Hélène Merlin-Kajman
27 octobre 2012
Traduire
L’eau qui devient neige et flocon est passée de l’un à l’autre état par une transition brutale et discontinue, nous dit le physicien Sébastien Balibar ; et, dans la citation qui sert cette semaine d'exergue, Max de Carvalho évoque, pour la traduction de poésie, un passage critique, seuil mortel où le poème, quittant sa forme linguistique initiale, pourrait ne pas devenir une forme nouvelle.
Ce n’est pas exactement le travail de la variation évoquée par Antoine Berman ; ni non plus la prélangue commune dont nous parle Jean-Charles Vegliante avant de traduire un poème de Giovanni Pascoli.
Pour Max de Carvalho qui vient de faire paraître, avec Magali de Carvalho et Françoise Beaucamp, La poésie du Brésil. Anthologie du XVIe au XXe siècle aux éditions Chandeigne, la traduction passe en revanche par une « rupture d’équilibre inouïe » : un saut, en somme, dans l’inconnu d’une catastrophe, avant qu’un nouvel état cristallisé ne s’organise à l’aide de « toutes les compensations synesthétiques ».
« La lune et le loup », nouvelle fable d’Helio Milner, est aussi, à sa manière légère, une traduction – mais peut-être du second type: à partir de la tradition, une transition continue...
Anna Kriegel, 19 ans, qui répond au questionnaire, n’aime pas « les galipettes » que les jeux de mots, les comptines et les proverbes font faire aux mots, et parle de livres avec des amis et des collègues « pour trouver le livre-clef ».
Tout, ici, serait dans le « pour », pas dans la clef.