Juste un texte n° 7

 



Les larmes de Dora Bucsbaum


François Jacquet-Francillon

28/05/2016

Parfois, à la belle saison, quand le printemps éclairait enfin nos fenêtres sur cour, mon frère et moi allions en fin d’après-midi à la rencontre de notre mère, qui revenait de sa demi-journée de travail. Pour ce faire, nous nous rendions à la station Anvers du métro, sur le boulevard de Rochechouart. Impatients de provoquer le sourire complice qui nous réjouissait tant, nous ne marchions pas bras ballants. Gérard devait avoir treize ou quatorze ans, et moi neuf ou dix ; c’était la fin des années 1950 et le début des années 1960. Après avoir un peu remonté la rue de Clignancourt, nous empruntions la rue André Del Sarte où nous dépassions ma première école, puis, sur le trottoir d’en face, la petite échoppe de notre voisin de couloir, le père Goulin, cordonnier de son état - bouif disaient les initiés – un original venu d'un autre âge puisqu'il se produisait aussi chaque dimanche, place du Tertre, comme « silhouettiste » : en quelques coups de ciseaux d’une étonnante agilité, il découpait dans de petits carrés de papier noir le profil des badauds qui avaient défié son talent... Plus loin, la rue se heurte aux grands rochers artificiels de la butte Montmartre (jadis, c’était plutôt la « colline » ; et au dix-huitième siècle, on parlait même de la « Montagne de Montmartre », une montagne par ailleurs réputée pour l’activité des moulins à vent et le transport des farines, qui lui valurent le charmant surnom de « Cité des ânes »). À gauche, cette rue change alors de nom pour se dédier à Ronsard, tandis qu’à droite un rude escalier de pierre remonte le flanc Est vers la basilique. Au pied de ces marches, mon père avait posé avant guerre avec un autre jeune homme pour une photographie mémorable, longtemps épinglée sur le battant d’une petite armoire à pharmacie accrochée à un mur de notre cuisine… Notre itinéraire longeait ensuite les piques noires qui bordent le bas des jardins, la pelouse en pente abrupte, les buissons étiques, quelques arbres que le vent parisien agite à grand peine et une grotte de pacotille, envahie par le lierre et les herbes folles. Aujourd’hui, quand je revois ce décor fabriqué, il m’évoque une fille trop et mal apprêtée, dont la joliesse est altérée par cette volonté de plaire… Sur la place Saint Pierre où nous parvenions alors, je ne manquais jamais d’observer l’ascenseur « funiculaire », abaissé ou soulevé avec grâce en marge du parc et des larges allées. Ici, le paysage se libère de la ville ; il se déplie à la verticale, en majesté, depuis le grand bac à sable des enfants jusqu’à l’insolent édifice dont les dômes, calés sous le ciel, morigènent toujours les insurgés de 1871, pourtant fusillés devant le cimetière du Père Lachaise ou massacrés dans les fossés de Satory, près de Versailles… Après quoi nous dévalions la rue de Steinkerque jusqu’au boulevard des cinémas, des théâtres et des baraques foraines de décembre. Dans Les quatre cents coups, c’est le décor nocturne offert au jeune Antoine Doinel, à travers le grillage du fourgon policier que la malice populaire transfigure en « panier à salade ».

Après nous être engouffrés dans le hall de la station, nous nous postions près de la guérite du poinçonneur comme en terre conquise, tout à notre aise, pour scruter le flot continu des passagers déversés par les rames successives. Peu de temps après, notre mère surgissait, empressée mais pas trop et, alerte, décidée, sans embrassades ni effusions préalables, elle nous entraînait au dehors, loin du souterrain électrique et des couloirs publicitaires. Sur le chemin du retour nous n’éprouvions aucun besoin de parler et c’est à peine si nous échangions les nouvelles du jour. L’effluve doux-amer des beaux jours exhalait de la rue solarisée, fatiguée, vivante. Voilà à quoi je mesure le bonheur de ce moment indolent et délicieux, sans doute un des premiers bonheurs qui vaille dans une existence humaine digne de ce nom : rentrer ensemble à la maison. « La maison »…, joli titre pour un logement étriqué, avec ses deux fenêtres sur cour…

