Hélène Merlin-Kajman
18 mai 2013
« Early modern »
Cette semaine, c’est Armand O Aprile qui répond au questionnaire. Nom, ou pseudonyme ? Il y a de quoi rêver... Et d’emblée, nous voilà au cœur de sa conception de la littérature, lui qui aime raconter des histoires, dire des proverbes, des comptines, faire des jeux de mots « parce que », dit-il, « depuis quelque temps, je me suis aperçu que je ne pouvais pas faire autrement ».
Le texte de Mitchell Greenberg entre en écho immédiat avec les intérêts de Transitions. Quels sont les enjeux de l’expression anglo-saxonne « early modern » (première modernité) pour désigner la période historique dans laquelle, en France, nous voyons deux moments, la Renaissance et l’Age classique, voire trois, si l’on distingue les Lumières ? Cette période se caractérise-t-elle comme période de transition vers la modernité, et si oui, en quel sens ?
Appelant au débat, Mitchell Greenberg insiste sur la nouvelle négociation entre désir, vie politique et vie familiale qui, notamment au moyen du théâtre, prépare selon lui la subjectivation moderne.
En un sens, le débat s’amorce avec l’exergue de Benoît Autiquet qui, sur ces mêmes sujets, « se lie » à une citation de Marguerite de Navarre plutôt qu’à des scénarios contemporains. Avec ce rapport plus transversal au temps, la question d’un « early » perd de sa pertinence et le passé devient non pas une cause lointaine du présent mais une ressource contre ses stéréotypies figées.
Car au juste, où en sommes-nous avec le moderne ? Le post-moderne ? Comment nommer l’aujourd’hui, auquel semblent manquer si terriblement une figuration de l’avenir (progressiste) tout comme un espoir de postérité (classique) ? Et si la transition, c’était d’abord et avant tout un pas devant soi (et non plus « en avant »), un pari désorienté, mais décidé, sur de l’avenir ?