Hélène Merlin-Kajman
14 juin 2014
Disparate
Le disparate est-il transitionnel ? Et ma question est-elle plus qu’une facilité rhétorique face à un ensemble... disparate ?
Mais oui. Dans ce disparate, des éléments peuvent s’aimanter sans qu’il soit simple (ou souhaitable) de les expliciter. Alors, c’est bien quelque chose comme notre transitionnalité qui transparaît.
Par exemple, dans le trajet fragmenté par lequel François Cornilliat nous invite à reparcourir, une fois encore, le colloque « “Littérature” : où allons-nous ? » ;
ou dans les échos – ironiques ? ou au contraire en quelque sorte mystiques ? – qui se tissent entre l’inquiétante étrangeté du tableau double d’Henri Ekman et les deux volets du dernier dreamscape de Mary Shaw, one picture in particular ;
ou dans l’étrangeté inquiétante, mais captivante, des lettres capitales de certaines réponses de Michel de Beldou à notre questionnaire sur la littérature ;
ou encore, dans l’effet d’attirance que produisent sur nous les raisonnements contrefactuels tels que ceux que Christopher Prendergast présente dans sa réflexion sur l’histoire littéraire ;
ou enfin dans l’involontaire mise en abyme qu’offrent la citation de Saint-John-Perse, avec sa célébration de la poésie comme « fille de l’étonnement », et le pas-de-côté par lequel Gilbert Cabasso amorce l’exergue qu’il lui consacre.
Oui, la contingence de nos assemblages (« CHANCE », dirait Michel de Beldou ?) parle, ô combien justement, de la cohérence des questions – et non pas nécessairement des réponses - que nous accueillons.
A tout ceci s'ajoute enfin la présentation éclair (c’est-à-dire lumineuse) de L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme de Max Weber par laquelle Patrick Hochart clôt le séminaire « Critique sentimentale » de l’année 2013-2014. Par les temps qui courent, ce sont des hypothèses toujours bonnes à méditer.