Mais je ne ranime pas ces souvenirs sans que me vienne une question dont j’imagine, sans toutefois m’en assurer, que j’en avais autrefois une première intuition. Cette mère que je guettais à la sortie du métro, de même que, plus jeune encore, chaque jour, à quatre heures, j’attendais de l’apercevoir avant les autres à la porte de la classe maternelle, avec mon paletot sur le bras et la main tendue vers moi - « allez hop, viens vite… », ceci parce que je redoutais son absence m’a-t-elle souvent dit ensuite, cette mère, à quoi pensait-elle sur le trajet du retour, lorsque ses regards se détournaient de notre présence ? Car je crois bien entrevoir entre elle et nous comme un écran que notre amour filial ne pouvait traverser, lorsque pourtant nous respirions ensemble, main dans la main, le printemps des années 1950, près des jardins du Sacré Cœur de Montmartre.

Je puis d’ailleurs citer un intérêt qui situe ma mère à part de notre intimité, qui l’éloigne un peu de nous, et que nous, je veux dire nous tous, mon père compris, considérons avec une espèce de respect anxieux, même si nous apprécions ce caractère que nul ne lui dispute, et qui, même s’il n’appartient qu’à elle, nous distingue avec elle du commun des mortels dans le voisinage. Je parle des sollicitations que lui adresse un pays annoncé sous l’intitulé grandiose de l’Amérique. Sans doute avais-je compris que les adultes régentent de graves nécessités, qu’ils ont un lot d’affaires sérieuses et toutes sortes d’aventures dans un univers bien à eux auquel nous autres, les gamins, n’avons pas accès. « Fichez-nous la paix », nous lancent-ils parfois lorsqu’ils se fâchent un peu. Concernant ma mère, il s’agit de cette famille établie aux Etats-Unis depuis la Première Guerre mondiale. Ce sont ses oncles - quatre frères de sa mère (qui en eut six), ses tantes et ses nombreux cousins et cousines, avec lesquels elle échange des lettres - en anglais ! Et comme nous sommes à l’époque du plan Marshall soutenant le redressement des nations européennes détruites, ces intéressantes personnes nous gratifient aussi de colis grâce auxquels je goûte, le premier à l’école, les délices masticatoires du chewing gum à la chlorophylle (plaisir insupportable pour nos instituteurs, qui nous traitent de ruminants), et l’élégance démocratique des fameux blue jeans, bientôt appelés à programmer la mode adolescente all over the world. Il arrive même que ces gens délaissent leurs contrées lointaines et traversent l’océan pour venir jusqu’à nous. C’est alors un très grand jour. Mais quand ils frappent à notre porte, moi qui aspire à la vie absolue dans les prairies du Texas, dans les montagnes et les forêts du Colorado ou près des rivières du Montana, je suis un peu déçu en constatant qu’aucun de ces voyageurs n’a la stature ni les manières à la fois nonchalantes et classieuses des héros hollywoodiens - John Wayne, Gary Cooper ou Kirk Douglas – que mon frère et moi admirons le jeudi, en technicolor, au « Club junior » du cinéma de la rue Marcadet.

