Calendrier du séminaire
Année 2017-2018

 

 


Le séminaire de Transitions se tient généralement le samedi de 10h à 13h, au Centre Censier.

 

 

 

« Partages transitionnels » : la littérature approchée (2)

2018-2019

 

Programme

Vous pouvez dès à présent réserver les dates suivantes !

Jeudi 11 octobre, de 18h à 20h (Censier, salle 339) : « Le rôle thérapeutique de la littérature : un pari » (Introduction du séminaire assurée par Lise Forment).

Samedi 10 novembre, de 10h à 13h (salle à préciser) : changement de date

Mercredi 14 novembre, de 17h30 à 19h30 (Censier, salle 327) : Séance de lecture autour de « Littérature et trauma » : sur Françoise Davoine, Comme des fous et Laurence Kahn, Ce que le nazisme a fait à la psychanalyse (présentation assurée par Tiphaine Pocquet).

Samedi 24 novembre, de 10h à 13h (Censier, salle 418A) : Séance de lecture autour de « Littérature et trauma » : sur des textes de Jean-François Lyotard (présentation assurée par Hélène Merlin-Kajman).

Samedi 1er décembre, de 10h à 13h (Censier, salle 418A) : Rencontre avec Michèle Rosellini, « Les violences sexuelles dans les Contes de La Fontaine : ambiguïtés de l’euphémisation “littéraire” ».

Jeudi 13, vendredi 14 et samedi 15 décembre : Colloque « Littérature et Trauma » organisé pour Transitions par Hélène Merlin-Kajman, avec l’aide de Tiphaine Pocquet.

Samedi 16 février, de 10h à 13h (Censier, salle 453) : Transitionnalité et transhistoricité de la littérature.

Samedi 30 mars, de 10h à 13h (Censier, salle 453) : Table ronde autour de La Princesse de Montpensier – Lafayette et Tavernier au programme de la Terminale Littéraire.

Samedi 13 avril, de 10h à 13h (Censier, salle 453) : Rencontre avec Jan Miernowski, professeur à University of Wisconsin-Madison (Douglas Kelly Professor of French) – « Le rire aux limites de l'humain ».

Samedi 18 mai, de 10h à 13h (Censier, salle 123) : Religieux / Littéraire – autour de la séquence d'enseignement de Virginie Huguenin « Qui est le monstre ? ».

Vendredi 21 juin (Censier, salle Las Vergnas) : Littérature et trauma – discussion autour des contributions publiées).

 

Argument

Le séminaire de Transitions continue à tisser sa toile, à rêver ses liens. « Petit paresseux[1] », il s’offre une année supplémentaire pour mieux songer à quelques-unes de ses questions insistantes. À partir du 11 octobre, nous poursuivrons la réflexion amorcée l’an passé concernant la lecture littéraire : comment nommer les effets des textes sur les lecteurs et, moins évident, les effets induits par les lectures critiques des commentateurs qui leur ré-adressent les textes ?

En effet, comme Benoît Autiquet le suggérait dans l’argument du séminaire 2017-2018, les discours critiques et théoriques ne se contentent pas d’adopter une perspective descriptive en la matière : le lecteur captivé d’un Jean-Marie Schaeffer, le lecteur empathique d’un Pierre-Louis Patoine, le lecteur toujours potentiellement traumatisé des défenseurs du trigger warning, etc. ne sont pas seulement des figures théoriques permettant conceptuellement de comprendre et mesurer la distance du lecteur au monde représenté par le texte – distance, ou plutôt ici : proximité immédiate. Visant à informer (et réformer) l’enseignement de la littérature, comme l’ont fait avant elles d’autres modélisations (le lecteur enquêteur de l’histoire littéraire ; le lecteur critique, ironiste de la modernité ; ou encore, plus récemment, le lecteur citoyen de Martha Nussbaum), ces figures correspondent toujours à des styles de partage que ces positions critiques veulent promouvoir ou repousser. Plus familiers de Transitions, le lecteur « concerné » de Roland Barthes, le lecteur « au premier degré » de Jérôme David, ou le lecteur « amateur et amoureux » de Marc Hersant sont autant de modèles (prescriptifs ?), si ce n’est pour l’individu lisant et songeant en son for intime, du moins pour l’enseignant œuvrant à la transmission des textes, qui recherche sans cesse les conditions d’un partage « suffisamment bon » pour ses élèves ou ses étudiants.

