Séminaire de P. Hochart et P. Pachet : Enchantement politique ?
Compte-rendu de la séance du 30 mai 2014
Cette conférence – Politik als Beruf – fut prononcée le 28 janvier 1919, à Munich, devant une association d’étudiant, soit hors les murs de l’université et non point ex cathedra ; après avoir décliné l’invitation en arguant qu’il était la dernière personne à pouvoir parler de la profession d’homme politique et en suggérant à sa place le nom de Friedrich Naumann, il ne s’y résolut, semble-t-il, que pour ne point laisser le champ libre à Kurt Eisner[1]. Or F. Naumann n’est autre que le fondateur du Parti démocratique allemand auquel Weber s’associa et sous la bannière duquel il songea à être candidat au Reichstag en 1918 ; aussi n’y a-t-il guère de doute que son refus premier n’ait eu trait à cet épisode et que le propos de la conférence ne porte quelques traces des déconvenues personnelles et récentes[2] de l’auteur sur le terrain de la politique active[3]. Quelle que soit donc la hauteur de vue[4] dont il se réclame et qui le tient quitte d’avoir à prendre parti sur les questions à l’ordre du jour, puisque la préoccupation de la politique à mener n’a rien à faire avec la question de savoir en général ce qu’il en est de la Politik als Beruf (p. 117)[5], il reste que son propos s’inscrit dans des circonstances tragiques, celles de la défaite et de la « révolution »[6].
« Passons donc à la chose même (damit zur Sache) » (p. 117). L’importance décisive de la « cause » (Sache) à laquelle se dévouer[7] – première qualité requise du véritable homme politique[8] –, pour échapper à la domination de « politiciens sans vocation (Berufspolitiker ohne Beruf) » et à une « démocratie sans chef (führerlose Demokratie) » (p. 180), implique que le portrait de l’homme politique ou de l’homme d’Etat brossé par Weber trouve dans le prophète sinon sa figure exemplaire – car ce n’est pas proprement un homme politique[9] –, du moins un de ses modèles[10], alors même que la conférence sur la science – Wissenschaft als Beruf – semblait signifier « l’état de chose décisif : le prophète que tant de membres de notre jeune génération réclament n’existe précisément pas » et notre « destin est de vivre dans une époque étrangère aux dieux et dépourvue de prophètes » (p. 105) ; absence à laquelle ne sauraient remédier les « prophètes de la chaire », « stipendiés par l’Etat » (ibid.), sauf à créer « des sectes de fanatiques, mais jamais une communauté authentique » (p. 109). C’est que le prophète met sur la voie de ce qui est le fil conducteur de la conférence, à savoir la légitimité « charismatique » de la domination, qui seule donne son plein sens à la notion de Beruf[11]; aussi le prophète est-il cité en premier pour illustrer le phénomène (p. 120, 121) et souligner la dimension plus personnelle que statutaire de la politique[12].
Aussi bien, des deux autres types de légitimité, l’un – celui de la tradition et des mœurs (Sitte) – est tenu pour caduc comme si le « désenchantement du monde » (p. 83) en avait fait litière et l’avait réduit à une pure et simple routinisation[13] ; quant à l’autre , celui des règles légales rationnellement produites (p. 120), s’il règne bien sur le monde moderne, c’est sur le mode d’une bureaucratie exécutante, mode qui a sa grandeur et sa vocation propres, mais qui ne laisse pas d’être impolitique, irresponsable et impropre à la lutte[14]. Or la lutte pour le pouvoir[15], qui est l’élément même de l’homme politique (p. 150), et la responsabilité spécifique qui lui est inhérente sont constitutives de l’action politique, en tant que mode de domination (Herrschaft) – archè et non pas anarchie[16] – ou « activité dirigeante autonome »[17], disposant du « monopole de la violence physique légitime » (p. 118) qui accrédite l’Etat comme garant du droit en général, puisque toute autre instance ne saurait user de contrainte (Zwang)[18] que sous son autorisation[19] ; aussi l’Etat – et donc la politique – ne saurait être défini par sa finalité – il peut avoir toutes les finalités possibles et aucune spécifiquement –, mais par son « moyen spécifique », la violence légitime, un moyen qui ne peut lui manquer et dont il est seul à disposer pleinement.
