Hélène Merlin-Kajman
19 avril 2014
« ...Où allons-nous ? »
Araignée de fluor, qui se « préoccupe comme d’une guigne de l’avis de ceux qui ne sont pas [s]es amis », a dix-neuf ans. Ses réponses sont alertes, sincères, aigres-douces. J’aime qu’à la question de savoir s’il est grave que les enfants ne parviennent pas à lire, elle réponde : « C’est grave, mais pas dramatique. On peut écouter aussi. » La vie ne se referme pas de façon binaire...
La publication, aujourd’hui, de la cinquième et avant-dernière session du colloque « Littérature » : où allons-nous ? organisé par Transitions les 3, 4 et 5 octobre 2012, session consacrée à la « dislocation de la discipline » (littéraire), prépare nettement notre prochain colloque (Littéraires : de quoi sommes-nous les spécialistes ?) - auquel le nouveau « dreamscape » de Mary Shaw pourrait en retour servir de contrepoint. Leurs paysages oniriques se déforment toujours. Ici tout commence dans un colloque où quelqu’un égratigne des citations de Mallarmé sans que la rêveuse puisse intervenir (Mary Shaw est « spécialiste » de Mallarmé – mais la rêveuse confie : « i’m really no longer interested in research, or in scholarship at all ») avant qu’une boîte en métal, troublant le havre de paix d’une plage japonaise, ne lui adresse en anglais d’impitoyables informations touristiques...
... Où allons-nous ? La perplexité est de mise, pas le désespoir : la question non plus n'est pas binaire... Elle est vigilance, elle est frayage - certainement pas catastrophe annoncée.
Et pour l’exergue, j’ai choisi de vous faire entendre, autre écho à nos préoccupations littéraires et transitionnelles, une citation de Mimesis d’Erich Auerbach.