Mais, au fait, cette mère difficile à joindre, c’était peut-être celle que j’attendais et que j’appelais hier ; mais c’est surtout celle dont j’ai eu plus tard conscience des épreuves qu’elle avait endurées, quoique, précisément, elle n’en dît jamais rien, surtout pas aux enfants, qu’il faut laisser à leurs occupations, à leur insouciance, et dont on aurait mauvaise grâce à interrompre les jeux et les rires. Je sais qu’en 1945, Dora Bucsbaum, fille de Rifca et Gustave Bucsbaum, n’a choisi sa nouvelle vie et n’a endossé sa condition d’épouse et bientôt de mère qu’en affrontant une solitude radicale. La guerre venait de ravager le cours de sa jeune existence. Un triste jour, en effet, le 13 décembre 1943, Rifca et Gustave sortirent de chez eux pour n’y plus revenir, comme leur fils aîné, Michel, deux ans plus tôt. Ils ne rentrèrent pas à la maison, rue Vieille du temple, dans le troisième arrondissement de Paris, au numéro 68, premier étage. Dans l’atelier de confection qui occupait la plus grande pièce, l’odeur du cuir neuf, le cliquetis des machines à coudre, les voix, les accents et les musiques du Pletzl… tout ce mode de vie avait été jeté au ruisseau, un dernier matin. Pour Dora, la rencontre amoureuse, les épousailles, la maternité et tout ce qui s’ensuit ne furent donc pas le couronnement de l’enfantine et ô combien précieuse - quoique fragile - illusion d’éternité. On peut douter qu’elle ait suivi le jeune homme auquel elle s’était promise avec une jolie chanson sur les lèvres et des étoiles dansantes dans la tête, simplement…

En août 2011, je découvre dans les archives de ma mère une pièce unique, pieusement conservée (l’adverbe, certes banal, s’applique ici avant tout autre). C’est le faire-part du mariage de mes parents - du moins de ces jeunes gens qui seront bientôt père et mère de mon frère et de moi-même. La cérémonie est annoncée pour le 6 octobre 1945, à 10 heures, à la mairie du 4e arrondissement. On ne se rendra pas à la Shul ou dans une église ; on n’a sollicité ni rabbin, ni curé. Je connais la suite. Puisque Gérard naîtra quelques semaines plus tard, en décembre, une simple addition établit que la mariée est, comme on dit, bien ronde : enceinte de sept mois. Or, sur le carton mal imprimé, le souvenir du triste jour s’est discrètement mais franchement immiscé, car on peut lire, sur le volet de gauche : « M. et Mme Bucsbaum, déportés en Allemagne, ont l’honneur de vous faire part du mariage de Mademoiselle Dora Bucsbaum, leur fille, avec Monsieur Pierre Jacquet-Francillon ». Déportés en Allemagne… La mention est à peine visible, imprimée en très petits caractères, si bien qu’elle n’endommage pas la forme habituelle de la proclamation, tout en signalant que ses auteurs n’avaient pu la faire – bien qu'ils l’eussent faite et bien faite si les circonstances s’y étaient prêtées.

En réalité, ce n’était pas l’Allemagne ; c’était encore plus loin et, je crois bien, plus froid en hiver : c’était la Pologne. Pourtant, on n’affirma jamais à ce moment : « Rifca et Gustave ont disparu » (et encore moins : « ils sont disparus »). Même si leur silence durait, il n’indiquait pas une perte définitive. Plutôt que disparus, ils étaient absents et on espérait encore leur retour. « Absent » est alors un terme du vocabulaire bureaucratique qualifiant les gens qui n’ont plus donné signe de vie, et dont il est impossible de savoir si, en vie, ils le sont ou non. Dora pouvait imaginer que ses parents, à l’instar de Zysman Wenig, un autre déporté (qui s’en souvint lors d’une interview télévisée réalisée en 2013), lui disaient de loin : « Quand tu ne t’y attendras pas, nous rentrerons à la maison ».

