Exergue n° 54

 

 

“Prudence”

Nous attirons l’attention des visiteurs sur le fort contraste entre la lumière extérieure dès l’entrée du monument et l’obscurité.

Un temps d’adaptation est nécessaire pour la vue. Merci de votre compréhension.

 
 


Hélène Merlin-Kajman

17/11/2012

 

Le texte figure sur une affichette accrochée à l’entrée des souterrains de Provins. Il est difficile de traduire son caractère burlesque, sauf à souligner qu’il est loin, quant à lui, de faire toute la clarté sur le danger qui guette le visiteur, celui, on le devine, d’un passage sans transition de la lumière la plus vive aux ténèbres les plus noires. Avec ses minuscules incohérences logiques (pourquoi les guillemets qui entourent le mot « prudence » ? que désigne au juste « dès l’entrée du monument » ? que vise la « compréhension » dont on remercie par avance le visiteur ? qui veut-on protéger, au juste ?), l’avertissement présente aussi une dimension involontairement fantastique.

Quelles terreurs infernales, quelles catastrophes, avec sa maladresse, nous rappelle-t-il ? - Je songe, irrésistiblement, à un curieux proverbe plusieurs fois cité dans le dictionnaire de Furetière : « C’est le ventre de ma mère, je n’y retourne plus, se dit d’une chose qu’on se repent d’avoir faite ».

Mais j’imagine que, peu à peu, les yeux s’habituant, les souterrains de Provins sont pleins de merveilles qu’il vaut le coup d’avoir vues...