25-28 juin 2014

Colloque international

Co-organisateurs (pour Transitions) : François Cornilliat, Jérôme David, Lise Forment et Hélène Merlin-Kajman

Avec l'aide de Mathilde Faugère

Et le soutien de l’EA 174 et la School of Arts and Sciences (Rutgers University)

LITTÉRAIRES :

de quoi sommes-nous les « spécialistes » ?

Mercredi, jeudi, vendredi, samedi matin :
Centre Censier, 13, rue de Santeuil (75005) Salle précisée ultérieurement

 

 

ARGUMENT

Le colloque « “Littérature” : où allons-nous ? » organisé à la Sorbonne-Nouvelle les 2-4 octobre 2012 par Hélène Merlin-Kajman et François Cornilliat sous l’égide de Transitions avec l’appui de l’EA 174 (Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris 3) et de la School of Arts and Sciences (Rutgers University) a fait apparaître autant de divergences que de convergences entre les « littéraires » .

Divergences : la littérature est-elle soluble dans la rhétorique, dans les discours ? Dans l’histoire sociale ? Dans l’histoire culturelle, ou celle des idées ? Dans l’absolu littéraire ? Ce singulier, la littérature, est-il justifié ? Ne relève-t-il pas d’un universalisme dénué de pertinence concrète ? A ces questions, il est manifeste que nous ne répondons pas d’une seule voix.

Mais nos convergences sont apparues avec non moins d’évidence. En bref : l’accord général pour maintenir la référence à « la » littérature, aussi flou qu’en soit le concept, problématique la référence historique, plurielles les manifestations ; et le désir partagé d’ouvrir un espace de dialogue qui nous permette d’apercevoir, dans leur détail, les pratiques de recherche et les réflexes « disciplinaires » propres à chacun (individuellement, par spécialistes de telle ou telle période, ou de tel ou tel genre, etc.) afin de (re)trouver un terrain commun à la discipline.

Un terrain commun ?

Dans le chapitre « Histoire ou littérature » de son Sur Racine, Roland Barthes a pu opposer le commentaire critique et l’histoire littéraire, dont l'existence lui paraissait révéler la dualité de la chose littéraire, « œuvre » d'un côté, « toujours ambiguë puisqu’elle se prête à la fois à plusieurs significations » ; objet du monde de l'autre, c'est-à-dire fait politique, social, économique, idéologique. Derrière le mot « littérature », il y aurait donc toujours deux objets différents, requérant « deux disciplines différentes et d’objet et de méthode » : l’histoire, « dans la mesure où la littérature est institution » ; la psychologie, « dans la mesure où elle est création ». Cette dernière peut nous sembler aujourd'hui bien dépassée: l'essentiel est que pour Barthes, cela signifiait « deux géographies incommunicables », l'auteur lui-même n'étant qu'un point d’intersection illusoire puisque son individualité ne pouvait ni donner accès aux structures collectives, objet de l’histoire (« dès que l’on demande au groupe étudié une certaine consistance, l’individu recule »), ni permettre d'accéder, par le détour de son psychisme, à son œuvre. Bref, aucun rapport de causalité certain n’indique selon Barthes comment une œuvre est corrélée à un psychisme ou à un contexte historique.

Dans l’« Avant-propos », Barthes, en proclamant l’« être trans-historique de la littérature », avait en fait avancé une affirmation un peu différente : « cet être est un système fonctionnel dont un terme est fixe (l’œuvre) et l’autre variable (le monde, le temps qui consomment cette œuvre) » : « sens posé » et « sens déçu », l’œuvre est « disponibilité qui lui permet de se maintenir éternellement dans le champ de n’importe quel langage critique ». Le monde, cette fois-ci, n’est pas celui du contexte historique de l’œuvre ou de la création, mais celui du critique et de son commentaire ; et cette variable-ci ouvre sur la question de la responsabilité et de la compétence de ce dernier.

Depuis ces réflexions de Barthes, et même si l'histoire semble avoir gagné du terrain par rapport au commentaire, ou même si des articulations nouvelles en ont été proposées, l’objet « littérature » s’est encore divisé sous l'effet de l'atomisation des discours et des savoirs qui s’en sont emparés, et ces distinctions elles-mêmes semblent ne plus être opératoires. N'étaient-elles pas utiles, cependant, pour définir nos compétences et la spécificité de notre discipline? N'est-il pas temps de dresser un état des lieux et de nommer les méthodes et savoirs que nous mobilisons et que nous élaborons ?

Nous voudrions placer notre prochaine rencontre sous le signe de ces questions en proposant aux participants une formule originale.

D’une part, le colloque va faire se rencontrer des contributions de chercheurs reconnus dans leur spécialité et de chercheurs en voie de spécialisation (doctorants), ce qui nous permettra de poser des questions de transmission, de mémoire et de choix : qu’est-ce que c’est, pratiquement et subjectivement, « se spécialiser » ?

