Colloque « Littérature et trauma »

organisé pour Transitions par Hélène Merlin-Kajman
avec l'aide de Tiphaine Pocquet et Éva Avian

Jeudi 13, vendredi 14 et samedi 15 décembre 2018

Jeudi 13 décembre, 8h30-18h30, Maison de la Recherche, salle du conseil

Vendredi 14 décembre, 8h30-18h30, Cité universitaire, Grand salon du collège néerlandais

Samedi 15 décembre, 8h30-17h30, Cité universitaire, Maison de la Norvège

 

 

ARGUMENT

 

« Littérature et trauma » : un tel sujet de colloque, presque impensable en France il y a une vingtaine d’années, est devenu banal. Le traumatisme présente désormais dans nos discours, dans notre regard sur le monde, un caractère d’évidence qu’il ne présentait pas alors. Programmant notre immédiate sympathie pour ses victimes, il organise le jugement moral que nous portons sur bon nombre d’actions et oriente un nombre croissant de nos conduites. Récemment, il s’est même imposé dans l’enseignement à travers la pratique du trigger warning, par laquelle les enseignants ont le devoir d’avertir les élèves des contenus de cours susceptibles de les blesser en leur rappelant un traumatisme qu’ils pourraient avoir subi. Mais à un tout autre niveau d’interrogation, il est également central dans la réflexion que, depuis sa création en 2010, le mouvement Transitions mène sur la littérature et sa transmission, comme la référence implicite à Winnicott le souligne.

Notre colloque voudrait essayer de jeter un peu de lumière sur ces nouvelles préoccupations politiques, critiques, pédagogiques. L’idée est de faire dialoguer deux savoirs directement concernés par elles, la psychanalyse d’un côté, la théorie et l’histoire littéraires de l’autre, savoirs dont la proximité n’est pas à démontrer et dont les pratiques, aussi différents que puissent être leurs buts, n’en ont pas moins un air de famille souvent souligné par les chercheurs.

Mais d’abord, de quoi parle-t-on au juste quand on parle de « trauma » et de « traumatisme » ? De l’événement extérieur qui frappe le sujet, ou de l’effet produit par cet événement sur son psychisme ? Les deux notions ont en effet évolué ensemble sous l’effet d’une double généalogie, psychiatrique et psychanalytique d’un côté, sociale et juridique de l’autre, pour finir aspirées par le lieu commun actuel qui fait du « traumatisme » un « fait anthropologique majeur » du monde contemporain et son « nouveau langage de l’événement »(Didier Fassin et Richard Rechtman, L’Empire du traumatisme. Enquête sur la condition de victime, 2007).

Nous nous proposons d’élargir résolument la question en revenant, aussi précisément que possible, à la définition psychanalytique du « trauma », aux débats qu’elle suscite et à leurs enjeux quant à la définition de la cure (transfert, écoute, parole du patient, interprétation…). Ces débats sont en effet, sinon transposables dans le domaine de la recherche et de l’enseignement littéraires, du moins très éclairants pour certaines difficultés théoriques et pour certains désaccords concernant la définition même de la littérature.

Même si ce colloque est d’abord un colloque sur la littérature, nous parions donc que le dialogue entre les deux savoirs, à condition de n’en mettre aucun en position de surplomb, peut enrichir les pratiques des uns et des autres en mettant en commun un certain nombre de questions : qu’est-ce qu’un contact de parole ? quel genre d’autre, quel genre de lien sont, concrètement, porteurs, soignants, aidants (on pourra envisager d’autres termes) ? Comment comprendre l’altérité de tel ou tel texte, comment nommer les effets qui en résultent : plaisir, transport, enthousiasme, horreur, pitié, identification, séduction, intrusion, empathie, fusion, distance critique, impassibilité, effraction, etc. ? Comment accueille-t-on en soi une parole, un texte, à partir de quel postulat de départ sur leur fonction linguistique, sur leur geste d’adresse, sur l’espace de leur destination ? Comment se relie-t-on à eux et pour quoi faire ? Comment leur répond-on ? Comment les ré-adresse-t-on ?

H. M.-K.



 

 

 

 

Programme du colloque

 

Jeudi 13 décembre : Un champ émotionnel en débat

(Maison de la Recherche, 4, rue des Irlandais, salle du conseil)

 

8h30 : Accueil et café

9h00 : Hélène Merlin-Kajman, « Introduction »

 

1. L’entrée du trauma(tisme) dans la culture littéraire - Présidence : Lise Forment

 

9h15 : Alexandre Gefen, « La culture du trauma »

9h30 : Philippe Daros, « L'empathie comme élément de renouvellement des formes narratives dans la littérature d'aujourd'hui »

9h45 : Marc Amfreville, « Structures paradoxales du trauma à travers deux exemples de romans du 11 Septembre (Don DeLillo, Falling Manet Jonathan Safran Foer, Extremely Loud and Incredibly Close) »

10h-10h30 : pause

10h30-11h : débat

 

2. « patrie» : apathie et empathie - Présidence : Sarah Nancy

 

11h : Anne-Laure Dubruille, « À propos de l'apathie supposée nécessaire de l'analyste »

11h15 : Mathilde Faugère, « La dislocation : en rendre compte ou la réparer ? Lecture de littéraire de Le Psychanalyste apathique et le patient postmodernede Laurence Kahn »

11h30 : Francis Haselden, « L’apathie de la loi et l’expression du trauma dans la poésie juridique de Vanessa Place »

11h45-12h15 : pause

12h15-12h45 : débat

 

12h45-13h45 : déjeuner (buffet sur place)

 

13h45 : synthèse de la matinée

 

3. Le jeu, le rire - Présidence : Brice Tabeling

  

