Hélène Merlin-Kajman
22 septembre 2012
Provocations
A la fin nous sommes las des effets chocs et des provocations. Las de la fascination pour les explosifs et les mitraillettes. Las que l’on confonde liberté d’expression et affolement de la signification, intensité et décharges d’adrénaline.
Nous n’attendons plus rien de ces styles anciens.
L’exergue de Gilbert Cabasso écrit sur une citation de Camille de Toledo fournit un synonyme heureux à l’idée transitionnelle : « l’école de l’entre ».
Nulle tiédeur là, nul marais. Il s’agit de respiration. Le questionnaire sur la littérature est là pour ça : merci, cette semaine, à Clarethemadmary d’y avoir répondu. Et merci à Louis Villers de nous avoir confié « juste » deux photos.
Nous avons lancé le thème de la beauté pour cette même raison. Sans ignorer de quoi elle a pu être le masque, nous espérons en relancer le goût, en reparcourir les questions. Merci à Anne E. Berger de nous rappeler avec force que la beauté littéraire n’a pas toujours été une manière de se retirer du monde, pas même au XIXe siècle ; mais, conformément à la phrase vibrante d’Aimé Césaire selon laquelle « La justice écoute aux portes de la beauté », qu’elle peut au contraire se mettre au service d’une demande de partage et d’une remontrance juste (ici, celle du député de la Martinique, Serge Letchimy, dénonçant, le 7 février 2012, les propos de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, sur la hiérarchie des « civilisations ») , devenant alors une « “multiplicatrice” de l’intensité politique ».
De la beauté, nous pouvons nous emparer, non pour la contempler ensemble, non pour espérer qu’elle nous soude, mais pour que, éclairant un espace propice, elle nous fasse nous reconnaître, visage après visage, et entre-connaître.