Séquence n° 1
Préambule
Le mouvement Transitions est né du désir de reconnecter la recherche en littérature avec ses usages hors les murs universitaires. Face au diagnostic souvent assené d’une crise des Humanités, nous avions fait le pari d’articuler le discours spécialisé à d’autres pratiques des textes – à l’expérience des créateurs et des lecteurs « amateurs », aux usages de la littérature par des chercheurs venus de disciplines parfois très éloignées, à la pratique des enseignants en collège et en lycée.
Dans la lignée de l’ancien « Observatoire de l’Éducation », les premières réflexions que nous avions publiées sur l’enseignement s’articulaient notamment autour de la question de l’autorité et de la civilité à l’école ; souvent animées du ton passionné des tribunes, elles donnaient surtout une large part aux récits d’expérience par le biais de formes diverses (le croquis-reportage, le témoignage, le compte rendu d’un spectacle joué par des enfants, l’anecdote biographique fortement polémique ou programmatiquement accueillante).
Enseignante dans un collège de Seine-Saint-Denis, Virginie Huguenin comptait parmi les tout premiers membres du mouvement Transitions. Depuis plusieurs mois, elle réfléchit plus particulièrement aux conditions concrètes d'un enseignement transitionnel de la littérature. Elle a déjà livré en séminaire le récit et le commentaire de quelques expériences en classe ; elle inaugure ici une nouvelle rubrique du site en proposant aux professeurs de lettres une séquence de cours à destination des 6e. D’autres suivront, pour le collège et pour le lycée, de sa main d’abord puis de diverses sources – nous l’espérons. La tâche est ardue mais essentielle, car il y va de ce lien à tisser entre recherche universitaire et enseignement secondaire.
Par ces exercices d’application transitionnels, il s’agit pour nous de privilégier un certain partage de la littérature, qu’Hélène Merlin-Kajman a défini récemment dans Lire dans la gueule du loup et L’Animal ensorcelé. La séquence de Virginie Huguenin peut aider des collègues à « préparer la classe », comme mes instituteurs de parents le disaient encore, mais elle vise aussi la constitution d’un espace autre que la scène strictement pédagogique du cours de français. Virginie Huguenin assume ici la transmission de valeurs autres que celles qui y sont généralement promues (à l’un et à l’autre bout de la chaîne : le soupçon critique et l’admiration esthétique). La voie qu’elle emprunte, semée d’embûches et de débats, assurément, permet de se frayer un chemin…
L. F.
Virginie Huguenin est enseignante dans un collège de Seine-Saint-Denis.
« Résister au plus fort » :
peut-on prendre exemple sur les fables ?
Virginie Huguenin
07/01/2017
Une version PDF de cette séquence peut être téléchargée ici. Les polycopiés sont disponibles sous format PDF en suivant les liens indiqués ci-dessous.
Publiée le 7 janvier 2017, cette séquence a fait l'objet d'une séance de séminaire quelques jours plus tard : à la suite de cette discussion, son auteur a souhaité amender son travail (notamment la description de la séance 11), ces modifications ont été enregistrées le 18 janvier 2017.
Niveau : 6e
Durée : environ cinq semaines
Problématique de la séquence :
Les rapports de force à l'œuvre dans la fiction peuvent-ils nous aider à comprendre et à mieux vivre les rapports de force dans la vie réelle ?
Lecture :
Objectifs :
- Découvrir d’autres auteurs de fables que La Fontaine.
- Découvrir des textes poétiques mettant en scène les ruses des personnages pour se jouer de l’autre ou pour résister au puissant.
- S’interroger sur le rôle de la littérature dans la compréhension des rapports de pouvoir réels.
Langue :
- Grammaire, orthographe
- Les types de phrase.
- La ponctuation : les divers points, les majuscules.
- Quelques homophones à adapter selon les classes. - Le Verbe
- Verbe conjugué et verbe à l’infinitif.
- Morphologie du verbe : radical et terminaisons.
- Les temps du récit : passé simple (P3 du 1er groupe). - Lexique
- Vocabulaire de la poésie.
- Vocabulaire de la ruse, du mensonge.
