Exergue n° 127
« Est-ce une chanson gaie ? Est-ce une chanson triste ?
Malin qui le dira...
C’est elle que j’entends tout le long de la piste,
Talaloum fadara,
la piste que je suis depuis l’heure où j’existe
dans le refuge étroit
de mon corps où se noue à l’ampoule exorciste
l’ombre blême du roi. [...]
Ne sèche pas, chanson, même si tu fatigues
du fond du temps d’avant
l’enfant qui répondait au laitage des figues
comme aux courbes du vent.
Ne sèche pas, chanson !... De toi seule s’élance
au-delà de l’été
l’immodéré rameau qui suspend le silence
de la totalité. »
Jacques Audiberti, « Une station oubliée », XIII,
Ange aux entrailles, Paris, Gallimard, 1995, pp. 131-132.
Hélène Merlin-Kajman
28/06/2014
J’aime ce rituel de l’été, ce pont que je jette, ce rendez-vous que je prends avec vous, avec nous aussi.
Je nous élance ! Je nous élance immodérément (nous avons tant à faire ensemble...).
Je vous adresse le laitage des figues, la chaleur qui tremble et les matins frais
Et ces courbes du vent,
Et puis surtout, surtout ! ce rameau-poète au-delà de l’été.