Exergue n° 15

 

« Et moi : "Comment pouvait-il défiler à cheval derrière Saint-Joseph, s’il était socialiste ? Les socialistes ne croient pas à Saint-Joseph.

- Ce que tu peux être bête ! dit alors ma mère. Ton grand-père n’était pas un socialiste comme tous les autres. C’était un grand-homme. Il pouvait croire à Saint-Joseph et être socialiste. Il était capable de penser à mille choses à la fois. Et il était socialiste parce qu’il comprenait la politique... Mais il pouvait croire à Saint-Joseph. Il n’avait rien à dire contre Saint-Joseph.

- Mais, dis-je, j’imagine que les prêtres, eux, y trouvaient à redire."

Et ma mère : "Qu’est-ce que tu voulais que ça lui fasse, les prêtres, à lui ?"

Et moi : "Mais la procession, c’était une affaire de prêtres ?

- Tu es un bel ignorant ! s’écria ma mère. La procession, c’était une affaire de chevaux et de cavaliers. C’était une cavalcade." »

Elio Vittorini, Conversation en Sicile (1948), Paris, Gallimard, 2002, p. 65.

 
 


 Hélène Merlin-Kajman

24/12/2011

Et moi, moi, émerveillée, qui ne sais autre commentaire que vous confier tout bas, de peur de troubler leur conversation, ou d’empêcher que leurs voix ne résonnent claires, plus haut, bien plus haut que la mienne : « Je voudrais bien être capable moi aussi de penser à mille choses à la fois, et de gonfler ce mot, ce petit mot, "transitions", de toute cette joie, de tout cet élan... »

 

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