- Quelques homophones à adapter selon les classes.
Oral :
- Raconter une expérience de tromperie.
- Lire à voix haute un texte préparé à la maison.
- S’exprimer dans un niveau de langue approprié.
Écriture :
- Écrire une courte morale.
- Improviser le récit d’une fable à partir d’une image.
- Recopier un texte sans faute.
Histoire des arts :
- Aborder l’illustration des fables : les illustrations de Doré, Grandville, Vimar et Chagall.
Séance 1 : Lecture d'images (1h)
- Support : Poly 1
- Déroulement de la séance : Dans un premier temps, les élèves observent silencieusement les illustrations de Chagall. Ils doivent associer, avec l’aide de l’enseignant, chaque image à un titre et à un extrait de fable. Cette activité permet de sonder la connaissance que les élèves ont des fables de La Fontaine, sans discrimination puisqu’aucune connaissance préalable n’est requise. Elle permet également d’évaluer rapidement la compréhension qu’ont les élèves des textes, qu’on peut faire lire à voix haute à quelques élèves volontaires. Dans un second temps, l’enseignant incite les élèves à réfléchir aux rapports qu’entretiennent les animaux entre eux. Ce rapport est-il amical ou antagoniste ? Il s’agit de rendre les élèves sensibles au fait que les fables de La Fontaine mettent en scène des rapports de force où, très souvent, un animal est dominé par un autre, plus fort en taille et/ou en intelligence. Il conviendra de laisser les élèves arriver à cette conclusion par eux-mêmes et de les faire s’exprimer sur ce qu’ils pensent de ces rapports de force.
D’une séance à l’autre, l’enseignant demande aux élèves de mener une recherche sur La Fontaine. En classe, avec le professeur, les élèves font une biographie succincte du fabuliste. Au cours de cette séance, l’enseignant peut faire un petit cours de méthodologie pour indiquer aux élèves ce qu’il est important de retenir, les ressources à consulter, la manière de présenter son travail, etc. - Plan de cours écrit possible :
- Lecture d’images
- Qui est La Fontaine ?
- Le rapport entre les animaux
Séance 2 : Le vocabulaire de la poésie (1h)
- Support : Poly 2
- Déroulement de la séance : Le professeur lit la fable du « Loup et l’Agneau » avec les élèves sans éclaircir le sens des mots qu’ils ne comprennent pas : l’enseignant apprend aux élèves à se dessaisir d’un réflexe de compréhension « au pied de la lettre » pour leur permettre d’accéder à une compréhension plus globale et métaphorique du poème. L’enseignant s’assure par quelques questions orales que les élèves ont globalement compris le sens du texte, puis la classe complète la légende du polycopié. Cette activité vise à leur donner du vocabulaire pour nommer correctement les éléments textuels dont on parlera tout au long de la séquence. Les élèves, guidés par l’enseignant, s’entraînent ensuite à lire la fable en endossant un rôle : soit celui du Loup, soit celui de l’Agneau, soit celui du narrateur, témoin de la scène. Quelques règles de lecture peuvent être notées (la prononciation des [e] avant consonne et les liaisons, notamment) mais l’activité qui suivra aura essentiellement pour but de les faire entrer alternativement dans la peau de l’agresseur (le Loup), dans la peau de la victime (l’Agneau) ou dans la peau du témoin (le narrateur). Enfin, les élèves choisissent un rôle. Une activité de lecture centrée sur la partie qu’ils ont à travailler peut commencer en classe ; poursuivie à la maison, elle devra les amener à pouvoir lire à voix haute, et de manière fluide et vivante, une partie de la fable devant leurs camarades, en endossant le rôle qu’ils auront choisi. La classe sera amenée à s’exprimer sur la prestation de chaque groupe (et un travail sur la bienveillance envers autrui pourra être mené dans ce cadre). Ces activités développent le goût de la lecture partagée, entraînent les élèves à la lecture à « haute voix » et les amènent à s’écouter les uns les autres.
