Juste une fable n° 7
Trope n° 4
Corbeau et Renard
Le monde, le monde n’est pas trop confus pour une fable !
L’enfant que j’aime y prend goût
Et devient part de mon regard.
Le vent souffle sur la mer une voile
Que je suis de mes yeux attentifs.
L’enfant me demande de lui dire
Le Corbeau et le Renard.
- Vraiment ?
- Oui, vraiment !
- Reviens demain, lui dis-je, reviens demain,
Lorsque j’y aurai bien pensé.
- Maître Renard, de bon matin...
L’enfant m’interrompt vivement :
- Mais non, mais pas du tout,
Ce n’est pas comme ça que ça commence, voyons !
- Enfant de mon coeur,
Gentil compagnon de mon imagination,
Ne me tyrannise pas !
C’est moi qui raconte,
Et j’y ai pensé tout hier.
Maître Renard sur un talus perché
Tenait en sa gueule un coquelet.
Maître Corbeau par les cris attiré,
Lui tint à peu près ce langage.
Hé, bonjour, Monsieur du Renard !
Que vous me semblez beau !
Quel poil éblouissant recouvre votre peau !
Et quel panache brille à votre longue queue !
Sans mentir, si votre esprit présente autant de flamme,
Vous êtes le phénix des hôtes de ce bois !
Le renard connaît bien l’histoire.
Ne croyez pas qu’il va craquer !
Il ajuste ses crocs, mord bien le volatile,
Et dans sa tête il se met à jurer :
« Bougre de flatteur vil,
Noir oiseau de malheur infantile,
Tu me prends donc vraiment pour un triste imbécile !
Tes propos sont aussi éculés que ton croassement est laid !
Ta stupidité m’écoeure !
Comment vas-tu t’imaginer
Que je tombe dans un piège aussi peu subtil ! »
Helio Milner : né en 1955, vit loin de Paris, profession changeante. A publié des textes dans diverses revues.