Augustin Leroy

 


11 juin 2022

Vents d'été

Lettre mensuelle ou bulletin météo, quelle différence ? C’est toujours du temps vécu et adressé qui passe et même, parfois, touche, synchronise : « ah tiens, si pendant un instant, vous et moi étions du même temps, de la même lecture, sous le même ciel... »

Nos phrases sont-elles des gouttes de pluie venues de nos orages intérieurs ou des fleurs qui s’abreuvent de nos tourments ?

Fleurs ou gouttes, ça circule et vole au vent, comme en ce début de juin les textes reçus en bouquet pour notre feu d’artifice d’adages, qui se terminera le mois prochain. Michèle Rosselini nous en souffle quatre (un, deux, trois, quatre) et Guido Furci, merveilleux voisin amoureux du bruit, y répond, d’un écho lointain, résolument différent.

Du reste, le temps qu’il fait et le temps qui passe s’adossent l’un à l’autre. Dans sa saynète, Hélène Merlin-Kajman laisse divaguer sa mémoire, qui ricoche sur les eaux de Paris en crue et en siège, tandis que le commentaire de Guido Furci autour du même texte, découvre dans le genre de la chronique la possibilité « d’établir un système de rimes entre les époques ».

Au fond, c’est bien de l’épineuse question de « notre » temps dont il s’agit, et de la façon dont  « nous » pouvons recevoir et juger les tourments du passé qui tourmentent également le présent. Guido Furci, dans sa conversation critique, revient ainsi sur le livre de Claude Mouchard autour des oeuvres-témoignages, tandis qu'Hélène Merlin-Kajman et moi-même discutons, avec Hall Bjørnstad, de la valeur des Mémoires que Louis XIV destine à son successeur. Du XVIIe au XXe siècle jaillissent des voix d’outre-tombe, et pourtant, « le soleil ni la mort ne se peuvent se regarder fixement », écrivait La Rochefoucauld. C'est pourquoi les merveilleux nuages protègent des éblouissements, en donnant à l’ombre sa part.

A. L.

 

Prochaine conversation critique : un texte de Carlo Ginzburg

Prochaine saynète : un poème d'Henri Michaux.

Dernier bouquet d'adages : Vieille amitié ne craint pas la rouille ; Dindon perché, temps moullé ;  Parez la pierre, elle devient merveille ; Envie passe avarice

 

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