Juste un mouvement n° 3    

                                                            

 

 

Brooklyn

  


François Cornilliat
Uri Eisenzweig

21/06/2014
                                                            

 

 

          

Le généreux hiver
La veste de travers
Me verse avec le soir
Un verre de bière noire
Je noie dans ce toxique
Des plantes du Mexique
Quelques piments croqués
Pour réchauffer les quais
Désertés de décembre
Qui voient la nuit descendre
Sur un monde interdit
Cinq heures après midi
 

Mes yeux plongent dans l’East
River en fatalistes
Je regarde le ciel
Brûler des caravelles
Dans le calme des eaux
Au-dessous de zéro
Je regarde en tremblant
S’allumer les voyants
Du grand tableau de bord
Qui gouverne le port
Vertical de la nuit
Cinq heures après midi

J’ai repris mon chemin
Entre les murs carmin
Des mosquées du Niger
Sous la neige légère
Et le parfum s’efface
D’un matin de Madras
La musique s’enroule
Aux escaliers de rouille
On ne visite pas
Où se perdent mes pas
Je trouve des amis
Cinq heures après midi
 

Sans doute ai-je rêvé
La guerre n’a pas cessé
Les frontières sont étanches
On tombe comme on penche
Du côté de chez soi
En grelottant de froid
On ne traverse rien
Pas même le chagrin
De ne pas traverser
La guerre n’a pas cessé
J’ai trouvé un taxi
Cinq heures après midi
 

    

© François Cornilliat and Uri Eisenzweig, USA

 
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