- En demi-groupe : Les élèves forment des groupes de trois et s’entraînent à lire la poésie de manière expressive. Cette activité implique que les élèves choisissent un rôle, or il se peut qu’ils veuillent en changer au bout de quelques séances. Il faut d’abord faire en sorte qu’ils s’y tiennent, non seulement pour ne pas chambouler les groupes, mais surtout pour attiser en eux ce désir. Par la suite, ils auront l’occasion de changer de rôle, par des lectures, des exercices d’écriture et de réflexion. Les élèves s’entraînent jusqu’à parvenir à une lecture très fluide. Au terme de l’exercice (qui peut prendre quelques séances), chaque groupe présente son travail à la classe tout en étant enregistré par l’enseignant. À l’aide de cet enregistrement, la classe réfléchit à ce qui peut être amélioré dans la prestation de chacun et les groupes poursuivent leur travail, en tenant compte des remarques qui leur ont été faites. Un enregistrement final peut faire l’objet d’une notation.
- Plan de cours écrit possible :
- Le vocabulaire de la poésie (avec polycopié).
- Les règles de la lecture poétique.
Séance 3 : « Le Corbeau et le Renard » (3h)
- Support : Poly 4 (recto)
- Déroulement de la séance : Les élèves lisent la fable en silence puis l’enseignant la lit à voix haute. Pendant leur lecture, les élèves sont autorisés à souligner les mots qu’ils ne comprennent pas. Un premier travail en petits groupes peut consister à faire chercher aux élèves le vocabulaire inconnu dans un dictionnaire, quand ils n’en devinent pas le sens par eux-mêmes et quand la lecture expressive de l’enseignant ne les a pas davantage éclairés. Par quelques questions orales, l’enseignant s’assure que le texte a été compris. L’analyse du texte pourra porter sur la parole persuasive du renard qui flatte le corbeau : l’emphase de son discours pourra être étudiée à travers le vocabulaire de la flatterie (il s’agit de donner des mots aux élèves pour leur permettre d’exprimer cette tromperie dont est victime le Corbeau). Ce travail peut permettre d’introduire également une leçon sur les types de phrases. Enfin, une activité d’écriture visant à amener les élèves à réfléchir au personnage du Corbeau, auquel ils n’ont pas forcément envie de s’identifier, peut être proposée par l’enseignant. Ce travail vise à développer l’empathie de l’élève en l’amenant à se mettre à la place de ce personnage trompé : « Me suis-je un jour trouvé à la place du Corbeau, dupé après avoir fait confiance à quelqu’un ? » ou bien « Me suis-je un jour trouvé à la place du Renard, en position de duper quelqu’un ? » Les élèves pourront traiter un sujet au choix.
- Plan de cours écrit possible :
- Le vocabulaire de la poésie
- Compréhension du texte
- Analyse du texte
- Les types de phrases
- Exercice d’écriture
Séance 4 : La phrase simple (2h)
- Support : Poly 3
- Déroulement de la séance : Cette séance de grammaire est décloisonnée. Les élèves seront amenés à étudier le fonctionnement de la phrase simple grâce à des exercices d’observation visant à leur permettre d’élaborer une leçon. Les élèves complètent eux-mêmes la leçon à trous à l’aide d’un vocabulaire qu’ils maîtrisent. Cette manière de faire réduit le risque d’introduire dans la leçon des mots que les élèves ne comprennent pas. La classe s’entraîne ensuite à l’aide de quelques exercices que les élèves les plus avancés peuvent élaborer pour leurs camarades. Il est possible de les amener à réutiliser le vocabulaire étudié lors des séances précédentes.
