Adage n°41.1.

 

Vieille amitié ne craint pas la rouille.

 
 

Hélène Merlin-Kajman

16/07/2022

Il y a des adages qui me visent comme une flèche pour s’accrocher, se ficher d’un coup dans ma chair et la mordre cruellement. L’entame est déjà là, ils ne font que trouver le chemin direct pour y pénétrer plus profondément.

Ainsi de cet adage qui me heurte de plein fouet.

Serais-je anormale ? La seule que l’amicale rouille consume ?

(Ces mêmes adages m’apparaissent comme des conjurations magiques inutiles, des choses qu’on se dit pour se bercer d’illusions, pour croire dans la simplicité du monde, l’évidence des lois morales, la fiabilité des expériences multiséculaires : un monde en place, une humanité stable, des psychologies prévisibles, celles des ami.e.s en tout cas... Hélas… Comme je voudrais que celui-ci me protège des tourments, des chagrins, des déceptions, du désespoir ; des doutes sur moi-même, sur autrui, sur l’ami, sur l’amie ! Sur le temps qui ronge tout, sur le changement et sur l’inanité des promesses, des espérances...).

– Arrête cette plainte, elle est sans fin. Heureusement pour toi, elle a grossi au même rythme que celui auquel tu as appris à supporter la rouille. C’est ta manière de défier l’adage : tu ne crains plus la rouille car tu as d’elle fait l’alliée mélancolique de ta mélancolie...