Saynète n° 126

 

A l’occasion d’un week-end « communautaire juif », j’anime un atelier d’écriture. Avant le déjeuner, les participants procèdent au kiddouch autour de la table. En face de moi, un quarantenaire élégant, le visage coiffé d’une kippa bleue, lève les mains vers le ciel. La sérénité profonde de son visage m’inspire une révélation – qui s’apparente à une jalousie comme cela doit être agréable, confortable, de « sentir » à tout instant le Très-Haut veiller sur soi, se consacrer à vous. Je songe au voile islamique, aux perruques ultra-orthodoxes, aux crucifix d’or, à l’idée de Dieu : ce qui m’écrase, m’épuise, m’empêche de vivre et me pousse vers l’hyper-génital (à rebours du spirituel), c’est bien le sentiment d’abandon, de solitude face au destin, cette liberté accablante qui confine au néant. Or l’individu escorté par Dieu n’est jamais seul. Du moins dispose-t-il à tout instant d’un protocole à suivre, de règles à respecter. Il peut s’enorgueillir de résister à la tentation et, en cas de faiblesse, s’en remettre à la prière. L’idée de Dieu est un ami absolu. Vivre sans cet ami réclame du courage. Une folle inventivité.

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Je fais lire à Bord Cadre mon fragment sur Dieu. Réponse très freudienne : L’idée de Dieu est surtout l’illusion d’un ami absolu. Mais je ne crois pas que Dieu apporte la sérénité aux croyants, malheureusement .

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Juliette Ciboulette : « Quand j’ai dit à mon père que je ne croyais plus en Dieu, il m’a répondu : tu veux en parler à un prêtre ? ».

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Le communiste : « Et d’abord Dieu n’existe pas, puisqu’on ne l’a jamais vu ».

Le chanoine : « Mon cul non plus tu ne l’as jamais vu, et pourtant il existe.

Arthur Dreyfus, Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui , Paris, POL, 2021

 

06/11/2021

 

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