Quelques années avant ma découverte du faire-part, ma mère me raconte une promenade qui eut des allures d’équipée à travers Paris… C’est un souvenir de juin 1940. Avec sa cousine Renée, qui a quinze ans (ma mère en a dix-sept), elles sont curieuses des uniformes vert-de-gris qui ont tout juste investi la chaussée et qui défilent le midi sur les champs Elysées ou la rue de Rivoli, en rangs serrés, au pas cadencé. Les soldats de la Wehrmacht ont troqué leurs fusils pour des tambours et des trompettes afin que les vaincus fassent contre mauvaise fortune bon cœur et, s’il se peut, tiennent leurs ennemis pour des visiteurs somme toute acceptables. Puis, sans rien ajouter à ce récit, ma mère saute par dessus la défaite et l’Occupation pour évoquer une autre scène qui se passe cinq ans plus tard, après la Libération, probablement au début de 1945, et qu’elle m’a déjà confiée. Alors qu’elle est employée comme sténodactylo dans un service des Ponts et chaussées du département de la Seine, elle a été conviée à un repas festif que l’une de ses collègues a organisé pour une heureuse nouvelle qu’elle veut partager. Pendant le déjeuner on sert un peu de vin blanc, puis, au dessert, de cet alcool nommé Noyau de Poissy. Or ma mère ne supporte pas l’alcool (pourquoi le nom de ce spiritueux, qu’elle n’a dû ingurgiter qu’une fois dans sa vie, est-il resté si présent dans sa mémoire, puisqu’elle le cite chaque fois qu’elle reprend son récit?). C’est ce qui s’appelle « avoir le vin triste » ; et le résultat de son imprudence ne se fait pas attendre. Dès la fin du repas, sa pensée se trouble, elle courbe la tête, ses yeux s’embuent et, malgré ses efforts pour ne rien laisser paraître, elle verse, m’avoue-t-elle « toutes les larmes de son corps ». Autour d’elle, on parle de choses et d’autres ; on rit sans trop savoir pourquoi ; on savoure la ville débarrassée des anciennes menaces… Mais peu à peu, tout s’arrête car, en retrait de l’assemblée, il y a cette jeune femme en pleurs. Et c’est elle, c’est Dora. Sur sa chaise, esseulée, perdue parmi les gens, elle ne demande rien, elle ne se plaint de rien, mais elle est secouée des sanglots qu’elle n’a pas la force de réprimer (à l’instant, je pense au poème de Maurice Rollinat qu’elle aimait dire avec moi lorsque je dus l’apprendre à l’école, « La biche brame au clair de lune / et pleure à se fondre les yeux/ Son petit faon délicieux / a disparu dans la nuit brune…, et j’entends encore, j’entendrai toujours le son de sa voix déroulant ces quatre vers…). On s’inquiète, on s’approche, on lui tient la main en proférant ces banalités qui n’ont jamais consolé les âmes blessées - mais quoi faire ? Et comme personne ne parvient à endiguer ce désespoir qui déchire la joyeuse rumeur de la matinée, après quelques minutes d’hésitation, on alerte par téléphone le jeune homme dont Dora partage désormais la vie. Celui-ci arrive sans tarder à la rescousse et récupère sa protégée, ses affaires et ses larmes, alors que faiblissaient les éclats de la fête. Et je les imagine, au retour, ma mère et mon père, tous les deux, assis côte à côte au bord du lit, silencieux, jusqu’à ce que cesse l’effet de l’alcool, dans le petit appartement de la rue de Clignancourt, dans cette chambre que je connais bien, le parquet ciré, une cheminée ornée de marbre strié et une belle fenêtre sur cour…

Lorsque ma mère me raconte cette histoire (on raconte pour transmettre, n’est-ce pas ? Et ce qui est transmis est sauvé…), vers ses quatre vingt ans, elle adopte le ton qui lui est habituel, avec assez de distance et une pointe enjouée. Elle précise qu’elle-même ignorait la raison de ses larmes, et que là réside sans doute l’amusant (oui, l’amusant) de la scène. Mais elle ajoute, avec un petit sourire de défense, et sans réaliser qu’elle dément ainsi son observation précédente : « ça devait être à cause… de mes malheurs ». Ainsi inscrit-elle l’anecdote dans le contexte de la guerre à peine éteinte et qui finit d’éparpiller ses cendres sur le monde. C’était peut-être janvier, ou mars, ou avril de 1945… Les camps nazis étaient peu à peu découverts par les Russes et les Américains, qui en rapportaient des images terrifiantes… Je m’aperçois que les absents ne sont jamais autant présents que dans les occasions où l’on s’attendrait à les oublier un peu… Et je comprends cette spéciale, subtilement énigmatique, parole de ma mère. Il s’agit bien de cela, de ses « malheurs » ; il s’agit bien de son chagrin ; et j’y pense parce que je ne cesse de me demander comment elle y pense. Durant mon enfance, je ne sais rien, je n’aperçois rien - comment le pourrais-je ? - de son décor évanoui, les gens, les rues, le pavé, les façades pompeuses ou modestes, les boutiques riches ou pauvres, les coins et les recoins du quartier… Toutefois, il y a ce fil ténu mais solide : qu’imaginait-elle quand elle ne nous couvrait plus de ses attentions, mon frère et moi ? Aujourd’hui, je ne sais toujours pas comment elle entretenait le souvenir de ses parents jetés hors de chez eux un triste lundi, au petit matin, le 13 décembre 1943 ; et l’image de Rifca, di sheyneh Rivka, la belle Rifca, poussée au dehors, marchant dans la rue sans rien regarder, pâle et glacée de stupeur et d’angoisse, traînant un maigre bagage entre les deux policiers venus la capturer - ces fonctionnaires pas si méchants qui, l’été suivant, vers la fin d’août 1944, accrocheront peut-être une croix de Lorraine au revers de leur veste, en signe de loyauté envers la République renaissante…

