Abécédaire

 
 Tremblement n° 2
 
 


Lise Forment

20/06/2015

Il ne peut y avoir ici de définition que tremblée et tremblante.

La terre tremble souvent ces derniers temps. Catastrophe, le tremblement est cette force de la nature qui nous assène notre fragilité quand on ne veut ni la voir ni l’entendre. Tremblement qui emporte tout sur son passage, qui laisse en ruines les villes, les routes, les temples… et tout le tremblement.

Il est toutefois dans la nature un peuplier qui plie mais ne rompt pas. Le tremblement a son arbre, le tremble, qui frissonne au moindre vent. Des trémolos dans la voix, il semble braver tous les éléments.

Le corps alors tient peut-être de l’arbre. Le tremblement fatalement le saisit, tout ou partie : les mains, les commissures de mes lèvres, et les genoux aussi qui sous le choc s’entrechoquent. De froid, de fièvre ou de maladie. De peur, de colère ou de honte. D’émotion ou d’excitation. D’amour ? J'aime... À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.

Le tremblement toujours nous trahit. Signe d’une émotion qui voudrait être tue, trouble qui remonte à la surface, inquiétude qui affleure sur un visage, et se laisse lire, à notre corps défendant. Notre corps comme un livre ouvert, l’espace d’un instant, le temps d’un tremblement.

Le tremblement serait-il, comme un poète le dit, « le meilleur de l’homme » ? Car se laisser trembler c’est aussi savoir vibrer. Sensible aux pulsations du monde, le cœur s’emballe, vacille, mais se sent sentir. Quel autre moyen de se réassurer ? Que tremble donc celui qui n’a jamais tremblé, celui qui jamais ne doute ni ne tressaille, ne subit ni ne fléchit. Tremblez, pauvres mortels, vivez !

 

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