Hélène Merlin-Kajman
12 Avril 2020
Autrui ?
L’adage retenu pour la semaine prochaine est un adage connu : « Il est doux d’assister de la terre aux rudes épreuves d’autrui ». Il ouvre le second livre du De Rerum natura de Lucrèce et, comme le signale mon Dictionnaire des sentences latines et grecques, « la littérature, toutes époques confondues, abonde en variations sur ce thème » (Renzo Tosi, Jérôme Million, 2010, p. 569-570). Il me semble même avoir lu quelque part qu’il serait consubstantiel au geste de la littérature : car ce serait seulement de la terre ferme qu’on pourrait décrire la tempête et en tirer du plaisir pour en donner - pas en plein dedans. La terre ferme de l’imagination, en somme ?
Cet adage, entrée en scène imaginée de la littérature, m’a toujours beaucoup troublée, malgré l’admiration que je porte à Lucrèce (qui cependant précise tout de suite : « non que le tourment soit jamais un doux plaisir »). Je me suis dit que c’était le moment de le/la sonder. Mais je ne pouvais pas en proposer le commentaire sans précision ni vous faire part de mon malaise initial…
Du reste, vous le remarquerez, un sablier, ça n’est sûrement pas de la terre ferme…
Mais pour aujourd’hui :
Voici l’adage de Laurent Carceles (« En voyage, le trajet le plus long à franchir est la porte »), de Marie-Dominique Laporte et le mien (« Tout le monde sait naviguer par temps calme »).
Et voici les grains de sable de Natacha Israël (« Ce que je vois et entends par la fenêtre »), de Carole Atem qui écrit son bel « Etrangetés et solitudes » depuis Tahiti, de Théo Gasq, d'Augustin Leroy, et de Lucie Leperck (« Etrangetés et solitudes ») ; enfin de Guido Furci et encore moi (« Téléphone »).
Enfin, voici le thème de sablier que nous avons retenu pour la prochaine semaine : les gestes. Mais nous poursuivrons les précédents.
H.M.-K.
Nous attendons vos textes.
Prochain sablier : les gestes
Prochaine saynète : un texte de Blaise Cendrars.
Prochains adages : « Il est doux d’assister de la terre aux rudes épreuves d’autrui »; « Une hirondelle ne fait pas le printemps »;