Aussi la question de l’éthique propre à l’homme politique[20] – soit la question de savoir « quel genre d’homme faut-il être pour se permettre de poser la main dans les rayons de la roue de l’histoire » (p. 182) et pour éprouver un sentiment de puissance (Machtgefühl) (id.) sans succomber à sa griserie, sans devenir un « politicien simplement avide de la puissance (Machtpolitiker) »[21], ni se livrer au « cynisme désabusé (Blasierheit) » d’une politique de puissance (Machtpolitik) éprise de posture (Geste) plus que de réalité (p. 184-85) – doit-elle tenir compte du fait qu’il opère avec « un moyen très spécifique : la puissance, derrière laquelle se tient la violence » (p. 189)[22] et qu’à ce titre, s’il peut espérer « être à la hauteur de cette puissance et donc[23] de la responsabilité qu’elle fait peser sur lui » (p. 182), c’est en conjuguant (p. 204) le dévouement à une cause et un sens d’autant plus aigu de la responsabilité que pour une large part les conséquences dont il lui faut répondre lui échappent (p. 193).
[1] Cf. les indications de C. Colliot-Thélène dans Le savant et le politique, Paris, 2003, p. 113-114. Aussi bien peut-on relever quelques traits qui témoignent du peu d’estime qu’il portait à Eisner, alors ministre-président d’une éphémère « République socialiste de Bavière » : « Cette situation prit fin avec sa mort [celle de Bebel en 1913], et ce fut le début de la domination des fonctionnaires » (p. 178) ; la discussion sur la responsabilité de l’Allemagne dans la guerre n’est sans doute pas sans viser Eisner, qui avait fait publier des documents chargeant le gouvernement impérial (p. 187-88 et les notes).
[2] En 1917, dans la série d’articles réunis sous le titre Parlement et gouvernement dans l’Allemagne réorganisée. Contribution à la critique politique du corps des fonctionnaires et du système des partis, il se présente en ces termes : « L’auteur […] n’est pas un homme politique actif et n’a pas l’intention de le devenir » (in Œuvres politiques, Paris, 2004, p. 311).
[3] Ainsi p. 178 : « Les partis devaient certes à l’occasion attirer des intellectuels sans parti pour des raisons de propagande, afin de pouvoir dire : “Nous avons à notre côté telle ou telle personnalité”. Ils évitaient autant que possible de les laisser se présenter aux élections… » ; ainsi encore p. 181-82 sur le fonctionnaire de parti et le journaliste tenus « l’un pour “écrivain à gages”, l’autre pour “orateur à gages” : « Quiconque est intérieurement sans défense (wehrlos) contre cette situation et n’est pas capable de se donner à lui-même la réponse qui convient, qu’il reste à l’écart de cette carrière qui, dans tous les cas, outre qu’elle l’expose à des tentations pénibles, est une voie qui peut lui apporter des déceptions continuelles ».
[4] Hauteur de vue qui est différente mais qui n’est pas étrangère au « coup d’œil (Augenmass) » du véritable homme politique, prenant la mesure d’une situation, et à la « distance » qu’il doit savoir ménager « à l’égard des choses et des hommes » - avant tout « à l’égard de soi-même » - et qu’il doit conjuguer avec le dévouement à la cause et le sentiment de responsabilité (p. 182-83).
[5] Encore qu’il ne laisse pas de prendre parti tant sur l’élection du président du Reich au suffrage universel (p. 181 : « Le seul exutoire (Ventil) permettant de répondre au besoin d’un chef pourrait être le président du Reich, s’il était élu par plébiscite et non par le Parlement » ; cf. « Le président du Reich », 25/02/19, in Œuvres politiques, p. 503-507) que sur la question de la responsabilité de l’Allemagne (p. 187-88).
