Hélène Merlin-Kajman
09 mars 2013
« Nous »
La vie simple, disais-je la semaine dernière. Le nouveau « Trope » d’Helio Milner joue comme toujours de la simplicité jusqu’aux confins de la bêtise pour lui arracher un petit souffle d’allégresse.
La vie simple, donc. Mais cela ne peut en aucun cas devenir un slogan. Nous avons reçu un lien vers une vidéo qui nous est apparue tout à la fois bouleversante, importante, excessive, proche, irritante, riche, belle ... On peut la regarder et la trouver presque arrogante, avec sa forme si déclarative : non pas un manifeste de moins, mais un manifeste de plus, un manifeste en trop ?
Mais ce serait sans doute la... simplifier. Car on peut aussi la regarder et la trouver indispensable, avec sa curieuse et contradictoire politesse, sa forme hésitant entre la conversation et le choeur, en écho avec la question du théâtre, son premier objet. Elle proteste contre la brutalisation des moeurs esthétiques, du partage du sensible, mais ne fait encore aucune proposition – ils sont jeunes, ils ont le temps. Avec une intense tristesse, mais aussi colère, espoir, promesse de joie, elle publie la tristesse dans laquelle le régime violent des images (publicité, pornographie) plonge les très jeunes. Nous sommes pour ! Mais à certains moments - pas les mêmes pour tous -, nous sommes franchement contre...
« Nous » : et pas d’accord entre nous – pas le même « nous » que le leur ? Bref : « nous », avec guillemets. Non par ironie, non par détachement – surtout pas ! - mais parce que nous avons décidé de préférer le désaccord à l’accord, le conflit à l’harmonie, et de garder à la tension entre intensité et civilité tout son inconfort...
Nos exergues, ainsi, ne parlent pas tous à l’unisson. L’axe du temps, par exemple. Il nous laisse parfois désemparés. Parfois sereins et confiants. D’autres fois, mélancoliques. Entre le passé et l’avenir, faudrait-il choisir ? L’exergue de François-Ronan Dubois, aujourd’hui, sur une citation de Roberto Juarroz, propose de faire confiance aux « sentes oubliées »...