Que serait dès lors une figuration « transitionnelle » du lecteur ? Sans doute pas le sujet surplombant du soupçon généralisé, mais pas non plus l’objet vacillant de la transe ou de l’hypnose : il importe de garder « la latitude de s’immerger dans le référent ou de revenir à la surface du langage[2] ». Mais comment construire une telle position subjective, une telle capacité à « exercer son jugement sans devoir perdre pour autant le contact avec ses constituants primordiaux et informes[3] » ? Cela s’apprend, semble-t-il, par la médiation de certains textes – textes que nous nommons « littéraires » ou « transitionnels » et qui permettent de produire cette articulation, cette zone de passage et de jeu ; cela s’apprend aussi par la médiation d’autrui, grâce à tous les passeurs qui savent ménager cet « espace transitionnel » : parents qui lisent à haute voix, enseignants à tous les niveaux, commentateurs plus ou moins spécialistes.

— Belle tautologie, donc, que la transitionnalité ! Sont dits « transitionnels » un lecteur, une lecture ou un partage qui favorisent la transitionnalité du texte à lire et à partager… Est-ce là une faille logique, un déni de théorie ? Non, c’est un pari, à la fois véritablement théorique et imaginairement pratique : l’affirmation du rôle quasi-politique de la littérature et la possibilité d’un engagement collectif pour sa transmission.

Nos débats les plus récents (nos différends sur l’affaire Chénier, nos discussions sur le trigger warning) ont rendu plus actuelles encore des préoccupations déjà exprimées dans nos colloques et dans les travaux d’Hélène Merlin-Kajman qui les inspirent. S’impose ainsi à nous, toujours plus vivement, le besoin de réfléchir ensemble au style de partage que l’on souhaite élire ou inventer. Cette interrogation, nous la déploierons ponctuellement, dans les mois à venir, en deux grands moments de discussion collective : le premier, autour de « Littérature et trauma », les 13, 14 et 15 décembre 2018 ; le second autour de « Littérature et universel » l’hiver suivant. Mais dans les interstices de ces événements, nous déploierons, dans nos publications mensuelles comme dans nos séances de séminaire, ce que nous entendons défendre sous le nom de transitionnalité. Nous, collectivement (mais nous cultivons la dissonance), nous croyons en la capacité politique de certains textes, que nous choisissons de nommer « littéraires », à démultiplier les liens, à réparer la déliaison ; nous croyons (sans doute moins unanimement) dans les pouvoirs cathartiques, thérapeutiques de la littérature à nous soigner, à « restaurer l’entre-passibilité des hommes[4] », à apaiser certaines détresses ; nous croyons plus largement en la nécessité anthropologique de sa circulation. À nous de montrer qu’il n’y a pas là pure croyance ; à nous de montrer que la transitionnalité n’est pas synonyme d’une mythification de la Littérature (celle avec un grand L), qui cacherait, sous de séculiers et progressistes oripeaux, un « retour du religieux » et des hantises conservatrices[5]… Car il en va bel et bien, avec Transitions, d’une pragmatique, d’une éthique et d’une didactique… démocratiques.

L.F.

 

 

[1] L’an dernier, nous avions choisi comme emblème de notre réflexion le tableau de Jean-Baptiste Greuze, Le Petit Paresseux, « endormi sur son livre, immergé dans ses rêves » (Benoît Autiquet, argument du Séminaire 2017-2018, URL : http://www.mouvement-transitions.fr/index.php/presents/archives/seminaire-2017-2018).

[2] Ibid.

[3] Hélène Merlin-Kajman, L’Animal ensorcelé. Traumatismes, littérature, transitionnalité, Paris, Ithaque, coll. « Theoria incognita », p. 313.

[4] Ibid., p. 431.

[5] Pour Johan Faerber, par exemple, la défense du contemporain et de sa littérature passe par la condamnation ironique de « toutes les tentatives qui voudraient faire des écrivains les médecins urgentistes du réel […]. Car la littérature n’est jamais là pour réparer les hommes, les vivants ou encore le monde » (J. Faerber, Après la littérature. Écrire le contemporain, PUF, 2018, p. 17). Mais si l’on se place du point de vue de la transmission des textes et non de leur production, ce motif de la réparation ne reconduit pas forcément la Littérature comme mythe culturel.

 

 

 

 

 

 

 

 

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