14h : Monique David-Ménard, « Peut-on jouer avec le trauma ? »

14h15 : Michèle Rosellini, « Le corps outragé : représentations littéraires et trauma »

14h30 : Marc Hersant, « Voltaire : le rire du trauma »

14h45 : Neil Kenny, « Les retentissements familiaux et littéraires d'un meurtre obscur (Béroalde de Verville) »

15h-15h30 : pause

15h30-16h15 : débat

 

4. Qui est là ? - Présidence : Natacha Israël

 

16h15 : Marie-Pascale Chevance-Bertin, « La tendresse, une réponse clinique au traumatique »

16h30 : François Jacquet-Francillon, « La figure de l’ennemi »

16h45 : Laurent Susini : « “Diverses radiographies d'un meurtre” : Choc traumatique et cristallisation explosante-fixe dans La Mort de C.de Gabrielle Wittkop »

17h : Xavier Garnier, « Lire/écrire les espaces traumatisés : le cas de la littérature africaine »

17h15-17h45 : pause

17h45-18h30 : débat

 

Vendredi 14 décembre : Des équivoques à éclaircir

 (Grand salon du collège néerlandais, Cité universitaire, 71 boulevard Jourdan 75014 - Paris )

 

8h30 : Accueil et café

9h00 : synthèse de la veille

           

5. Individuel vs collectif, traumas vs traumatisme  - Présidence : Tiphaine Pocquet

 

9h15 : François Cornilliat, « Les déplorations des “rhétoriqueurs” parlent-elles de “traumatisme” ? »

9h30 : Mitchell Greenberg, « Racine, le sacrifice, le trauma et la création d'un mythe national ? »

9h45 : Morgane Kieffer, « L’échelle du trauma, entre intime et collectif (Leslie Kaplan, Mathieu Riboulet) »

10h-10h30 : pause

10h30-11h : débat

 

6. De l’auteur au lecteur – et retour - Présidence : François Cornilliat

 

11h : Françoise Davoine, « Psychanalyse prénatale de Tristram Shandy par son oncle traumatisé de guerre le Capitaine Toby, qui inspira Winnicott, Wittgenstein et Bion »

11h15 : Gaspard Turin, « Lamarche-Vadel, le suicide perlocutoire »

11h30 : Sonia Velazquez, « Une scène de viol, trois scènes de trauma dans le partage de La force du sangde Cervantes »

11h45-12h15 : pause

12h15-12h45 : débat

 

12h45-13h45 : déjeuner (buffet sur place)

 

13h45 : synthèse de la matinée

 

7. Poétiques de la trace - Présidence : Jérôme David

 

14h : Isabelle Alfandary, « Le trauma à l’état de trace dans le texte littéraire »

14h15 : Katia Marcellin, « Écrire l’indicible, ressentir la perte : métalepse et trauma »

14h30 : Julie Gaillard, « Quel temps perdu ? Trauma et temporalité du temps littéraire »

14h45 : Adrien Chassain, « Trauma(s), conversion(s), œuvre(s) à faire : à propos de Jacques Roubaud »

15h-15h30 : pause

15h30-16h15 : débat

 

8. Figures de l’autre - Présidence : Hélène Merlin-Kajman

 

 

16h15 : Marcianne Blévis, « La disparition du “tu” intérieur dans les traumas extrêmes : une lecture de Dori Laub. »

16h30 : Claude Mouchard, « Avec »

16h45 : Catherine Coquio, « “La Réparation” : à propos d'une dispute française et de deux œuvres d'ailleurs (Kertész, Chalamov). »

17h-17h30 : pause

17h30-18h15 : débat

 

Samedi 15 décembre : Ce qui se transmet

(Maison de la Norvège, Cité universitaire, 7 N boulevard Jourdan, 75014 - Paris)

 

8h30 : Accueil et café

9h00 : synthèse de la veille

 

9. Histoire et transmission - Présidence : Jean-Louis Jeannelle

 

9h15 : Annie Franck, « Effets du trauma chez un sujet et les générations suivantes »

9h30 : Daniele Carluccio, « La jeunesse surréaliste et Lautréamont »

9h45 : Andrea Frisch, « Agrippa d'Aubigné et l'historiographie “astorge” »

10h-10h30 : pause

10h30-11h : débat

 

10. Éthique et herméneutique de la trace - Présidence : Emma Gilby

 

11h : Ivan Gros, « La métaphore de la nudité et la figure du super-déporté. Trauma et littérature, reconstruction et réécriture »

11h15 : Lucie Campos Mitchell, « Sebald et Kertész : trauma dans les textes de “narrative non-fiction” »

11h30 : Hall Bjørnstad, « Pascal et la perte du fils unique »

11h45-12h15 : pause

12h15-12h45 : débat

 

12h45-13h30 : déjeuner (buffet sur place)

 

11. Le trauma(tisme) dans la recherche et l’enseignement littéraires - Présidence : Christian Puech

 

13h30 : Guido Furci, « Être avec / être comme / être à la place de : une étude de cas »

13h45 : Johannes Türk, « La douleur de Tancrède : réalité et construction du trauma entre littérature et psychanalyse »

14h00 : Anne E. Berger, « Indemniser la blessure, éviter le dommage. Enjeux du recours au “trigger warning” dans l’université nord-américaine aujourd'hui »

14h-14h15 : pause

14h15 : A.-C. Marpeau et A. Grand d’Esnon, « À côté du trigger warning : discuter la pertinence du paradigme traumatique pour la diversité des pratiques d’avertissement et d’anticipation »

14h30 : Alice Laumier, « Le “trauma” des trauma studies : généalogies et implications théoriques »

14h45-15h : pause

15h-15h30 : débat et conclusion

 

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