- Plan de cours écrit possible :
- Observation
- Leçon
- Exercices
Séance 5 : « La Cigale et la Fourmi » (3h)
- Support : Poly 4 (verso)
- Déroulement de la séance : Après que les élèves ont lu la fable en silence, le professeur la lit à voix haute. Les élèves soulignent les mots qu’ils ne comprennent pas. La première activité de compréhension consistera à en chercher le sens sans l’aide du dictionnaire. Ce travail peut être mené en petits groupes : la consigne serait de chercher des synonymes des mots inconnus, en s’efforçant d’en deviner le sens. Ce travail vise à permettre aux élèves de surmonter les difficultés de compréhension d’une langue difficile en cherchant dans le contexte de la phrase le sens qui leur fait défaut, et en faisant travailler leur imagination. Après que l’enseignant s’est assuré que les élèves comprennent globalement le sens de la fable, une activité analytique visant à étudier les formes que prend le rapport de force entre les personnages peut être menée. L’ascendant de la Fourmi sur la Cigale peut être étudié notamment à travers les types de phrase qui feront l’objet d’une révision, voire d’un approfondissement. En effet, la Fourmi donne des ordres dans des phrases à la fois injonctives et exclamatives, questionne et réclame des justifications. Après avoir étudié formellement la colère de la Fourmi, il s’agira de s’interroger sur ses motivations. Pourquoi réagit-elle ainsi ? Les élèves doivent faire l’effort de percevoir et de comprendre sa colère avant de se tourner vers la Cigale et de s’interroger sur le sort qui l’attend, que la fable élude : qu’adviendra-t-il de la Cigale si la Fourmi ne l’aide pas ? La Cigale, pour n’avoir fait que chanter, mérite-t-elle pour autant la fin funeste qui l’attend ? Comment la Fourmi peut-elle l’aider sans refouler le mécontentement qui l’anime ? Quelle forme (autre que le sarcasme et le rejet) peut prendre ce mécontentement ? Ces questions pourront donner lieu à des débats en petits groupes où chacun devra essayer d’imaginer un compromis pouvant résoudre la situation conflictuelle de la Cigale et la Fourmi. Cette activité en appelle déjà à la capacité des élèves à s’identifier aux personnages ; la lecture des illustrations de la fable réalisées par Vimar, Doré et Grandville devrait renforcer cette identification en pointant la figure de la personnification qui œuvre dans les images comme dans la fable. Une fonction de la fable se dégage alors : celle d’enseigner, de tirer des leçons des événements qui adviennent, comme si nous étions la Cigale ou la Fourmi. Cependant, sur la question de l’enseignement, un travail très important doit être mené ici : l’enseignement, délivré par le texte, et, in fine, par le cours, n’est pas magistral et ne saurait se réduire à une morale à retenir. Mais il vise assurément à faire acquérir aux élèves la capacité d’entrer en empathie et de chercher un compromis satisfaisant les différents partis. Les groupes d’élèves passent à l’oral pour exposer leur travail et la classe débat des différentes solutions proposées.
- Plan de cours écrit possible :
- Le vocabulaire de la fable
- Compréhension et analyse : la colère de la Fourmi
a- Pourquoi la Fourmi est-elle en colère ?
b- Comment voit-on qu’elle est en colère ?
c- Les conséquences possibles du comportement de la Fourmi. - Exercice de réflexion en groupe : peut-on imaginer une autre histoire permettant de réconcilier la Cigale et la Fourmi ?
Séance 6 : La morphologie du verbe (2h)
- Support : Poly 5
- Déroulement de la séance : Cette séance de grammaire est décloisonnée. Les élèves sont amenés à étudier le fonctionnement de la morphologie du verbe grâce à des exercices d’observation. Un polycopié à compléter portant sur la morphologie du verbe et la terminaison des verbes du 1er groupe au passé simple à la troisième personne est distribué aux élèves. À l’aide d’un vocabulaire qu’il maîtrise pour l’avoir probablement étudié à l’école primaire, les élèves complètent le polycopié avec l’aide de l’enseignant. Cette manière de faire doit motiver le plaisir de la remémoration et mettre en confiance les plus faibles. Les élèves s’entraînent ensuite à l’aide de quelques exercices proposés par l’enseignant ou que les élèves plus avancés peuvent élaborer pour leurs camarades.
