Hélène Merlin-Kajman
15 décembre 2012
Réjouissance
A la question « Pourquoi lisez-vous » de notre questionnaire, Ewald, dont nous publions aujourd’hui les réponses (j’aime infiniment leur délicatesse), nous fait remarquer qu’il manque, dans la liste des choix possibles, « un peu de jeu ou de légèreté, et du rire ». Il ajoute : « J’aime aussi lire ce qui me fait rire, ou tout simplement me réjouit. »
Il a raison ! D’autant qu’il ne s’agit pas du même rire que celui que dénonce l’exergue de Dionys del Planey commentant une citation de Bernard Dort. Il y a plus de quarante ans, ce dernier s’étonnait que les théâtres du secteur public aient choisi de privilégier la parodie. Dionys del Planey, tout jeune étudiant, s’étonne que ce rire pour choquer et pour détruire puisse passer, aujourd’hui encore, pour un exercice subversif...
L’article de Nicole Burkholder publié dans la rubrique « Intensités » (« Le contresens ») - elle aussi jeune étudiante - porte sur un passage d’un auteur libertin et rieur entre tous, Cyrano de Bergerac. Comment lire des songes ? On découvre que la moquerie cache des enjeux très sérieux – ou plus exactement, qu’une certaine façon de rire peut constituer un pur déni du réel, dangereux comme tous les dénis. Et ceci, c’est Cyrano qui nous le fait comprendre.
Notre manifeste évoque, partout présent aujourd’hui, « une sorte de rire noir qui travestit le temps ». Nous espérons bien le combattre peu à peu, sans esprit de sérieux. Merci, Ewald !