Adage n°42.1.

 

Envie passe avarice.

 
 

Hélène Merlin-Kajman

16/07/2022

Mais l’avare de Molière ? Son avarice est plus forte que toute envie.

L’adage est donc faux, sauf s’il nous fait entrevoir l’envie comme un vice et comprendre son étroite parenté avec l’avarice : l’avarice est la crainte d’être dépouillé, le besoin de se rassurer en accumulant sans dépenser ; l’envie, la certitude d’avoir été dépouillé de tout temps. En la seconde se forme la haine, plus forte que tout autre passion, qui met en mouvement celui qui l’éprouve pour anéantir autrui. L’avare se contente de se replier sur soi. L’envieux se compare sans cesse à tout autre pour l’accuser de l’avoir volé. Son énergie dépasse de loin celle de l’avaricieux.

Non, ça ne va pas.

C’est évident, l’adage est optimiste : il présume que l’envie, au sens du désir, est une protestation de vie qui limitera l’aspect mortifère, destructeur, de l’avarice.

(Mais alors, quelle est la finalité de son optimisme ? Sur quoi, ou sur qui, veut-il nous rassurer ? Ou de qui cherche-t-il à se moquer ? Bref, dans quelle situation peut-il nous aider ?)