- Plan de cours écrit possible :
- Observation
- Leçon
- Exercices
Séance 7 : « La Fourmi et la Cigale », Raymond Queneau (2h)
- Support : Poly 6
- Déroulement de la séance : Comme dans les autres séances, le professeur écrit le titre de la séance au tableau. Cependant il attend, avant de distribuer le polycopié, que les élèves s’expriment sur le sens de ce titre « inversé » par rapport à celui de la fable de La Fontaine. Que laisse espérer le titre du texte ? Une première activité (individuelle ou en groupe) peut être menée afin que s’énoncent les attentes des élèves concernant le texte qu’ils vont lire. Quelques propositions peuvent être écoutées, l’enseignant s’efforçant de garder le mystère le temps que tous les élèves s’expriment. Les élèves vont souvent imaginer que la Cigale prend la place de la Fourmi et se venge en la condamnant à cette fin funeste qu’elle connaît elle-même chez La Fontaine. Des fantasmes parfois cruels s’expriment, surtout quand les élèves sont entrés en empathie avec la Cigale de La Fontaine. Or, la fable de Queneau, sans cruauté aucune, déplace les scénarios de vengeance violente vers une résolution « civile » du conflit qui sur le plan fictif apaise les relations et, dans la classe, l’excitation des élèves. L’enseignant finit par distribuer le texte et laisse les élèves le découvrir avant d’en faire la lecture (enjouée, comme y invite le sens du texte). Il éclaircit ensuite le sens des mots inconnus et procède, avec les élèves, à un travail de compréhension. Un travail sur les registres de langue peut être mené à partir de ce texte, en lien avec son analyse : on peut par exemple étudier le mot « patatratement » et chercher avec les élèves son origine et ses consonances enfantines qui accentuent le caractère innocent de la Fourmi, très différente de celle de La Fontaine. Il conviendra également d’étudier en quoi la chute du niveau de langue (« choit » / « patatratement ») mime la chute de la Fourmi tout en renversant l’ordre des choses établi préalablement par la fable de La Fontaine.
- Plan de cours écrit possible :
- Compréhension du texte
- Analyse
- Qu’est-ce qu’une contrefable ?
- Les registres de langue.
- Exercices.
Séance 8 : Les homophones (2h)
- Support : Manuel de Français niveau 6e, édition Nathan, collection « Terre des Lettres », 2010.
- Déroulement de la séance : Cette séance de grammaire est décloisonnée. Elle entend remédier à un problème d’orthographe récurrent chez les élèves : la confusion des homophones. L’enseignant propose un exercice d’observation visant l’étude de deux homophones. Il interroge la classe sur ces homophones et ce sont les élèves qui dictent la leçon, en s’appuyant sur leurs connaissances préalables. Cette manière de faire doit activer le plaisir de la remémoration et mettre en confiance les plus faibles. Les élèves s’entraînent ensuite à l’aide de quelques exercices proposés par l’enseignant ou que les élèves plus avancés peuvent élaborer pour leurs camarades.
- Plan de cours écrit possible :
- Observation
- Leçon
- Exercices
Séance 9 : « Le Renard et le Corbeau », Jean-Luc Moreau (2h)
- Support : poly 8
- Déroulement de la séance : L’enseignant distribue le texte et laisse les élèves le découvrir avant d’en faire la lecture à voix haute. Il éclaircit ensuite le sens des mots inconnus et procède, avec les élèves, à un travail de compréhension. L’analyse peut en passer par l’étude des niveaux de langue de la fable dont la chute (enfantine, là encore, grâce à l’utilisation de termes comme « rigoler » et « dégringoler ») permet le renversement du rapport de force. Ce dernier peut alors être vécu sans douleur par l’élève qui se serait identifié au Renard. Il s’agira dans cette séance d’approfondir le rôle de la contrefable : elle sert à divertir, certes, mais elle sert également à inverser les rapports de force, à « résister au plus fort » mais par un rire « civil », sans brutalité.
- Plan de cours écrit possible :
- Compréhension du texte
- Analyse
- Qu’est-ce qu’une contrefable ?
- Les registres de langue.
- Exercices.
