Exergue n° 109
« V. 65. Nous sommes tous d’Athène en ce point...
Est une transition très heureuse. Et quand La Fontaine ajoute qu’il s’amuserait du conte de Peau d’âne, il peint les effets de son caractère. Il eut la constance d’aller voir, trois semaines de suite, un charlatan qui devait couper la tête à son coq, et la lui remettre sur le champ. Il est vrai qu’il trouvait toujours des prétextes pour différer jusqu’au lendemain. On avertit La Fontaine que le lendemain n’arriverait pas. Il en fut d’une surprise extrême. »
Nicolas Chamfort, « Notes sur les Fables de La Fontaine »,
dans Oeuvres complètes, Volume I, Editions du Sandre, 2009, p. 177.
Hélène Merlin-Kajman
22/02/2014
« Le Pouvoir des fables », Livre VIII, fable 4. Athènes. La patrie est en danger. Un orateur très éloquent essaie de capter l’attention du peuple. En vain. Il se lance alors dans une fable : « Cérès, commença-t-il, faisait voyage un jour / Avec l’Anguille et l’Hirondelle : / Un fleuve les arrête ; et l’Anguille en nageant, / Comme l’Hirondelle en volant, / Le traversa bientôt. L’assemblée à l’instant / Cria tout d’une voix : Et Cérès, que fit-elle ? »
Vous devinez la suite : « l’animal aux têtes frivoles » est pris. Il écoute. Je crois qu’il délibérera.
(J’aime imaginer La Fontaine, avec sa grande perruque, curieux de voir un coq décapité immédiatement ressuscité, pris du désir irrépressible que le transir se parcoure en tout sens,
Prêt à perdre la tête,
A oublier roi, cour, magistrats, prélats, financiers,
Et cela, résolûment - pour, le moment suivant, se redonner entier au monde, à l’orateur, à la patrie en danger, à la vérité, à l’indignation...)
(Un coq ! rien qu’un moment d’espoir autour d’un coq !....)