26 novembre 2011
Hélène Merlin-Kajman
La grâce serait-elle « une aventure où la vieille tâche d'homme signifie » ? On sent poindre comme un oxymore. Que pourraient bien avoir en commun la « forme prépolitique de survie » que Marie-Hélène Boblet, à l'occasion d'une phrase de François Bon, voit dans le roman, et cette scénographie des œuvres galantes qu'évoque Delphine Denis à partir d'un vers célèbre de La Fontaine? Il serait tentant d'enchaîner : « et pourtant... » Non. Pas d'et pourtant. L'usine et le salon mondain n'ont, dans l'histoire, rien à voir. Il en va autrement quand nous nous en emparons, dans le for intérieur de la lecture, dans nos cours aussi : divers chemins sont bons à frayer. « Que la notion de "littérature" ait sa légitimité ne l'empêche pas de se briser intérieurement dès qu'elle se demande, dès qu'on lui demande de quoi elle est faite », écrit François Cornilliat dans sa réponse au questionnaire, et « il n'y a pas (toujours) lieu de faire de ce mécanisme un traumatisme ». En somme, la « vieille tâche d'homme » est boîteuse - ou se déboîte ; et, paradoxe grave et cocasse, ou peut-être simplement merveilleux, c'est ici la grâce « plus belle encor que la beauté » qui nous le signale.