D’autre part, nous demanderons à un certain nombre de participants (cf. ci-dessous) de choisir un texte court, dont il peuvent se dire les spécialistes pour l’avoir étudié précisément, et de nous en présenter leur analyse. Ces textes choisis par eux seront donnés à commenter à des non-spécialistes (eux-mêmes, mais sur le texte d’un autre, si l’on peut dire) : chaque texte se trouvera donc commenté par un spécialiste (celui qui l’aura choisi) et un non-spécialiste : nous serons donc, chaque matin, en face de panels d’intervenants tour à tour spécialistes et non spécialiste.

Enfin, les après-midi, nous demanderons aux chercheurs intronisés dans leur spécialité de répondre à la question « de quoi sommes-nous les spécialistes » en essayant de définir, théoriquement, ce « quoi » à partir d’un exemple de leur choix, si possible un texte court également que l’assistance pourrait avoir sous les yeux et qui leur servirait à exposer ce qu’ils considèrent l’objet de leur propre « spécialité » ou compétence.

Nous voudrions, par cette triple ou quadruple expérimentation (les jeunes chercheurs interviendront de façon spécifique dans les deux cas), nous concentrer ensemble sur des questions dont nous débattons rarement dans les colloques : qu’est-ce qu’une discipline littéraire ? Est-ce un périmètre de compétences partagées ? Une forme de relation aux textes, une attention particulière ? Une spécialité ? Et qu’est-ce qu’une spécialité dans notre discipline ? A quel niveau, en somme, se situent notre spécialisation et notre professionnalisme ?

Le colloque se déroulera sur trois jours et demi, du mercredi 25 juin 2014, 9h, au samedi 28 juin 2014, 13h. La dernière demi journée, rassemblera tous les participants pour une discussion générale, introduite par des membres de Transitions. Les exposés du matin ne devront en aucun cas dépasser 10-15 mn afin d'aller à l'essentiel et de laisser un large temps à la discussion. Le colloque sera enregistré et fera l’objet d’une publication audio sur le site de Transitions (et écrite pour les contributions préparées à l’avance).

Une brochure regroupant les textes qui feront l'objet d'une étude au cours du colloque est disponible au format PDF en cliquant ici.

Mercredi 25 juin 

8h30 : Ouverture du colloque (François Cornilliat, Jérôme David, Hélène Merlin-Kajman)

9h-11h : Géométrie variable (1) - Présidence de séance : Catherine Coquio

 - Emma Gilby (U. de Cambridge - XVIIe) et Jean-Louis Jeannelle (U. Paris-Sorbonne - XXe) : un extrait du Discours de la tragédie et des moyens de la traiter selon le vraisemblable ou le nécessaire de Corneille et un extrait du scénario adapté de La Comédie humaine de Malraux

- Guillaume Bridet (U. de Bourgogne - XXe) et Marc Hersant (U. Jean Moulin-Lyon III - XVIIIe) : un extrait de L’Age d’homme de Michel Leiris et un extrait des Mémoires de Saint-Simon

11h-11h15 pause

11h15-12H : Discussion

12h-13h00 : Comment sort-on de l’explication de texte ? (1) - Présidence de séance : Hall Bjørnstad

- André Bayrou (doctorant, U. Sorbonne Nouvelle-Paris III - XVIe) et Jeanne Chiron (doctorante, U. Paris Est - XVIIIe) : Epître de Marot à M. Bouchart et un extrait des Conversations d’Emilie de Louise d’Epinay

13h-13H30 : Discussion

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13h30-14h30 : Déjeuner sur place

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14h30-15h30 : De la spécialité « littéraire » à la spécialisation (1) - Présidence de séance : Emmanuel Bouju

- Agnès Cambier (doctorante, U. Sorbonne Nouvelle-Paris III) : « Petit parcours en compagnie du docteur Tulp : un spécialiste toujours en transition ? »

- Maren Daniel (doctorante, Rutgers U./U. Sorbonne Nouvelle-Paris III) : « La linguistique et la littérature »

- Vincent Message (U. Paris VIII) : « Résister à la spécialisation : l’espace de la troisième critique »

15h30-16h : Discussion

16h -16h15 : pause

16h15-18h : « ... De quoi ? Comment ? » (1) - Présidence de séance : François Cornilliat 

- Anne Berger (U.Paris VIII) : « Penser “le genre” en langue(s). Ou comment faire des “études de genre” en littéraire »

- Francis Goyet (U. Stendhal-Grenoble III) : « Qu'est-ce qu'être spécialiste de rhétorique ? C'est sortir de la définition du texte par sa longueur »

- Pietro Pucci (Cornell U.) : « Trans-historicité de la poésie »

- Martin Rueff (U. de Genève) : « Entre philologie et herméneutique : une discipline “qui existe, mais à la différence de tant d'autres, n'a pas de nom” »

- Paolo Tortonese (U. Sorbonne Nouvelle-Paris III) : « Rien de spécial »

