tests de suppression, de déplacement, etc. jusqu’à leur donner la leçon à trous qu’ils doivent compléter à l’aide du travail d’observation mené à l’oral, dont l’enseignant aura pris quelques notes au tableau. Par la suite, l’enseignant propose quelques exercices adaptés.
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Observation (et rappel au besoin)
      2. Leçon
      3. Exercices

 

Séance 8 : « Exercice d’écriture : invente-toi un dieu » (1h)

      • Support : aucun.
      • Déroulement de la séance : Pour mettre en pratique les notions abordées dans les séances précédentes, concernant notamment l’adjectif qualificatif et le présent de l’indicatif, l’enseignant propose un exercice : les élèves doivent s’inventer un dieu. Chaque élève donne un nom au dieu qu’il invente et en fait le portrait physique et moral en lui prêtant des qualités et des défauts. Pour ce faire, il utilise des adjectifs qualificatifs et conjugue son texte au présent de l’indicatif. Il lui prête également des pouvoirs et des attributs. Enfin, il lui invente une généalogie et une naissance extraordinaire. Comme pour l’exercice d’écriture précédent, il est préférable que les élèves élaborent les consignes qu’ils devront suivre afin de les comprendre et de les appliquer au mieux. Quand ce travail d’explication est fait, les élèves commencent à travailler au brouillon. L’usage du classeur et du dictionnaire est autorisé. Il est préférable que ce travail se déroule en demi-groupe car l’enseignant pratique la double correction et procède au cas par cas pour chaque élève. En cela, le barème, si l’exercice est noté, n’est pas fixe mais s’adapte aux difficultés des élèves : par exemple, si un élève éprouve des difficultés à écrire lisiblement, le nombre de lignes à fournir sera réduit. Sera évaluée sa capacité à écrire de manière fluide et lisible en place d’un nombre de lignes à fournir. À l’inverse, si un élève écrit si vite qu’il en commet trop de fautes d’inattention, ce sera sa capacité à se relire et à se corriger qui sera évaluée. Àla fin de l’heure, les élèves emportent avec eux leur travail qu’ils poursuivront à la maison et rendront au propre et correctement présenté une semaine plus tard. L’enseignant se tient à la disposition des élèves qui n’auraient pas pu bénéficier de la double correction : ils peuvent venir le voir à tout moment pour profiter de ses conseils avant de recopier leur travail au propre.
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Élaboration des consignes.
      2. Travail d'écriture au brouillon

 

Séance 9 : « La Métamorphose d’Actéon » (2h)

      • Déroulement de la séance : Le travail mené au CDI a conduit les élèves à entamer une réflexion nuancée portant sur la question du monstre. Ce nouveau texte d’Ovide, tiré des Métamorphoses, ne présente aucune figure réellement monstrueuse mais met en scène une déesse inflexible et cruelle, figure pourtantdivine à laquelle les élèves devront réfléchir.
        Parce que le texte d’Ovide est présenté dans une traduction difficile, l’enseignant évitera de le donner à lire aux élèves sans entraînement préalable. Il sera en outre accompagné d’une planche d’illustrations visant à favoriser la compréhension du texte et à le compléter, puisqu’une image révèle la mort de Lycaon que le texte n’aborde pas. Les élèves lisent donc le texte pour eux-mêmes avant que le professeur n’en fasse une lecture à haute voix. Immédiatement après la lecture, il recueille les réactions des élèves bien souvent perturbés par le personnage de Diane car tout d’abord, ils ne comprennent pas toujours ce qu’elle fait ainsi, toute nue dans la forêt. Un travail oral de recontextualisation devra peut-être être fait autour de la toilette des dieux qui peuvent, à l’instar des humains, profiter d’un cours d’eau en pleine nature pour se rafraîchir. Après quelques questions de compréhension (orales ou écrites) visant à s’assurer que les élèves ont bien saisi le sens général du texte, l’enseignant dialogue avec les élèves et leur demande d’expliquer la réaction de la déesse : pourquoi métamorphose-t-elle Actéon ? Les élèves ont tendance à justifier la réaction de la déesse en faisant d’Actéon un voyeur qui espionnerait la déesse prenant son bain. Il faut alors reprendre le texte et inviter les élèves à prouverpar une citation qu’Actéon est un voyeur, ce qui pourrait justifier la punition qu’on lui inflige. Or, dans le texte, il est écrit qu’Actéon est « errant » : il ne sait pas où il va. De plus, il agit presque contre sa volonté puisqu’il est « poussé par le destin qui le conduit ». Autrement dit, son erreur n’est pas volontaire et quand les élèves le réalisent, la punition qu’il subit leur semble démesurée, à la fois injuste et cruelle. Un petit travail de synthèse écrite peut être fait par les élèves auxquels l’enseignant demande de résumer les réflexions faites à l’oral. Enfin, la séance peut s’achever sur un travail de réflexion autour de la question : « Dans ce texte, qui est le monstre ? » qui devra mener les élèves à formaliser leur conclusion quant à l’imperfection divine.
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Élaboration des consignes.
      2. Travail d'écriture au brouillon

 

Séance 10 : les pronoms (2h)

