Abécédaire
Nathalie Kremer
23/04/2016
Le pouvoir s’exerce : il n’existe que de façon active. Si rien ne vient limiter la force désirante, il devient destructeur. Devant le pouvoir despotique du sultan en soif de vengeance, Schéhérazade sait qu’elle n’a aucune arme à opposer. Quel est alors le pouvoir du faible ? À la force aveugle de Schahriar, Schéhérazade oppose le pouvoir doux de l’imagination, du plaisir de rêver. Son pouvoir est celui de la parole, qui fléchit les croyances haineuses du sultan, les fait ployer vers de nouveaux sentiments à l’égard du genre féminin. Ce pouvoir est sinueux, indirect, entraînant, comme la séduction qui éconduit, déplace les regards. Détourné, il s’arroge une puissance qui n’est pas plus conférée que celle du despote, mais qui se déploie avec une plus tranquille lucidité.