18h-19h : Discussion

19h : Cocktail d'ouverture 

Jeudi 26 juin   

8h45-10h45 : Géométrie variable (2) - Présidence de séance : Christophe  Pradeau

- Michel Jourde (ENS Lyon - XVIe)  et Judith Lyon-Caen (EHESS - XIXe) : Avis de l’imprimeur Jean de Tournes précédant le Recueil des Oeuvres de feu Bonaventure des Periers, Vallet de Chambre de Treschrestienne Princesse Marguerite de France, Royne de Navarre et un extrait de « La Vengeance d’une femme » de Barbey d’Aurevilly dans Les Diaboliques

- Marc Escola (U. de Lausanne - XVIIe) et Tiphaine Samoyault (U. Sorbonne Nouvelle-Paris III – litt. comp. XXe) : un extrait des Caractères de La Bruyère et un extrait des Journaux de Franz Kafka

10h45-11h : pause

11h-11H45 : Discussion

11h45-12h45 : Comment sort-on de l’explication de texte ? (2) - Présidence de séance : Michael Moriarty

Romain Loriol (doctorant, U. Jean Moulin-Lyon III - littérature latine) et Anne Sennhauser (doctorante, U. Sorbonne Nouvelle-Paris III - XXe) : un extrait de Ab urbe condita de Tite-Live et un extrait de L’Occupation des sols de Jean Echenoz

12h45-13H15 : Discussion

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13h15-14h15 : Déjeuner sur place

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14h15-15h15 : De la spécialité « littéraire » à la spécialisation (2) - Présidence de séance : Catherine Croizy-Naquet

- Yunfei Bai (doctorant, Rutgers U.) : « Spécialisation, d’une culture à l’autre : Réduction ou élargissement ? »

- Elsa Courant (élève de l’ENS Ulm) : « L’astronomie entre littérature et science : pour en finir avec le clair de lune »

- Alexei Evstratov (research fellow, U. of Oxford) : « Question(s) du social » 

15h15-15h45 : Discussion

15h45 -16h00 : pause

16h00-17h20 : « De quoi... ? Comment ? » (2) - Présidence de séance : Jonathan Culler

Laurent Dubreuil (Cornell U.) : « L’effet spécial de l’oeuvre littéraire »

- Xavier Garnier (U. Sorbonne Nouvelle-Paris III) : « Les littératures africaines sont-elles en mal de spécialistes ? »

- Claude Habib (U. Sorbonne Nouvelle-Paris III) : « Rousseau ou la séparation »

- Marielle Macé (CNRS) : « Spécialiste en formes, à même la vie »

17h20-18h15 : Discussion

Vendredi 27 juin 

8h45-10h45 : Géométrie variable (3)- Présidence de séance : Florence Dumora

- Mathilde Bombart (U. Jean Moulin-Lyon III - XVIIe) et Nicholas White (U. de Cambridge - XIXe) : un extrait du Page disgracié  de Tristan L’Hermite et un extrait de La Débâcle de Zola

- Jean Paul Sermain (U. Sorbonne Nouvelle-Paris III - XVIIIe) et Jérôme David (U. de Genève) : un extrait du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux et un extrait des Contes drôlatiques de Balzac

10h45-11h : pause

11h-11H45 : Discussion

11h15-12h15 : Comment sort-on de l’explication de texte ? (3) - Présidence de séance : Florence Naugrette

Servane L’Hopital (doctorante, U. Lumière-Lyon II - XVIIe)  et Mathieu Messager (doctorant, U. Sorbonne Nouvelle-Paris III - XXe) : un extrait de l’« Exercice spirituel durant la messe » et un extrait des Désarçonnés de Pascal Quignard.

12h45-13H15 : Discussion

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13h15-14h15 : Déjeuner sur place 

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14h15-15h15 : De la spécialité « littéraire » à la spécialisation (3) - Présidence de séance : Florence Magnot

- Florent Coste (docteur, U. de Bourgogne, PRAG, Université de Lorraine) : « Interpréter ou décrire. Les littératures pour terrains »

- Marie de Marcillac (docteure, U. Paris VIII) : « La philosophie peut-elle être le domaine de spécialité d’un comparatiste ? »

- Goulven Oiry (docteur, U. Paris Diderot-Paris VII) : « Un cas de spécialisation indisciplinée, le théâtre comique au miroir de l’anthropologie urbaine »

15h15-15h45 : Discussion

15h45 -16h : pause

16h-17h20 : « ... De quoi ? Comment ? » (3) - Présidence de séance : Marie-Hélène Boblet

- Yves Citton (U. Stendhal-Grenoble III) : « Spécialiste de Tiphaigne de la Roche et de n’importe quoi »

- Nathalie Dauvois (U. Sorbonne Nouvelle-Paris III) : « La forêt et l’arbre, le commun et le singulier »

- Johannes Türk (Indiana U. Bloomington) : « Specialization Today: For an Idiosyncratic Concept of Literary Studies »

- Anne-Lise Worms (U. de Rouen) : « Qu'est-ce qu'être helléniste ? »

17h20-18h15 : Discussion

Samedi 28 juin

9h-12H : Discussion générale- Présidence de séance : Hélène Merlin-Kajman

9h00-9h45: Introduction de la discussion par Mathilde Faugère, Lise Forment et Sarah Nancy, membres de Transitions 

9h45-12h : Discussion générale

 

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