[6] Tant la Révolution de 1917 (p. 126), à laquelle Weber porta assez d’intérêt pour apprendre le russe, que les divers mouvements insurrectionnels qui agitent l’Allemagne surtout depuis novembre 1918 : « Aujourd’hui, par suite des bouleversements violents que l’on nomme de façon convenue révolution (den man Revolution zu nennen pflegt), une transformation (Umwandlung) est peut-être en cours. Peut-être – mais ce n’est pas sûr » (p. 178-79) ; « …cette attitude intérieure que mon défunt ami Georg Simmel avait coutume de qualifier d’“excitation stérile” et qui est le propre d’un certain type d’intellectuels russes (non pas de tous !), attitude qui joue maintenant un rôle si important chez nos intellectuels également, dans ce carnaval que l’on décore du fier nom d’une “Révolution” : un “goût romantique de l’intérêt intellectuel”, fonctionnant à vide, sans aucun sentiment de responsabilité envers une cause (ohne alles sachliche Verantwortungsgefühl) » (p. 182-83) [A qui pense Weber dans sa parenthèse restrictive ? En tout cas, pas à Trotski, si l’on en croit l’article « Le socialisme » où à propos de Brest-Litovsk, il soutient que « les négociations ont été menées du côté allemand avec la plus grande des loyautés, dans l’espoir de parvenir à une paix réelle avec ces gens », à dessein de laisser se dérouler cette expérience de la dictature du prolétariat, soit en tablant sur son échec rapide et éclatant, soit en attendant sa réussite pour se convertir au socialisme, tandis que « celui qui a empêché cela, c’est monsieur Trotski, qui ne voulait pas se contenter de faire cette expérience chez lui en espérant que sa réussite signifierait une propagande sans précédent pour le socialisme dans le monde entier, mais qui, avec cette vanité typique des littérateurs russes, voulait encore plus et espérait déclencher la guerre civile en Allemagne grâce à des joutes oratoires et à l’abus de mots tels que “paix” et “autodétermination” » (Œuvres politiques, p. 487)]; « …ceux d’entre vous qui se sentent aujourd’hui d’authentiques “hommes politiques de conviction” et qui participent à la griserie (an dem Rausch) que représente (bedeutet) cette révolution… » (p. 205).
[7] « Lui-même [le prophète, le chef de guerre, le très grand démagogue] vit pour sa cause, il “aspire à son œuvre”, s’il est plus qu’un petit parvenu vaniteux et opportuniste » (p. 122).
[8] « On peut dire que trois qualités sont avant tout décisives pour l’homme politique : la passion, le sentiment de responsabilité et le coup d’œil (Augenmass). La passion au sens de l’attachement à une cause (im Sinn von Sachlichkeit) : dévouement (Hingabe) passionné à une “cause”, au dieu ou au démon qui la prescrit » (p. 182). A cet égard, si Weber fait preuve d’un pessimisme anthropologique issu de Machiavel à travers Fichte (p. 193 : « Le partisan de l’éthique de la responsabilité compte au contraire avec ces défauts statistiquement constatés des hommes »), pourquoi ce pessimisme serait-il un fiacre (cf. p. 189-90, p. 137) qui s’arrêterait devant le chef politique, sans se soucier de savoir si c’est un dieu ou un démon qui lui prescrit sa « cause » ? Sans doute Weber ne saurait-il se prononcer sur les fins dernières et « les conceptions du monde ultimes entre lesquelles il faut en définitive choisir » (p. 186), mais, quoi qu’il en soit de la pluralité des éthiques et de l’impertinence qu’il y a à prétendre uniformiser l’existence (p. 189, 197), la question décisive est celle des moyens utilisés et si, selon la formule de Trotski, « tout Etat est fondé sur la violence », il n’est « naturellement » pas question (davon ist keine Rede) que la violence soit « le moyen normal ou l’unique moyen de l’Etat » (p. 118), si bien que, de façon délibérée, le propos de la conférence ne traite pas des « organisations de la violence » comme le bolchevisme (p. 158 : « Cependant nous ne nous occupons pas ici de telles organisations de la violence, mais des hommes politiques de profession qui tentent de parvenir au pouvoir par le biais d’un recrutement prosaïque et “pacifique” effectué par le parti sur le marché des suffrages ») ; aussi ne s’attarde-t-il guère sur le destin évanescent (verschwindend) du « couple de dictateurs de la rue », quelque estime qu’il porte à Karl Liebknecht et à Rosa Luxemburg » (p. 179 et note).