Séance 10 : Écrivons une fable (1h)
- Support : poly 7
- Déroulement de la séance : La petite bande-dessinée est projetée au tableau. Elle ne contient aucune bulle, aucun commentaire : le travail des élèves consiste donc à écrire le texte en endossant le rôle du narrateur. Pour accompagner les élèves, l’enseignant peut dans un premier temps leur faire décrire à l’oral ce qu’ils voient et noter quelques mots clés au tableau. Quand les élèves se sont exprimés à l’oral, ils peuvent passer à l’écrit pour rédiger le commentaire de l’image en s’aidant des mots clés. La classe, aidée par l’enseignant, rédige alors une petite fable. Les élèves peuvent suggérer, proposer, corriger des choses tandis que l’enseignant prend en note les propositions des élèves. À la maison, les élèves devront recopier au propre la fable et l’illustrer en cherchant une illustration ou en dessinant une illustration qui leur semble adaptée. Il s'agit ici de leur permettre de se réapproprier, depuis le texte jusqu'à l'illustration, l'ensemble de la fable. Ils devront également inventer une petite morale pour cette fable, en s’appuyant sur le cours et les morales qu’ils auront lues dans les fables étudiées en cours. La forme de la morale écrite doit respecter quelques règles comme celle de l’utilisation du présent de vérité générale, du pronom impersonnel « on » et de la concision afin que l’enseignant soit en mesure d’évaluer si l’élève sait reconnaître un énoncé moralisateur. Mais dans le fond, la morale qu’il écrit peut (et même doit), au contraire de celle de La Fontaine, exprimer une ambivalence ou un questionnement. Cet exercice d’écriture a donc pour but de vérifier que les élèves ont bien compris que les fables n’ont pas seulement cette visée didactique et moralisatrice que les élèves leur supposent. Etudiées toutes ensemble, elles s’interrogent et se répondent, questionnent des états de faits, font jaillir des problèmes et envisagent des solutions sans souci autre que l’enjeu de vivre ensemble.
Séance 11 : La Fontaine dans le métro (1h)
- Support : poly 9
- Déroulement de la séance :L’enseignant commence par projeter le polycopié en zoomant sur les affiches de la RATP. À l’oral, il invite les élèves à remarquer les éléments empruntés à La Fontaine : le personnel animalier, la personnification mais aussi le texte court joint aux images qui rappelle la morale des fables. Puis il les questionne : à quoi servent ces affiches ? Quel est le but de cette campagne ? Les élèves, après l’étude des fables, doivent être en mesure de dégager le but didactique de ces affiches mais aussi ce qu’elles peuvent avoir de plaisant (notamment le fait qu’elle joue sur une référence connue de tous). Il s’agira par la suite d’intéresser les élèves à la visée de cette campagne, dans une réflexion sur les incivilités qu’ils pourront nourrir d’exemples empruntés à leur vie quotidienne. Cette réflexion peut être faite à l’écrit par les élèves avant d’être reprise à l’oral. Tout l’enjeu sera de définir ce qu’est une incivilité et en creux, la civilité. À partir de cette définition, les élèves sont invités pendant quelques minutes à faire le récit d’une expérience : ont-ils déjà été victimes d’incivilité dans les transports ? Enfin, l’enseignant intéressera les élèves à la forme de cette lutte : la campagne de la RATP est-elle efficace ? Plaisante ? Pourquoi ? Toutes les remarques pourront être écoutées. À la lumière de la définition qu’on aura donnée de la civilité, certains élèves peuvent souligner qu’il faut distinguer des comportements que la campagne amalgame : frauder, est-ce comme ignorer une personne âgée qui a besoin de s’asseoir ? Pour qui œuvre vraiment cette campagne? Selon le niveau des élèves, la réflexion peut s’étendre à l’usage que la RATP fait de la personnification, loin de celui, léger, jamais insistant, de La Fontaine. L’usager jugé « incivil » peut-il réellement modifier son comportement quand on l’enferme dans l’image réductrice d’un paresseux par exemple ? Enfin, les dernières minutes de la séance pourront être consacrées à la parodie moqueuse de cette campagne par les usagers des transports. Il s’agira, dans la continuité du travail critique entamé plus haut, d’inviter les élèves à confronter les différents points de vue.
- Plan de cours écrit possible :
- Qu’est-ce qu’une incivilité ?
- Mon expérience
- La campagne de la RATP est-elle plaisante ?
- La parodie des usagers