Lise Forment

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Septembre 2016

 

Un même mouvement, un mouvement nouveau 

Le site reprend la mer et change d’élément(s) : en cette sixième rentrée, vous le savez, Hélène Merlin-Kajman quitte la barre (mais elle reste à bord. Un capitaine n’abandonne pas ses matelots, et peut même se transformer en abeille…). Je prends la relève, secondée par Mathilde Faugère et Brice Tabeling, assistée d’un nouveau bureau et entourée par un essaim de rédacteurs et relecteurs.

Pour inaugurer cette « ancienne renouvelée » maison qu’est Transitions, nous avons choisi de vous parler de « mouches à miel » (et de bourdons). Abeilles butineuses, abeilles bâtisseuses, maçonnes et platières, abeilles coupeuses de feuilles et découpeuses de luzerne, abeilles tapissières ou domestiques : toutes viennent prendre leur place dans notre organisation ; elles portent l’ambition de notre mouvement pour les mois à venir, comme le montre l’abeille « littéraire » de Brice Tabeling. Elles nourrissent aussi des souvenirs d’enfance, dardent des émotions, dans la définition intense d'Hélène Merlin-Kajman et se déguisent même en bourdon humoristique et débonnaire, anarchiste et fier, dans celle de David Kajman. Nous jouerons encore à l’Abécédaire pendant deux ans, butinant ça et là des mots qui nous intriguent, qui nous importent ou nous emportent.

Nos préoccupations sont sérieuses : il y va de la civilité dans nos Saynètes, de l'enseignement dans nos Réflexions, de la littérature dans Intensités (le dossier « Religieux / Littéraire », en cours d’élaboration, sera mis en ligne en janvier). Mais entrent souvent sur nos scènes des animaux inattendus, étranges ou familiers. Gilbert Cabasso relève chez Mathias Énard la « rencontre incongrue d’un couple, d’une fillette et de ses chèvres » ; Virginie Huguenin nous raconte, entre autres expériences d’enseignement, un jeu de rôles entre Renard, Corbeau, Lévrier, Bouc et Loup, où le ressort si décrié de l’identification naïve finit par donner aux élèves « un petit peu de guérir ».

Guérir, est-ce là le pouvoir de la littérature ? Est-ce là le rôle des études littéraires ? Ces questions seront au cœur de notre séminaire de l’année, puisque nous nous demandons, nous vous demandons :  Le tournant éthique : faut-il le prendre ? En réaction au formalisme de la modernité – en réaction, aussi, au retour d’approches historicistes hostiles aux appropriations anachroniques –, des voix se sont élevées en philosophie, en littérature, en histoire des arts pour réexaminer les rapports entre « littérature, éthique et vie humaine » (S. Laugier), pour réévaluer l’importance des émotions, pour souligner leur intérêt cognitif et éducatif quand elles sont mises en littérature, transmises à des lecteurs qui peuvent en faire leur miel moral. Le mouvement Transitions peut-il faire ruche commune avec ces pensées ?

Et bien sûr, nous vous réservons encore, dans les prochaines semaines, de nouvelles surprises : d’autres questionnaires, d’autres fables, d’autres images vous attendent…