[9] Le judaïsme antique, Paris, 1970, p. 363 : « D’un point de vue formel, le prophète était strictement un citoyen privé » ; « Il ressort de tout cela que les prophètes, par leur manière d’agir, étaient objectivement des démagogues et des publicistes en matière de politique, plus particulièrement de politique extérieure ; mais subjectivement ils n’étaient inféodés à aucun parti. D’ailleurs la politique en elle-même ne les intéressait pas » (id., p. 367) ; « En tout cas nul prophète ne se fit le champion d’un idéal “démocratique”. A leurs yeux le peuple avait besoin d’être guidé et ce sont les qualités du guide qui importaient essentiellement » (id., p. 371).
[10] Car si « ce qui est propre à l’Occident et ce qui nous concerne de plus près, c’est le phénomène du chef politique (das politische Führertum) dans la figure d’abord du “démagogue” libre » (p. 122), devenu « le type de l’homme politique dirigeant en Occident » (p. 151), ce qui est propre au judaïsme préexilique, c’est le développement de « la libre prophétie » (JA, p. 360) – sans autre détermination ni contrainte que celles de sa « cause » (id., p. 383) – , pour autant que « c’est ici que le “démagogue” apparaît pour la première fois dans les annales de l’histoire, à la même époque où les chants homériques mettent en relief la figure de Thersyte » (id., p. 361) ; cf. à cet égard le témoignage de Marianne Weber cité par C. Colliot-Thélène (p. 14).
[11] « Nous intéresse ici avant tout le deuxième de ces types : la domination qui repose (kraft) sur le dévouement (Hingabe) de ceux qui obéissent au “charisme” purement personnel du “chef”. Car c’est ici que s’enracine l’idée de vocation (Beruf) dans sa plus haute prégnance », dès lors que « le dévouement au charisme du prophète, du chef durant la guerre ou du tout grand démagogue à l’Ecclésia ou au Parlement signifie bien que celui-ci vaut personnellement comme le conducteur (Leiter) intérieurement “appelé (berufen)” et que ceux-ci se soumettent à lui non pas en vertu des mœurs (kraft Sitte) ou des statuts, mais parce qu’ils croient en lui » (p. 121) : cf. p. 122 : « …ces hommes politiques par “vocation” (kraft “Berufes”) au sens le plus propre du terme… ».
[12] Comme en témoigne la récurrence du terme qui revient à sept reprises dans les pages 120-22 pour qualifier la légitimité charismatique : « Ensuite l’autorité de la grâce personnelle, extra-quotidienne (charisme), le dévouement tout personnel et la confiance personnelle dans les révélations, l’héroïsme ou d’autres qualités propres aux chefs (Führereigenschaften) qu’un individu se trouve posséder » (p. 120) ; cf. p. 163 : « Sur le plan idéel, l’un des éléments moteurs (eine der Triebfedern) est la satisfaction de travailler pour un homme en se dévouant à lui dans un acte de foi personnel, et non pour le programme abstrait d’un parti constitué de médiocrités » ; cf. encore p. 164 : « …et le travail pour un chef est en soi intérieurement plus satisfaisant » .
