Séminaire de P. Hochart et P. Pachet :
séance du 10 octobre 2014            

Notre séminaire « Critique sentimentale » reprend le vendredi 10 octobre, de 13h à 15h, à la Sorbonne, salle Max-Milner, escalier B (à gauche après le porche rue de la Sorbonne) 2ème étage, sous l'égide de l'École doctorale de Paris-III, E A 174, "Formes et idées de la Renaissance aux Lumières".

Cette première séance sera consacrée à la lecture de pages de l'essai historique de l'intellectuel « libéral » (de gauche) américain Michael Walzer, La révolution des saints (1965, tr. fr. Belin 1987).

Dans la suite de l'ouvrage de Max Weber L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme que nous avions abordé l'an dernier, Walzer s'intéresse à la « modernisation » et à la « rationalisation » des sociétés qui se dégagent du monde féodal.

Walzer considère non l'émergence de l'entrepreneur et de son sens de la responsabilité individuelle, mais celle du militant moderne, dont le modèle est selon lui le puritain calviniste, le « saint ». Celui-ci, souvent un exilé, un homme sans racines, s'engage corps et âme dans un nouveau type d'organisations, vouées à "réformer" (c'est-à-dire refonder) la Réforme elle-même, et du coup l'ensemble de la société. Aussi Walzer peut-il voir dans le saint l'anticipation du jacobin, puis du militant bolchevik.

Apparaît aussi « l'idéologie », ensemble de pensées, d'expressions, d'images aptes à décrire le monde social et les transformations que les huguenots ou les exilés veulent lui faire subir. C'est ce que Walzer étudie dans les milliers de sermons, de pamphlets que ces esprits agités et féconds ont rédigés, aussi bien les aristocrates huguenots que les « exilés de Marie » en France, en Italie, en Allemagne, à Genève (exilés à la suite de l'avènement de la reine catholique Marie Tudor), plus proches du modèle du « saint » détaché de la société féodale.

Ainsi se fortifie un état d'esprit - consciencieux, obéissant et révolté - enclin à l'innovation politique et à la résistance aux tyrans, dont l'expression la plus aboutie sera la révolution anglaise du XVII° siècle, avec la figure de Cromwell.

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