      • Support : Poly 7 + Manuel de Français Cycle 3 / 6e, « Fleur d’Encre », niveau 6e, édition Hachette, collection « Fleur d’Encre », 2016, p. 288.
      • Déroulement de la séance : Pour cette séance, qui repose en grande partie sur des révisions de cours antérieurs, le professeur projette au tableau un texte comportant un grand nombre de répétitions de noms propres et de GN.Par exemple : « Europe est une jeune fille qui, un jour, aperçoit Zeus. Europe n’est pas apeurée par Zeus. Zeus s’approche d’Europe et invite Europe à monter sur son dos. Puis Zeus s’éloigne du rivage, emportant Europe sur son dos ».
        Les élèves sont invités à observer ce texte et à faire des remarques. Évidemment, la répétition des noms « Zeus » et « Europe » est soulignée. L’enseignant demande alors aux élèves ce qu’ils pourraient modifier dans le texte afin de le rendre plus agréable à lire. L’enseignant note au tableau les propositions des élèves, et en particulier les termes comme « remplacer », « à la place », « pour le nom » qui serviront à la construction de la leçon. L’enseignant barre au tableau les éléments du texte que les élèves veulent voir disparaître et les remplace par des pronoms ou des GN proposés par les élèves.
      • « Europe est une jeune fille qui, un jour, aperçoit Zeus. Europe n’est pas apeurée par Zeus. Zeus s’approche d’Europe et invite Europe à monter sur son dos. Puis Zeus s’éloigne du rivage, emportant Europe sur son dos. Les cheveux d’Europe volent au vent. »
        ⇒ Europe est une jeune fille qui, un jour, aperçoit Zeus. Elle n’est pas apeurée par lui. Il s’approche d’Europe et l'invite à monter sur son dos. Puis le dieu des dieux / il s’éloigne du rivage, emportant la jeune fille sur son dos. Les cheveux de celle-ci volent au vent.
      • À partir de ces observations, les élèves doivent comprendre que le pronom, dont ils reconnaissent assez bien la forme personnelle, remplace un nom ou un GN. On peut ensuite leur faire nommer les pronoms écrits au tableau et les leur faire classer par catégories. Manque le pronom possessif : les élèves doivent inventer une phrase comportant un pronom possessif et l’ajouter au texte d’observation. Par exemple : « Zeus éprouve une grande joie ; quant à Europe, la sienneest grande également ».
        La leçon est présentée aux élèves sous forme de texte à trous qu’ils doivent compléter au moyen des observations orales faites en cours, et de ce que l’enseignant aura noté au tableau. Il est laissé un temps aux élèves pour réfléchir et restituer à l’écrit ce qu’ils ont entendu puis la correction est faite avec l’enseignant. Enfin, ce dernier propose aux élèves quelques exercices appropriés.
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Observation
      2. Leçon
      3. Exercices

 

Séance 11 : « Séances d’écriture : j’écris un petit récit de métamorphose » (2h)

      • Déroulement de la séance : Ces séances d’écriture se donnent comme une tâche finale conduisant les élèves à mobiliser toutes les connaissances brassées durant la séquence. Tout d’abord, l’enseignant leur présente les gravures de Le Brun et peut leur faire deviner ce qu’ils auront à faire : écrire la métamorphose d’un homme en animal. Mais l’enseignant étoffe ensuite la consigne : les élèves devront choisir un nom de personnage en lien avec l’animal dans lequel il s’incarnera après sa métamorphose, à l’instar d’Arachné transformée en araignée. Ils devront inventer une faute commise par ce personnage avant d’imaginer une punition. La faute pourra être grave comme le crime de Lycaon, ou relever de l’erreur, comme celle d’Actéon. Enfin, la métamorphose, racontée au présent de l’indicatif, devra être détaillée au moyen du vocabulaire des métamorphoses vu en classe, enrichie d’adjectifs qualificatifs et ne devra comporter aucune répétition. L’usage du classeur est recommandé ainsi que celui des dictionnaires. Comme pour le précédent exercice d’écriture, il est préférable que les élèves suggèrent les consignes à suivre, ce qui assure à l’enseignant qu’ils les comprennent bien. Une fois les explications données, les élèves commencent à travailler au brouillon. L’enseignant leur donne une amorce de phrase qui aura pour effet de « lancer » les élèves : « Pour avoir [crime commis par le personnage], [nom du personnage] est métamorphosé en [animal choisi par l’élève]. À la fin de l’heure, les élèves emportent avec eux leur travail qu’ils poursuivront à la maison puis en classe à l’heure suivante. Ils le rendront au propre une semaine après la deuxième heure d’écriture, correctement présenté, possiblement illustré. Pendant les deux heures, l’enseignant pratique la double correction : l’élève, après s’être relu lui-même, peut apporter son brouillon à l’enseignant afin qu’il lui signale les fautes, corrige ses erreurs et, au besoin lui rappelle et réexplique les consignes. L’enseignant se tient à la disposition des élèves qui n’auraient pas pu bénéficier de la double correction : ils peuvent venir le voir à tout moment pour profiter de ses conseils avant de recopier leur travail au propre.

 

Séance 12 : Les expressions mythologiques (2h)

      • Déroulement de la séance : Cette dernière séance est consacrée à la présentation des panneaux mythologiques réalisés par les élèves au CDI. C’est un temps important qui met en valeur les élèves qui, prévenus qu’ils devaient présenter leur travail, peuvent s’être considérablement investis. Ces derniers passent au tableau et racontent le mythe sur lequel ils ont travaillé. Puis ils répondent à la question à laquelle ils ont été amenés à réfléchir : « Qui est le monstre dans ce mythe ? ». La classe écoute et peut poser des questions, commenter les panneaux ou compléter la réflexion sur le monstre. À la suite de cette activité, l’enseignant distribue aux élèves une fiche portant sur les expressions françaises tirées des mythes. Les exercices reprennent quelques mythes vus en classe ou au CDI et sont l’occasion d’une révision générale de la séquence. Au besoin, une petite recherche à la maison viendra parachever le travail.
      • Plan de cours écrit possible :
      1. Je découvre d’autres mythes grâce au travail de mes camarades.
      2. Les expressions mythologiques.

 

Powered by : www.eponim.com - Graphisme : Thierry Mouraux   - Mentions légales                                                                                         Administration