[13] Encore évidemment qu’il ne laisse pas de faire sentir sa force d’inertie et de se manifester dans le ressentiment des notables « contre le démagogue en tant qu’homo novus » (p. 164) comme dans « l’hostilité parfaitement petite-bourgeoise de tous les partis, y compris avant tout de la social-démocratie, à l’encontre des chefs (Führerfeindschaft) » (p. 181).
[14] « Le fonctionnaire authentique - c’est un point décisif pour juger de notre régime politique antérieur , selon sa vocation propre, ne doit pas faire de politique, mais il doit “administrer”, avant tout de façon non partisane, ce qui vaut aussi pour les fonctionnaires administratifs que l’on dit “politiques”, officiellement du moins, aussi longtemps que la “raison d’Etat”, soit que les intérêts vitaux de l’ordre régnant ne sont pas en question. Le fonctionnaire doit exercer sa fonction sine ira et studio, “sans colère et sans prévention”. Il ne doit justement pas faire ce que l’homme politique, le chef aussi bien que ses partisans, doit toujours et nécessairement faire, à savoir combattre (kämpfen). Car prise de parti, combat, passion - ira et studium - sont l’élément dans lequel se meut l’homme politique, et avant tout, le chef politique. L’action (Handeln) de celui-ci est ordonnée à un principe de responsabilité tout autre, tout à fait opposé à la responsabilité du fonctionnaire. L’honneur du fonctionnaire consiste, quand les autorités (Behörde) qui sont au-dessus de lui s’obstinent, malgré ses représentations, à lui ordonner quelque chose qui lui paraît erroné, dans sa capacité à exécuter cet ordre, sous la responsabilité de celui qui le donne, scrupuleusement et exactement comme s’il correspondait à sa propre conviction ; sans cette discipline morale (sittliche) au plus haut sens du mot et cette abnégation (Selbstverleugnung, ce déni de soi) tout l’appareil s’effondrerait ; l’honneur du chef politique, donc de l’homme d’Etat dirigeant, consiste au contraire précisément à assumer la responsabilité personnelle (Eigenverantwortung) exclusive pour ce qu’il fait, responsabilité qu’il ne peut ni ne doit refuser oui rejeter sur un autre. Des natures de fonctionnaires moralement accomplis (sittlich hochstehende Beamtennaturen) sont justement de mauvais hommes politiques, avant tout incapables de responsabilité (verantwortungslose), si l’on entend ce concept en son acception politique, et en ce sens des hommes politiques moralement inférieurs (sittlich tiefstehende Politiker) » (p. 150-51 ; cf. Parlement et gouvernement…, in Œuvres politiques, p. 338-39 et p. 385).
[15] « La “politique” signifierait donc pour nous : l’aspiration à participer au pouvoir (Streben nach Machtanteil) ou à influer sur sa répartition […] Quiconque fait de la politique aspire au pouvoir : soit comme moyen au service d’autres buts (idéaux ou égoïstes), soit pour le pouvoir lui-même, pour jouir du sentiment de prestige qu’il donne » (p. 119).
[16] « S’il n’existait que des formations sociales auxquelles le moyen de la violence (die Gewaltsamkeit als Mittel) serait inconnu, alors la notion d’ “Etat” aurait disparu, alors aurait lieu ce qui serait désigné au sens déterminé du mot comme “anarchie” » (p. 118).
[17] Art selbständig leitender Tätigkeit (p. 117), soit activité qui procède kuriôs, qui décide souverainement, sans instance qui la couvre et sur quoi elle puisse se décharger.
[20] Etant donné qu’on ne saurait soutenir ni qu’éthique et politique « n’aient rien à faire l’une avec l’autre », ni que « “la même” éthique vaille pour l’action politique comme pour toute autre action » (p. 188-89), mais qu’il importe en la matière d’être sensible au pluralisme : « Est-il bien vrai que quelque éthique au monde puisse formuler des commandements de contenu identique pour les relations érotiques et commerciales, familiales et officielles, pour les relations que l’on entretient avec sa femme, sa marchande de légumes, son fils, son concurrent, son ami, celui qu’on accuse ? » (p. 189).