Abécédaire

 

 
Wagnérien
 
 


Côme Jocteur-Monrozier
Gabriel Marie d'Avigneau

02/07/2016



Une affaire de taille.

A priori on ne fait pas dans la dentelle. A priori tout est démesuré : le temps des œuvres, l’orchestre, le corps de la chanteuse, la puissance des voix… La musique est immense, elle tente parfois de ranimer les épopées, celles qui auraient fondé la communauté : édifice intellectuel aux fondations parfois douteuses voire franchement malsaines. Tout est “grand” pour le meilleur et pour le pire. Et c’est même devenu une catégorie à part : il y a les chanteurs wagnériens, les chefs wagnériens, les tubas wagnériens… Un public aussi. Tout un monde s’est créé pour cette démesure.

Ça en impose donc. Ça peut aussi faire ronfler les spectateurs : le leitmotiv revient, encore, encore, Isolde et Tristan n’en finissent pas de se parler dans la nuit, la quête de Parsifal est interminable. Ça n’est plus grand, c’est simplement long ! Ou peut-être hypnotisant ? Entre le sommeil et l’envoûtement, la frontière est mince. Et si c’est hypnotisant est-ce libérateur ou asservissant ?

Et pourtant le mythe, l’ambition totalisante sont rongés de toute part. Par les corps des chanteurs qui rappellent une certaine matérialité indépassable, par l’appel de Brunhilde à son père, par la phrase de clarinette qui l’introduit, par le rire des Maîtres chanteurs. L’aspect totalisant peut être (en partie) écarté, l’œuvre peut sans doute être rendue transitionnelle. Notamment lorsque Patrice Chéreau choisit de ne voir dans le Ring qu’une affaire finalement bien humaine dans un monde bourgeois.

On aimerait dire : est peut-être wagnérien ce qui est ainsi sur le fil, entre la démesure totalisante et l’intimité charnelle, à taille humaine.

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