Abécédaire

 

 
Paradoxe
 
 


David Kajman

24/03/2018

 

 

Le paradoxe est un animal petit, de la taille de la souris. Mais il a des poils hirsutes infiniment grands (au sens mathématique du terme « infiniment »). Il est donc le plus grand des géants.

Il aime allumer un feu au pôle nord ou manger un Magnumau Sahara – ou l’inverse. Il trouve un certain plaisir à le lécher goulument de sa petite langue. Mais si quelqu’un l’observe, il arrête de prendre du plaisir pour simuler un plaisir extrême afin de mieux faire sentir la fraîcheur à qui l’observe (et donc de lui donner envie de partir allumer un feu au pôle nord).

Si un gros paradoxe et un petit paradoxe sautent d’une falaise, le plus gros paradoxe s’explose sur les rochers avant le petit paradoxe, en raison de son poids. Mais si les deux paradoxes emmêlent leurs longs poils pour se lier dans leur chute, alors leur vitesse s’équilibre. Donc : le plus gros paradoxe (poids du gros_paradoxe = poids du paradoxe_1 + poids du paradoxe_2) s’explose moins vite sur les rochers que le paradoxe un peu moins gros.

Et devinez le plus beau ? Ça laisse aux deux paradoxes du temps pour discuter. Peser le pour et le contre. Ménager un espace, démultiplier les paradoxes, en faire des plus raffinés, des moins pesants, qui viennent s’emmêler aux autres. Chaque paradoxe qui naît ainsi plus léger que les précédents ralentit la chute du troupeau paradoxal. Si la discussion est assez vive pour générer des mini-paradoxes en rafale, le mouvement vers les rochers tend alors vers 0m/s, et ce infiniment.  

Le paradoxe est le plus grand des animaux. Mais s’il se coiffe, il est à peine plus grand qu’une souris. Ce qui en fait le plus petit des géants.