Après l’épisode des larmes, plus rien de ce genre n’advint, semble-t-il. Il y eut des affaires à régler, des administrations et des fonctionnaires à requérir pour obtenir des pièces officielles, précédées de formules étranges et sinistres. Le 20 octobre 1949, la direction du contentieux de l’état civil et des recherches du ministère des Anciens Combattants et victimes de guerre a transmis un « acte de disparition » concernant Bucsbaum Ghidali. Le 19 décembre 1949, le même document, de la même provenance, a concerné Bucsbaum née Sahna Sema Rifca. Le 17 mars 1950, un jugement du Tribunal Civil de la Seine a « dit et déclaré » que Ghidali Bucsbaum est « décédé à Drancy » le 17 décembre 1943 (jour du départ du 63e convoi à destination d’Auschwitz), idem pour son épouse Sema Rifca Sahna. En janvier 1954, pour Rifca et Gustave, a été attribuée, après demande en bonne et due forme, une « carte de déporté politique », laquelle carte indique qu’elle est « délivrée à un « ayant cause »… À la fin des années 1950, le Bureau des spoliations immobilières du Fonds Social Juif Unifié, qui avait passé des accords avec le gouvernement fédéral allemand, suite à une loi du 19 juillet 1957, dirigea les procédures en vue d’indemniser les personnes dépossédées de leurs biens « en France sous l’occupation, pour des raisons religieuses, raciales ou politiques ». C’est le moment du Sacré Cœur, du funiculaire de Montmartre, de la station Anvers ; et j’entends souvent parler du effessejihu.

Il y eut par ailleurs les soucis du quotidien, les contingences à assumer, au jour le jour, de la ville à Paris et de la campagne à Bures-sur-Yvette. Les semaines et les dimanches, les hivers et les étés, se succédant, dessinèrent un ordre vital qui, après tout, en valait un autre. Ma mère n’offrit jamais un visage sombre ; on ne surprit jamais d’amertume dans son regard, ni d’acrimonie dans ses paroles : elle fut toujours pleine d’alacrité, étreignant avec plaisir cette vie nouvelle, la sienne et la nôtre, que n’avaient pu lui dérober les puissances de la haine avec pignon sur rue. En juin 2000, un peu avant l’époque où elle m’avait fait ce récit, elle partit rendre visite à son cousin Sanford Schane, aux Etats-Unis, à San Diego. Elle avait déjà effectué ce voyage - dans le sens inverse des américains de sa famille. Je la conduisis à l’aéroport, où elle embarqua sans prêter attention à mon geste d’au-revoir. Là bas, dès sa descente d’avion, elle souhaita faire une promenade sur la plage californienne. Ensuite de cela, elle m’envoya un e-mail que j’ai lu en me souvenant du Sweet home Chicago de Robert Johnson ( Oh baby, don’t you want to go ?/ Back to the land of California / To my sweet home Chicago…) et en pensant qu’aucune musique n’a célébré mieux que le blues les délices du retour à la maison. Toute l’Amérique, enfin, lui tendait les bras, à elle et… à ses parents, j’en suis sûr. Le message, lapidaire, en était ainsi rédigé : « la vie est belle ! »…

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