Juste un poème n° 6
Thrène
Jusqu’au noir d’où / La source s’entrevoit
S. Beckett, Paroles et musique
Toute lumière enfin éteinte repose
Pauvre corps désert. Comme tu sembles loin
Comme les mains amies désespèrent seules
De t’atteindre ! Au matin froid pourtant – les merles
27 mars 2011
Prolonger l’avoir-été, affirmer être
Avec ses yeux d’un au-delà, ses musiques,
Le dernier déjà las Bashung, et les mots
Contenus, les débordants, les mécaniques…
Des mots ne servent qu’à consentir aux larmes
Qui les encombrent, les dépassent, s’avalent
Dans leur propre origine à quoi pousse et urge
Le profond vivant désir de n’être pas
La lanterne folle de Félix Beaujour
S’élève dans la croisée, en pyramide
De chagrin parmi les ailantes, les lierres
Comme un cri. Sous le ciel les partants se courbent
Nous les partants, les passants, les promeneurs
4 avril 2011
– Ils ont vidé la maison. Indélébile
La trace d’un appareil ménager sombre.
L’odeur de cigarette à peine. Dans l’air
Asséché pas un geste. – À qui manque-t-il
Bien plus tard, trop, dans un film une pâle ombre
Passante et monstrueuse de son malheur :
Il ne faut pas aimer, il ne faut que perdre
Tombe d’avoir trop retenu son effroi